Statut des crèches de Noël dans l'espace public en France


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Le '''statut des crèches de Noël dans l'espace public en France''' suscite des polémiques et diverses décisions de justice contradictoires dans les années 2010 opposant une lecture littérale des [[laïcité en France|règles nationales relatives à la laïcité]] et les traditions locales au sujet de l'installation de [[crèche de Noël|crèches de Noël]] par des personnes publiques. Le flou amène le [[Conseil d'État (France)|Conseil d’État]] à se prononcer sur le fond en {{date-|novembre 2016}} en posant un principe d'interdiction et ses exceptions possibles.

Le '''statut des crèches de Noël dans l'espace public en France''' suscite des polémiques et diverses décisions de justice contradictoires dans les années {{date|2010}} opposant une lecture littérale des [[laïcité en France|règles nationales relatives à la laïcité]] et les traditions locales au sujet de l'installation de [[crèche de Noël|crèches de Noël]] par des personnes publiques. Le flou amène le [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]] à se prononcer sur le fond en {{date|novembre 2016}} en posant un principe d'interdiction et ses exceptions possibles.



== Chronologie ==

== Chronologie ==

[[Fichier:Flavigny-sur-Ozerain Crèche 2015 - 05.jpg|vignette|Crèche à [[Flavigny-sur-Ozerain]].]]

[[Fichier:Flavigny-sur-Ozerain Crèche 2015 - 05.jpg|vignette|Crèche à [[Flavigny-sur-Ozerain]].]]



Le litige a trait à la question de savoir si une crèche de la [[Nativité]], qui est une mise en scène de la naissance de [[Jésus de Nazareth|Jésus]] telle que la relatent les Evangiles, est en soi un signe ou un emblème religieux ou un signe culturel, et donc de la licéité de sa mise en place par la puissance publique et dans des espaces publics<ref name="Monde-CE"/>. La multiplication des litiges s’explique à la fois par un refus accru de la présence de tout signe religieux chrétien dans l’espace public, par les libres penseurs et par les autres religions, mais aussi par la multiplication de ces crèches par des personnes voulant rappeler le passé chrétien de la France<ref name="Fleury">[[Cynthia Fleury]], [http://www.france5.fr/emissions/c-dans-l-air/resume_290083 Philosophe, dans l’émission « C dans l’air » France 5 intitulée : « Zizanie autour de la crèche » le 24 décembre 2014]</ref>. Pour Nadine Cretin, historienne à l’[[École des hautes études en sciences sociales|EHESS]] la tradition de la crèche est plus culturelle que religieuse car elle est pratiquée au-delà des familles chrétiennes. {{Citation|C'est indéniablement une scène chrétienne puisqu'elle représente la naissance du Christ. Mais il est certain qu'elle a depuis longtemps dépassé la sphère religieuse. Il s'agit d'une tradition, d'un rite de la fin de l'année pour beaucoup de familles, chrétiennes ou non.}}<ref>{{lien web|url=http://www.lejdd.fr/Societe/Religion/Creches-de-Noel-La-creche-depasse-la-sphere-religieuse-707826 |titre="La crèche dépasse la sphère religieuse"|éditeur=lejdd.fr|auteur=Marie-Christine Tabet|date=21 décembre 2014|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>. Jusqu'aux années 2000, la mairie de [[Paris]], par exemple, présentait une crèche sur la place de l’hôtel de ville<ref>[[Michel Cool]], journaliste spécialiste du christianisme, dans l’émission « C dans l’air » France 5 intitulée : « Zizanie autour de la crèche » le 24 décembre 2014 {{lien web|url=http://www.france5.fr/emissions/c-dans-l-air/resume_290083 |éditeur=france5.fr |titre=Émission du 24 décembre 2014 }}</ref>.

Le litige a trait à la question de savoir si une crèche de la [[Nativité]], qui est une mise en scène de la naissance de [[Jésus de Nazareth|Jésus]] telle que la relatent les [[Évangile]]s, est en soi un signe ou un emblème religieux ou un signe culturel, et donc de la licéité de sa mise en place par la puissance publique et dans des espaces publics<ref name="Monde-CE"/>. La multiplication des litiges s'explique à la fois par un refus accru de la présence de tout signe religieux chrétien dans l'espace public, par les libres penseurs et par les autres religions, mais aussi par la multiplication de ces crèches par des personnes voulant rappeler le passé chrétien de la France<ref name="Fleury">[[Cynthia Fleury]], philosophe, dans {{lien archive|horodatage archive=20141227125114|url=http://www.france5.fr/emissions/c-dans-l-air/resume_290083 |titre=Zizanie autour de la crèche|série=[[C dans l'air]]|éditeur={{lnobr|France 5}}|date=24 décembre 2014|id=''C dans l'air''2014}}.</ref>. Pour Nadine Cretin, historienne à l'[[École des hautes études en sciences sociales|EHESS]], la tradition de la crèche est plus culturelle que religieuse car elle est pratiquée au-delà des familles chrétiennes. {{Citation|C'est indéniablement une scène chrétienne puisqu'elle représente la naissance du Christ. Mais il est certain qu'elle a depuis longtemps dépassé la sphère religieuse. Il s'agit d'une tradition, d'un rite de la fin de l'année pour beaucoup de familles, chrétiennes ou non.}}<ref>{{lien web|url=https://www.lejdd.fr/Societe/Creches-de-Noel-La-creche-depasse-la-sphere-religieuse-707826-3176072 |titre="La crèche dépasse la sphère religieuse"|périodique=[[Le Journal du dimanche]]|auteur=Marie-Christine Tabet|date=21 décembre 2014|consulté le=10 novembre 2016}}.</ref>. Jusqu'aux années {{date|2000}}, la [[mairie de Paris]], par exemple, présentait une crèche sur la [[Place de l'Hôtel-de-Ville - esplanade de la Libération|place de l'Hôtel-de-Ville]]<ref>[[Michel Cool]], journaliste spécialiste du christianisme, dans {{harvsp|''C dans l'air''|2014}}.</ref>.



Avant 2010, la question des crèches dans des lieux publics n'avait jamais été soulevée devant un tribunal français. Alors qu'aux États-Unis, par exemple, ce cas a été traité par la [[Cour suprême des États-Unis|Cour suprême]] en 1984<ref>{{lien web|langue=en|url=https://au.org/church-state/december-2007-church-state/featured/is-there-a-%E2%80%98war-on-christmas%E2%80%99|titre=Is There a "War on Christmas"?|prénom=Rob|nom=Boston|date=décembre 2007|éditeur=Americans United|consulté le=25 décembre 2012}}</ref> puis de nouveau en 1998<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.dailyprogress.com/starexponent/opinion/is-the-warles-on-christmas-subsiding/article_4ecc879c-9040-11e4-8b22-d71be61d5563.html |titre=Is the war on Christmas subsiding? |éditeur= dailyprogress.com |date= {{1er}} janvier 2015|consulté le=21 novembre 2016}}</ref>. En {{date-|décembre 2010}}, pour la première fois, le tribunal administratif d'Amiens annule la délibération du conseil municipal de [[Montiers]] prévoyant d'installer une crèche sur la place du village<ref>{{lien web|url=http://www.leparisien.fr/oise-60/oise-la-creche-hors-la-loi-est-installee-pour-noel-25-12-2010-1202864.php|titre=Oise : la crèche hors la loi est installée pour Noël|éditeur=leparisien.fr|date=25 décembre 2010|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>. En 2011, des polémiques surgissent en région parisienne<ref>{{lien web|url=http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/La-creche-de-Noel-embarrasse-la-laicite-_EP_-2011-12-21-749441 |titre=La crèche de Noël embarrasse la laïcité|éditeur=La croix|date=21 décembre 2011|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>. En 2013, la crèche de la gare [[Société nationale des chemins de fer français|SNCF]] de [[Villefranche-de-Rouergue]] est masquée<ref>{{lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/12/05/01016-20141205ARTFIG00413-bataille-juridique-autour-des-creches-de-noel.php |titre= Bataille juridique autour des crèches de Noël |éditeur=lefigaro.fr|date=5 décembre 2014|auteur=Stéphane Kovacs|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.ouest-france.fr/noel-la-creche-t-elle-sa-place-dans-une-gare-sncf-1809023 |titre=Polémique. La crèche a-t-elle sa place dans une gare SNCF ?|éditeur=ouest-france.fr|date=21 décembre 2013|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>.

Avant {{date|2010}}, la question des crèches dans des lieux publics n'avait jamais été soulevée devant un tribunal français. Alors qu'aux États-Unis, par exemple, ce cas a été traité par la [[Cour suprême des États-Unis|Cour suprême]] en {{date|1984}}<ref>{{lien archive|horodatage archive=20150909203239|langue=en|url=https://au.org/church-state/december-2007-church-state/featured/is-there-a-%E2%80%98war-on-christmas%E2%80%99|titre=Is There a "War on Christmas"?|auteur1=Rob Boston|date=décembre 2007|périodique={{lang|en|Church & State}}|éditeur={{langue|en|[[Americans United for Separation of Church and State]]}}}}.</ref> puis de nouveau en {{date|1998}}<ref>{{lien archive|horodatage archive=20170328115530|langue=en|url=http://www.dailyprogress.com/starexponent/opinion/is-the-warles-on-christmas-subsiding/article_4ecc879c-9040-11e4-8b22-d71be61d5563.html |auteur1=Robert Legge|titre=Is the war on Christmas subsiding? |périodique={{lien|Culpeper Star-Exponent}}|site= dailyprogress.com |date= 1 janvier 2015}}.</ref>. En {{date|décembre 2010}}, pour la première fois, le [[tribunal administratif d'Amiens]] annule la délibération du conseil municipal de [[Montiers]] prévoyant d'installer une crèche sur la place du village<ref>{{lien web|url=https://www.leparisien.fr/oise-60/oise-la-creche-hors-la-loi-est-installee-pour-noel-25-12-2010-1202864.php|titre=Oise : la crèche hors la loi est installée pour Noël|périodique=[[Le Parisien]]|date=25 décembre 2010|consulté le=10 novembre 2016}}.</ref>. En {{date|2011}}, des polémiques surgissent en région parisienne<ref>{{lien archive|horodatage archive=20190422094731|url=http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/La-creche-de-Noel-embarrasse-la-laicite-_EP_-2011-12-21-749441|auteur1=François-Xavier Maigre|titre=La crèche de Noël embarrasse la laïcité|périodique=[[La Croix]]|date=21 décembre 2011}}.</ref>. En {{date|2013}}, la crèche de la gare [[Société nationale des chemins de fer français|SNCF]] de [[Gare de Villefranche-de-Rouergue|Villefranche-de-Rouergue]] est masquée<ref>{{lien web|url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/12/05/01016-20141205ARTFIG00413-bataille-juridique-autour-des-creches-de-noel.php|titre= Bataille juridique autour des crèches de Noël |périodique=[[Le Figaro]]|date=5 décembre 2014|auteur=Stéphane Kovacs|consulté le=10 novembre 2016}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.ouest-france.fr/societe/religions/noel-la-creche-t-elle-sa-place-dans-une-gare-sncf-1809023|titre=Polémique. La crèche a-t-elle sa place dans une gare SNCF ?|périodique=[[Ouest-France]]|date=21 décembre 2013|consulté le=10 novembre 2016}}.</ref>.



La polémique s'amplifie en {{date-|décembre 2014}} avec la controverse née de l'initiative du [[conseil départemental de la Vendée|conseil général de Vendée]] contestée par la [[Libre-pensée|Fédération nationale de la libre-pensée]] d'installer une crèche à l’hôtel de département<ref>[[Bruno Retailleau]], [http://www.france5.fr/emissions/c-dans-l-air/resume_290083, président du conseil général de Vendée, dans l’émission « C dans l’air » de France 5 intitulée : « Zizanie autour de la crèche » le 24 décembre 2014]</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.la-croix.com/Actualite/France/Le-conseil-general-de-Vendee-prive-de-creche-de-Noel-2014-12-02-1273365|titre=Le conseil général de Vendée privé de crèche de Noël|éditeur=la-croix.com|auteur=Bernard Gorce |date=2 décembre 2014|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>. L'affaire est l'objet de jugements contradictoires jusqu'à la décision du Conseil d’État, la plus haute instance du droit administratif français en {{date-|novembre 2016}}<ref name="Monde-CE"/>. En {{date-|décembre 2014}}, le préfet de l’Hérault demande à [[Robert Ménard]], maire d'extrême-droite de [[Béziers]], de retirer la crèche de sa mairie car elle contreviendrait {{citation|aux dispositions constitutionnelles et législatives garantissant le principe de laïcité}}. Pour protester contre ces interdictions, plusieurs maires [[Front national (parti français)|Front national]] décident d’installer des crèches dans leur mairie comme à [[Cogolin]] et [[Beaucaire (Gard)|Beaucaire]]<ref>{{lien web|url=http://www.lexpress.fr/actualite/politique/fn/la-creche-de-noel-nouveau-combat-des-maires-fn_1630356.html |titre=La crèche de Noël, nouveau combat des maires FN |éditeur=L'Express|date=8 décembre 2014|auteur=Alexandre Sulzer|consulté le=21 novembre 2016}}</ref> alors que la municipalité PS de [[Metz]] installe la sienne comme à l'accoutumée comme à [[Metz]]<ref>{{lien web |url=http://www.loractu.fr/metz/8603-metz-a-bien-installe-sa-creche-de-noel-malgre-les-polemiques.html |éditeur=loractu.fr |titre=Metz a bien installé sa crèche de Noël malgré les polémiques |consulté le=10 novembre 2016 }}</ref>. En {{date-|décembre 2014}}, le tribunal administratif de Montpellier rejette la demande d'enlèvement d'une crèche dans la mairie de [[Béziers]]<ref>[http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/12/19/97001-20141219FILWWW00217-montpellier-la-demande-d-enlevement-de-la-creche-de-beziers-rejetee.php « Montpellier : la demande d'enlèvement de la crèche de Béziers rejetée »], [[Le Figaro|lefigaro.fr]], 19 décembre 2014.</ref>{{,}}<ref>[http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/polemique-creches-noel-devrait-supprimer-noel-cas-ironise-charon-747218 Polémique sur les crèches de Noël : « On devrait supprimer Noël dans ce cas » ironise Pierre Charon | Public Sénat]</ref>. Une décision identique est rendue à [[Melun]]<ref>{{lien web|url=http://www.lepoint.fr/justice/laicite-melun-garde-sa-creche-22-12-2014-1891705_2386.php |éditeur= lepoint.fr|date=22 décembre 2014|consulté le=21 novembre 2016|auteur=Agence France Presse|titre=Laïcité : Melun garde sa crèche}}</ref>. D’autres polémiques ont eu lieu à [[Castres]]<ref>{{lien web|url=https://www.ladepeche.fr/article/2014/12/23/2016961-les-libres-penseurs-ne-veulent-pas-de-creche.html |titre=Les libres penseurs ne veulent pas de crèche en ville |date=23 décembre 2014 |éditeur=LaDepeche.fr|consulté le=21 novembre 2016}}</ref> et à [[Saverne]]<ref>{{lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/12/23/01016-20141223ARTFIG00327-l-alsace-resiste-a-la-guerre-des-creches.php |titre=L'Alsace résiste à la guerre des crèches |éditeur=lefigaro.fr|date=23 décembre 2014|auteur=Yolande Baldeweck|consulté le=21 novembre 2016}}</ref>. Selon un sondage [[Institut français d'opinion publique|Ifop]] de {{date-|décembre 2014}}, {{Citation|71 % des Français sont « plutôt favorables » à la présence de crèches de Noël dans les administrations et les bâtiments publics}}<ref>{{lien web|url=http://www.lepoint.fr/societe/les-francais-favorables-aux-creches-de-noel-dans-les-batiments-publics-13-12-2014-1889506_23.php |titre=Les Français favorables aux crèches de Noël dans les bâtiments publics |éditeur=Le Point|date=14 décembre 2014 |auteur=Agence France Presse|consulté le=21 novembre 2016}}</ref>. [[Charlie Hebdo]] consacre sa une du {{date-|10 décembre 2014}} à une [[caricature]] sur le sujet<ref>{{lien web|url=https://www.challenges.fr/france/les-10-dernieres-unes-de-charlie-hebdo_33736/slide_5 |titre="Oui aux crèches de Noël dans les lieux publics |éditeur=challenges.fr|consulté le=21 novembre 2016}}</ref>.

La polémique s'amplifie en {{date|décembre 2014}} avec la controverse née de l'initiative du [[conseil départemental de la Vendée|conseil général de Vendée]] contestée par la [[Libre-pensée|Fédération nationale de la libre-pensée]] d'installer une crèche à l'hôtel de département<ref>[[Bruno Retailleau]], président du conseil général de Vendée, dans {{harvsp|''C dans l'air''|2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.la-croix.com/Actualite/France/Le-conseil-general-de-Vendee-prive-de-creche-de-Noel-2014-12-02-1246412|titre=Le conseil général de Vendée privé de crèche de Noël|périodique=[[La Croix]]|auteur=Bernard Gorce |date=2 décembre 2014|consulté le=10 novembre 2016}}.</ref>. L'affaire est l'objet de jugements contradictoires jusqu'à la décision du Conseil d'État, la plus haute instance du droit administratif français en {{date|novembre 2016}}<ref name="Monde-CE"/>. En {{date|décembre 2014}}, le préfet de l'Hérault demande à [[Robert Ménard]], maire d'extrême-droite de [[Béziers]], de retirer la crèche de sa mairie car elle contreviendrait {{citation|aux dispositions constitutionnelles et législatives garantissant le principe de laïcité}}. Pour protester contre ces interdictions, plusieurs maires [[Front national (parti français)|Front national]] décident d'installer des crèches dans leur mairie comme à [[Cogolin]] et [[Beaucaire (Gard)|Beaucaire]]<ref>{{lien archive|horodatage archive=20141208175634|url=http://www.lexpress.fr/actualite/politique/fn/la-creche-de-noel-nouveau-combat-des-maires-fn_1630356.html |titre=La crèche de Noël, nouveau combat des maires FN |périodique=[[L'Express]]|date=8 décembre 2014|auteur=Alexandre Sulzer}}.</ref> alors que la municipalité PS de [[Metz]] installe la sienne comme à l'accoutumée comme à [[Metz]]<ref>{{lien archive|horodatage archive=20141209102821|url=http://www.loractu.fr/metz/8603-metz-a-bien-installe-sa-creche-de-noel-malgre-les-polemiques.html |éditeur=loractu.fr |titre=Metz a bien installé sa crèche de Noël malgré les polémiques|date= 8 décembre 2014 }}.</ref>. En {{date|décembre 2014}}, le tribunal administratif de Montpellier rejette la demande d'enlèvement d'une crèche dans la mairie de [[Béziers]]<ref>{{lien web|url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/12/19/97001-20141219FILWWW00217-montpellier-la-demande-d-enlevement-de-la-creche-de-beziers-rejetee.php|auteur1=[[Agence France-Presse|AFP]]|titre=Montpellier : la demande d'enlèvement de la crèche de Béziers rejetée |périodique=[[Le Figaro]]|date=19 décembre 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien archive|horodatage archive=20210502062340|url=http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/polemique-creches-noel-devrait-supprimer-noel-cas-ironise-charon-747218 |auteur1=François Vignal|titre=Polémique sur les crèches de Noël : « On devrait supprimer Noël dans ce cas » ironise Pierre Charon | éditeur=[[Public Sénat]]|date=08 décembre 2014}}.</ref>. Une décision identique est rendue à [[Melun]]<ref>{{lien web|url=https://www.lepoint.fr/societe/laicite-melun-garde-sa-creche-22-12-2014-1891705_23.php|périodique= [[Le Point]]|date=22 décembre 2014|consulté le=21 novembre 2016|auteur=[[Agence France-Presse|AFP]]|titre=Laïcité : Melun garde sa crèche}}.</ref>. D'autres polémiques ont eu lieu à [[Castres]]<ref>{{lien web|url=https://www.ladepeche.fr/article/2014/12/23/2016961-les-libres-penseurs-ne-veulent-pas-de-creche.html |auteur1=Jean-Marc Guilbert|titre=Les libres penseurs ne veulent pas de crèche en ville |date=23 décembre 2014 |périodique=[[La Dépêche du Midi]]|consulté le=21 novembre 2016}}.</ref> et à [[Saverne]]<ref>{{lien web|url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/12/23/01016-20141223ARTFIG00327-l-alsace-resiste-a-la-guerre-des-creches.php |titre=L'Alsace résiste à la guerre des crèches |périodique=[[Le Figaro]]|date=23 décembre 2014|auteur=Yolande Baldeweck|consulté le=21 novembre 2016}}.</ref>. Selon un sondage [[Institut français d'opinion publique|Ifop]] de {{date|décembre 2014}}, {{Citation|71 % des Français sont « plutôt favorables » à la présence de crèches de Noël dans les administrations et les bâtiments publics}}<ref>{{lien web|url=https://www.lepoint.fr/societe/les-francais-favorables-aux-creches-de-noel-dans-les-batiments-publics-13-12-2014-1889506_23.php |titre=Les Français favorables aux crèches de Noël dans les bâtiments publics |périodique=[[Le Point]]|date=14 décembre 2014 |auteur1=[[Agence France-Presse|AFP]]|consulté le=21 novembre 2016}}.</ref>. ''[[Charlie Hebdo]]'' consacre sa une du {{date|10 décembre 2014}} à une [[caricature]] sur le sujet<ref>{{lien archive|horodatage archive=20161122072809|url=https://www.challenges.fr/france/les-10-dernieres-unes-de-charlie-hebdo_33736/slide_5 |titre=Oui aux crèches de Noël dans les lieux publics |série=Les "Unes" de Charlie Hebdo : la satire à l'honneur|périodique=[[Challenges]]|date=7 janvier 2015}}.</ref>.



Parmi les trois décisions contradictoires des tribunaux administratifs, aucune ne peut faire jurisprudence. Seule une décision du Conseil d'État, instance judiciaire administrative la plus élevée, peut s'imposer à toutes les juridictions<ref>[https://www.huffingtonpost.fr/2014/12/22/creches-de-noel-pourquoi-tous-les-tribunaux-interdisent-pas_n_6364874.html Crèches de Noël dans les lieux publics: pourquoi tous les tribunaux ne les interdisent pas?]</ref>. Les tribunaux s'opposent car leur refus de la crèche est basé sur l'article 28 de la loi de 1905 qui interdit de disposer des symboles religieux dans les lieux publics et leur compréhension de l'article 4 de cette même loi, dans laquelle l'État laisse aux Églises le soin de définir « leurs règles générales d'organisation »<ref>[https://www.ouest-france.fr/point-de-vue-creches-et-espace-public-quel-interdit-3085421 {{Mgr}} Hippolyte Simon pour Ouest-France le 26 décembre 2014]</ref>. Des personnalités pointent le risque d’extension de la visibilité dans l’espace public à d'autres religions<ref>{{lien web|url=http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/creches-de-noel-avec-le-jugement-de-beziers-la-laicite-n-a-plus-de-sens_1634480.html|titre=Crèches de Noël : « Avec le jugement de Béziers, la laïcité n'a plus de sens »|éditeur=''L'Express''|date=19 décembre 2012|auteur=Laurent Martinet|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.marianne.net/Creches-la-laicite-ne-s-use-que-si-on-ne-la-defend-pas_a243335.html|titre=Crèches : la laïcité ne s'use que si on ne la défend pas|éditeur=marianne.net|date=19 décembre 2014|auteur=Eric Conan|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>. Ainsi, depuis quelques années, des [[Hanoukkia|chandeliers à neuf branches]] de la fête juive de [[Hanoucca]] sont aussi installés dans la mairie de Béziers, dans le centre-ville de Créteil ou [[place de la Bastille]] et au [[Champ de Mars]] à Paris<ref>[http://www.actuj.com/2014-12/communaute/pour-hanouka-les-juifs-allument-les-rues-de-paris « Pour Hanouka les juifs allument les rues de Paris ! »], ''actuj.com''</ref>{{,}}<ref>[http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Hanoukka-la-fete-de-la-lumiere-s-affiche-dans-les-villes-de-France-_NG_-2010-12-09-560161 « Hanoukka, la fête de la lumière, s'affiche dans les villes de France »], ''La-Croix.com''</ref>.

Parmi les trois décisions contradictoires des tribunaux administratifs, aucune ne peut faire jurisprudence. Seule une décision du Conseil d'État, instance judiciaire administrative la plus élevée, peut s'imposer à toutes les juridictions<ref>{{lien web|url=https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/creches-de-noel-dans-les-lieux-publics-pourquoi-tous-les-tribunaux-ne-les-interdisent-pas_48177.html|auteur1=Alexandre Boudet|titre=Crèches de Noël dans les lieux publics: pourquoi tous les tribunaux ne les interdisent pas?|site=[[Le Huffington Post]]|date=22 décembre 2014}}.</ref>. Les tribunaux s'opposent car leur refus de la crèche est basé sur l'{{nobr|article 28}} de la loi de {{date|1905}} qui interdit de disposer des symboles religieux dans les lieux publics et leur compréhension de l'{{nobr|article 4}} de cette même loi, dans laquelle l'État laisse aux Églises le soin de définir « leurs règles générales d'organisation »<ref>{{lien web|url=https://www.ouest-france.fr/reflexion/editorial/point-de-vue-creches-et-espace-public-quel-interdit-3085421|titre=Crèches et espace public : quel interdit ?|auteur1=Hippolyte Simon|périodique=[[Ouest-France]]|date=26 décembre 2014}}.</ref>. Des personnalités pointent le risque d'extension de la visibilité dans l'espace public à d'autres religions<ref>{{lien archive|horodatage archive=20141219193549|url=http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/creches-de-noel-avec-le-jugement-de-beziers-la-laicite-n-a-plus-de-sens_1634480.html|titre=Crèches de Noël : « Avec le jugement de Béziers, la laïcité n'a plus de sens »|périodique=[[L'Express]]|date=19 décembre 2012|auteur1=Laurent Martinet|auteur2=Josy-Jean Bousquet|consulté le=10 novembre 2016}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.marianne.net/agora/les-signatures-de-marianne/creches-la-laicite-ne-suse-que-si-ne-la-defend-pas|titre=Crèches : la laïcité ne s'use que si on ne la défend pas|périodique=[[Marianne (magazine)|Marianne]]|date=19 décembre 2014|auteur=Eric Conan|consulté le=10 novembre 2016}}.</ref>. Ainsi, depuis quelques années, des [[Hanoukkia|chandeliers à neuf branches]] de la fête juive de [[Hanoucca]] sont aussi installés dans la mairie de Béziers, dans le centre-ville de [[Créteil]] ou [[place de la Bastille]] et au [[Champ de Mars]] à Paris<ref>{{lien archive|horodatage archive=20141219064508|url=http://www.actuj.com/2014-12/communaute/pour-hanouka-les-juifs-allument-les-rues-de-paris |auteur1=Avner Nahum |titre=Pour Hanouka les juifs allument les rues de Paris !|date= 17 décembre 2014 |site=actuj.com|périodique=[[Actualité juive]]}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Hanoukka-la-fete-de-la-lumiere-s-affiche-dans-les-villes-de-France-_NG_-2010-12-09-560161|auteur1=

Julien Duriez|titre=Hanoukka, la fête de la lumière, s'affiche dans les villes de France|périodique=[[La Croix]]|date=9 décembre 2010}}.</ref>.



En 2014, des représentants des religions minoritaires, comme [[Raphaël Draï]], suggèrent, qu’au nom de l’égalité de tous en France, il serait juste, soit d’interdire toute manifestation de tradition catholique dans l’espace public, soit d’autoriser les manifestations des traditions de toutes les autres religions<ref>[[Raphaël Draï]] dans l’émission « C dans l’air » France 5 intitulée : « Zizanie autour de la crèche » le 24 décembre 2014 {{lien web|url=http://www.france5.fr/emissions/c-dans-l-air/resume_290083 |éditeur=france5.fr |titre=Émission du 24 décembre 2014 }}</ref>. Le théologien [[Jean-François Colosimo]] lui rétorque que {{citation|si l’égalité des individus est garantie en France, il n’y a pas, en revanche, égalité des religions dans l’histoire de France. La religion catholique est largement dominante dans cette histoire et cela transparaît naturellement dans les traditions visibles aujourd'hui dans l’espace public. La loi de 1905, suivie des {{unité|2000|pages}} de jurisprudence qui en ont découlé, est une loi d’équilibre, que certains ont appelée de « catho-laïcité »}}. Il a été assez précisément défini ce qui était permis ou non. Ce qui n’était pas le sujet à l’époque n’a pas été traité. Ainsi, par exemple, d'après [[Cynthia Fleury]], la sonnerie des cloches des églises est autorisée, l’appel du [[muezzin]] musulman n’a pas été traité<ref name="Fleury"/>. Cette loi a donc cristallisé la situation de 1905. Autoriser les traditions des nouvelles religions en France, en supprimer des chrétiennes, revient à rouvrir le débat sur la modification de la loi de 1905, ce qu’aucun responsable politique ne souhaite<ref name="France5 290083">[http://www.france5.fr/emissions/c-dans-l-air/resume_290083 Jean-François Colosimo, Historien des religions, éditeur et essayiste, dans l’émission « C dans l’air » France 5 intitulée : « Zizanie autour de la crèche » le 24 décembre 2014]</ref>.

En {{date|2014}}, des représentants des religions minoritaires, comme [[Raphaël Draï]], suggèrent, qu'au nom de l'égalité de tous en France, il serait juste, soit d'interdire toute manifestation de tradition catholique dans l'espace public, soit d'autoriser les manifestations des traditions de toutes les autres religions<ref>[[Raphaël Draï]], dans {{harvsp|''C dans l'air''|2014}}.</ref>. Le théologien [[Jean-François Colosimo]] lui rétorque que {{citation|si l'égalité des individus est garantie en France, il n'y a pas, en revanche, égalité des religions dans l'histoire de France. La religion catholique est largement dominante dans cette histoire et cela transparaît naturellement dans les traditions visibles aujourd'hui dans l'espace public. La loi de {{date|1905}}, suivie des {{unité|2000|pages}} de jurisprudence qui en ont découlé, est une loi d'équilibre, que certains ont appelée de « catho-laïcité »}}. Il a été assez précisément défini ce qui était permis ou non. Ce qui n'était pas le sujet à l'époque n'a pas été traité. Ainsi, par exemple, d'après [[Cynthia Fleury]], la sonnerie des cloches des églises est autorisée, l'appel du [[muezzin]] musulman n'a pas été traité<ref name="Fleury"/>. Cette loi a donc cristallisé la situation de {{date|1905}}. Autoriser les traditions des nouvelles religions en France, en supprimer des chrétiennes, revient à rouvrir le débat sur la modification de la loi de {{date|1905}}, ce qu'aucun responsable politique ne souhaite<ref name="France5 290083">[[Jean-François Colosimo]], historien des religions, éditeur et essayiste, dans {{harvsp|''C dans l'air''|2014}}.</ref>.



En {{date-|novembre 2015}}, l’[[association des maires de France]] (AMF), interpelle {{citation|le ministre en charge de l’Intérieur sur l’hétérogénéité actuelle des jurisprudences, en particulier concernant l’installation des crèches de Noël en mairie ou dans des bâtiments publics, qui nuit à la compréhension de la règle par les élus et par les citoyens. Une clarification législative lui semble en effet souhaitable}}<ref>http://www.amf.asso.fr/upload/fichiers/documents/AMF_14082_VADE_MECUM.pdf</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.normandie-actu.fr/des-creches-dans-les-mairies-a-noel-un-depute-de-la-manche-lance-une-petition_169417/|titre= Des crèches dans les mairies à Noël|éditeur=normandie-actu.fr|date=27 novembre 2015|auteur=Karine Lebrun|consulté le=21 novembre 2016}}</ref>.

En {{date|novembre 2015}}, l'[[association des maires de France]] (AMF), interpelle {{citation|le ministre en charge de l'Intérieur sur l'hétérogénéité actuelle des jurisprudences, en particulier concernant l'installation des crèches de Noël en mairie ou dans des bâtiments publics, qui nuit à la compréhension de la règle par les élus et par les citoyens. Une clarification législative lui semble en effet souhaitable}}<ref>{{lien web|url=https://medias.amf.asso.fr/docs/DOCUMENTS/AMF_14082_VADE_MECUM.pdf|format=pdf|titre=Laïcité |sous-titre=Le vade-mecum de l'AMF|périodique=Maires de France|éditeur=[[Association des maires de France]] |date=novembre 2015}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien archive|horodatage archive=20151202073806|url=http://www.normandie-actu.fr/des-creches-dans-les-mairies-a-noel-un-depute-de-la-manche-lance-une-petition_169417/|titre= Des crèches dans les mairies à Noël ? |sous-titre=Un député de la Manche lance une pétition|éditeur=normandie-actu.fr|date=27 novembre 2015|auteur=Karine Lebrun}}.</ref>.



Cette volonté de limitation d’une pratique autant culturelle que religieuse et quelques jours après les [[Attentats du 13 novembre 2015 en France|attentats de novembre 2015]] provoque une vive polémique<ref>[http://lci.tf1.fr/politique/les-creches-de-noel-ont-elles-leurs-places-dans-les-mairies-le-8688240.html Laïcité Le vade-mecum de l’AMF]</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/021520082496-la-grande-affaire-des-creches-de-noel-1181009.php |titre=La grande affaire des crèches de Noël |éditeur=lesechos.fr |date=3 décembre 2015|auteur=Favilla|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>. L'instance gouvernementale l'[[Observatoire de la laïcité]] qui assiste le gouvernement dans l'application des principes de laïcité a temporisé en déclarant {{citation|Si un particularisme local fait que la crèche peut prendre place dans une manifestation traditionnelle, folklorique et temporaire, alors elle pourra être installée}}<ref>[http://www.lepoint.fr/politique/la-creche-de-noel-entorse-a-la-laicite-le-debat-est-relance-25-11-2015-1984654_20.php La crèche de Noël, entorse à la laïcité ? Le débat est relancé]</ref>. Le même observatoire a rappelé que la loi de 1905 {{Citation|laisse une large marge d'appréciation dans la qualification ou non d'emblème religieux de ces représentations figuratives}}, une crèche {{Citation|présentée dans un cadre culturel pour une courte durée}} pouvant être considérée comme une {{Citation|exposition}} (exception prévue et autorisée dans l'article 28 de la loi de 1905)<ref>{{lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/10/20/01016-20161020ARTFIG00344-l-epineuse-question-des-creches-devant-le-conseil-d-etat.php|titre= Le rapporteur public du Conseil d'État pour l'autorisation des crèches dans les mairies |éditeur=''[[Le Figaro]]''|auteur=Agnès Leclair |date=21 octobre 2016 |consulté le=10 novembre 2016}}</ref>.

Cette volonté de limitation d'une pratique autant culturelle que religieuse et quelques jours après les [[Attentats du 13 novembre 2015 en France|attentats de {{date|novembre 2015}}]] provoque une vive polémique<ref>{{lien archive|horodatage archive=20160613093046|url=http://lci.tf1.fr/politique/les-creches-de-noel-ont-elles-leurs-places-dans-les-mairies-le-8688240.html |titre=Les crèches de Noël ont-elles leurs places dans les mairies ? Le débat est relancé|site=[[Groupe TF1|My TF1 News]]|date=25 novembre 2015}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.lesechos.fr/2015/12/la-grande-affaire-des-creches-de-noel-263389 |titre=La grande affaire des crèches de Noël |périodique=[[Les Échos]] |date=3 décembre 2015|auteur=Favilla|consulté le=10 novembre 2016}}.</ref>. L'instance gouvernementale l'[[Observatoire de la laïcité]] qui assiste le gouvernement dans l'application des principes de laïcité a temporisé en déclarant {{citation|Si un particularisme local fait que la crèche peut prendre place dans une manifestation traditionnelle, folklorique et temporaire, alors elle pourra être installée}}<ref>{{lien web|url=https://www.lepoint.fr/politique/la-creche-de-noel-entorse-a-la-laicite-le-debat-est-relance-25-11-2015-1984654_20.php|auteur1=[[Agence France-Presse|AFP]]|titre=La crèche de Noël, entorse à la laïcité ? Le débat est relancé|périodique=[[Le Point]]|date=25 novembre 2015}}.</ref>. Le même observatoire a rappelé que la loi de {{date|1905}} {{Citation|laisse une large marge d'appréciation dans la qualification ou non d'emblème religieux de ces représentations figuratives}}, une crèche {{Citation|présentée dans un cadre culturel pour une courte durée}} pouvant être considérée comme une {{Citation|exposition}} (exception prévue et autorisée dans l'{{nobr|article 28}} de la loi de {{date|1905}})<ref>{{lien web|url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/10/20/01016-20161020ARTFIG00344-l-epineuse-question-des-creches-devant-le-conseil-d-etat.php|titre= Le rapporteur public du Conseil d'État pour l'autorisation des crèches dans les mairies |périodique=[[Le Figaro]]|auteur=Agnès Leclair |date=21 octobre 2016 |consulté le=10 novembre 2016}}.</ref>.



Le {{date-|6 octobre 2017}}, le tribunal administratif de Lyon déclare qu’il annule la décision de [[Laurent Wauquiez]], président du [[conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes]], d’installer une crèche de Noël dans les locaux de l’hôtel de région en {{date-|décembre 2016}}, estimant que l’installation de cette crèche « méconnaissait le principe de neutralité ». Wauquiez crée la polémique en contournant cette interdiction par sa décision d'exposer des santons dans le hall de ses locaux en {{date-|décembre 2017}}<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2017/12/04/25001-20171204ARTFIG00253-wauquiez-contourne-l-interdiction-de-sa-creche-de-noel-en-exposant-des-santons.php|titre=Wauquiez contourne l'interdiction de sa crèche de Noël en exposant des santons|date=4 décembre 2017|site=lefigaro.fr}}.</ref>.

Le {{date|6 octobre 2017}}, le tribunal administratif de Lyon déclare qu'il annule la décision de [[Laurent Wauquiez]], président du [[conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes]], d'installer une crèche de Noël dans les locaux de l'hôtel de région en {{date|décembre 2016}}, estimant que l'installation de cette crèche « méconnaissait le principe de neutralité ». Wauquiez crée la polémique en contournant cette interdiction par sa décision d'exposer des santons dans le hall de ses locaux en {{date|décembre 2017}}<ref>{{Lien web|url=https://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2017/12/04/25001-20171204ARTFIG00253-wauquiez-contourne-l-interdiction-de-sa-creche-de-noel-en-exposant-des-santons.php|auteur1=Le Scan politique|auteur2=[[Agence France-Presse|AFP]]|titre=Wauquiez contourne l'interdiction de sa crèche de Noël en exposant des santons|date=4 décembre 2017|périodique=[[Le Figaro]]}}.</ref>.



== Décision du Conseil d’État ==

== Décision du Conseil d'État ==

Saisi sur les situations relatives opposant la Fédération départementale des libres penseurs de Seine-et-Marne à la commune de [[Melun]] et à la Fédération de la libre pensée de Vendée au [[Vendée (département)|département de la Vendée]] pour lesquelles les tribunaux administratifs avaient rendu des jugements contradictoires<ref name="Monde-CE"/>, le [[Conseil d'État (France)|Conseil d’État]] rend sa décision le {{date-|9 novembre 2016}} sur la base de l'{{nobr|article 28}} de la [[Loi de séparation des Églises et de l'État|loi de 1905]], qui met en œuvre le {{citation|principe de neutralité, interdit l’installation, par des personnes publiques, de signes ou emblèmes qui manifestent la reconnaissance d’un culte ou marquent une préférence religieuse}}<ref name="CE16"/>.

Saisi sur les situations relatives opposant la Fédération départementale des libres penseurs de [[Seine-et-Marne]] à la commune de [[Melun]] et à la Fédération de la libre pensée de Vendée au [[Vendée (département)|département de la Vendée]] pour lesquelles les tribunaux administratifs avaient rendu des jugements contradictoires<ref name="Monde-CE"/>, le [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]] rend sa décision le {{date|9 novembre 2016}} sur la base de l'{{nobr|article 28}} de la [[Loi de séparation des Églises et de l'État|loi de {{date|1905}}]], qui met en œuvre le {{citation|principe de neutralité, interdit l'installation, par des personnes publiques, de signes ou emblèmes qui manifestent la reconnaissance d'un culte ou marquent une préférence religieuse}}{{sfn|Décision du Conseil d'État de 2016}}.



Le Conseil d’État casse l’arrêt de la [[cour administrative d'appel]] de Paris, qui avait jugé que le principe de neutralité interdisait toute installation de crèche de Noël, mais relevant que la crèche est installée dans l’enceinte d’un bâtiment public, siège de services publics, que cette installation ne résultait d’aucun usage local, qu’aucun élément ne marque l’installation de la crèche dans un environnement artistique, culturel ou festif. Il en déduit que la décision de procéder à une telle installation, en ce lieu et dans ces conditions, méconnaît les exigences découlant du principe de neutralité des personnes publiques. Il procède donc à l'annulation de cette installation<ref name="CE16"/>. Le Conseil d’État casse également l’arrêt de la cour administrative d’appel de Nantes, qui n’avait pas examiné si l’installation de la crèche en cause devant elle résultait d’un usage local ou si des circonstances particulières permettaient de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif. Il lui renvoie ensuite l’affaire, afin qu’elle se prononce sur la base des critères dégagés par sa décision<ref name="CE16">{{lien web|url=http://www.conseil-etat.fr/Actualites/Communiques/Installation-de-creches-de-Noel-par-les-personnes-publiques|titre=Installation de crèches de Noël par les personnes publiques|éditeur=conseil-etat.fr|date=9 novembre 2016|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>. Sur la base de l'{{nobr|article 28}} qui dispose qu'{{citation|il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions}}, le Conseil d’État pose donc le principe de l'interdiction de l'installation de signes ou emblèmes religieux par une personne publique<ref name="Monde-CE">{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/societe/article/2016/11/09/l-installation-de-creches-de-noel-dans-les-batiments-publics-autorisee-sous-certaines-conditions_5028188_3224.html|titre= Crèches: le Conseil d'État les autorise sous strictes conditions dans les bâtiments publics |éditeur=lemonde.fr|date=9 novembre 2016|auteur=Cécile Chambraud|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>.

Le Conseil d'État casse l'arrêt de la [[cour administrative d'appel de Paris]], qui avait jugé que le principe de neutralité interdisait toute installation de crèche de Noël, mais relevant que la crèche est installée dans l'enceinte d'un bâtiment public, siège de services publics, que cette installation ne résultait d'aucun usage local, qu'aucun élément ne marque l'installation de la crèche dans un environnement artistique, culturel ou festif. Il en déduit que la décision de procéder à une telle installation, en ce lieu et dans ces conditions, méconnaît les exigences découlant du principe de neutralité des personnes publiques. Il procède donc à l'annulation de cette installation{{sfn|Décision du Conseil d'État de 2016}}. Le Conseil d'État casse également l'arrêt de la [[cour administrative d'appel de Nantes]], qui n'avait pas examiné si l'installation de la crèche en cause devant elle résultait d'un usage local ou si des circonstances particulières permettaient de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif. Il lui renvoie ensuite l'affaire, afin qu'elle se prononce sur la base des critères dégagés par sa décision{{sfn|Décision du Conseil d'État de 2016}}. Sur la base de l'{{nobr|article 28}} qui dispose qu'{{citation|il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions}}, le Conseil d'État pose donc le principe de l'interdiction de l'installation de signes ou emblèmes religieux par une personne publique<ref name="Monde-CE">{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/societe/article/2016/11/09/l-installation-de-creches-de-noel-dans-les-batiments-publics-autorisee-sous-certaines-conditions_5028188_3224.html|titre= Crèches: le Conseil d'État les autorise sous strictes conditions dans les bâtiments publics |périodique=[[Le Monde]]|date=9 novembre 2016|auteur1=Cécile Chambraud|auteur2=[[Agence France-Presse|AFP]]|consulté le=10 novembre 2016}}.</ref>.



Toutefois, il attribue aux crèches {{citation|une pluralité de significations}} pouvant justifier des exceptions limitées : scènes chrétiennes de la [[Nativité]] mais aussi {{citation|éléments de décoration profanes}}. Sous réserve de certaines conditions, l'installation d'une crèche par une personne publique peut être licite : celle-ci doit avoir un caractère temporaire, pendant les fêtes de fin d'année; elle doit présenter {{citation|un caractère culturel, artistique ou festif}} et ne pas exprimer {{citation|la reconnaissance d'un culte ou une préférence religieuse}}, a fortiori éviter tout prosélytisme religieux. Elle doit également correspondre à {{citation|des usages locaux}}. Concernant la localisation, le juge administratif rend la justification plus exigeante pour les {{citation|bâtiments publics}}, sièges d'une collectivité publique ou d'un service public, que dans les {{citation|autres emplacements publics}}. Dans les premiers, l'autorisation n'est possible que si son {{citation|caractère culturel, artistique ou festif}} est établi, alors que pour des lieux tels que parvis de mairie, accès aux bâtiments publics, [[marché de Noël|marchés de Noël]], l'installation de crèches peut être tolérée pendant les fêtes de fin d'année<ref name="Figaro-CE">{{lien web|url=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/11/09/01016-20161109ARTFIG00234-le-conseil-d-etat-autorise-sous-strictes-conditions-les-creches-dans-les-batiments-publics.php|titre= Crèches: le Conseil d'État les autorise sous strictes conditions dans les bâtiments publics |éditeur=lefigaro.fr|date=9 novembre 2016|auteur=Marie-Amélie Lombard-Latune|consulté le=10 novembre 2016}}</ref>. Les conditions de licéité posées par le Conseil d’État étant susceptibles d'interprétation diverses, il est probable que la Justice soit saisie de contentieux ultérieurs<ref name="Figaro-CE"/>.

Toutefois, il attribue aux crèches {{citation|une pluralité de significations}} pouvant justifier des exceptions limitées : scènes chrétiennes de la [[Nativité]] mais aussi {{citation|éléments de décoration profanes}}. Sous réserve de certaines conditions, l'installation d'une crèche par une personne publique peut être licite : celle-ci doit avoir un caractère temporaire, pendant les fêtes de fin d'année ; elle doit présenter {{citation|un caractère culturel, artistique ou festif}} et ne pas exprimer {{citation|la reconnaissance d'un culte ou une préférence religieuse}}, a fortiori éviter tout prosélytisme religieux. Elle doit également correspondre à {{citation|des usages locaux}}. Concernant la localisation, le juge administratif rend la justification plus exigeante pour les {{citation|bâtiments publics}}, sièges d'une collectivité publique ou d'un service public, que dans les {{citation|autres emplacements publics}}. Dans les premiers, l'autorisation n'est possible que si son {{citation|caractère culturel, artistique ou festif}} est établi, alors que pour des lieux tels que parvis de mairie, accès aux bâtiments publics, [[marché de Noël|marchés de Noël]], l'installation de crèches peut être tolérée pendant les fêtes de fin d'année<ref name="Figaro-CE">{{lien web|url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/11/09/01016-20161109ARTFIG00234-le-conseil-d-etat-autorise-sous-strictes-conditions-les-creches-dans-les-batiments-publics.php|titre= Crèches: le Conseil d'État les autorise sous strictes conditions dans les bâtiments publics |périodique=[[Le Figaro]]|date=9 novembre 2016|auteur=Marie-Amélie Lombard-Latune|consulté le=10 novembre 2016}}.</ref>. Les conditions de licéité posées par le Conseil d'État étant susceptibles d'interprétation diverses, il est probable que la Justice soit saisie de contentieux ultérieurs<ref name="Figaro-CE"/>.



== Notes et références ==

== Notes et références ==

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== Voir aussi ==

== Voir aussi ==


=== Bibliographie ===

{{...}}

* {{article|auteur1=Gweltaz Eveillard|titre=Laïcité : la crèche de Noël, mode d'emploi... |périodique=Droit administratif|date=avril 2017|numéro=4|pages=40–45|hal=hal-01598329}}.

* {{article|auteur1=[[Hélène Pauliat]]|titre=Installation des crèches dans un emplacement public|sous-titre=des critères flous||périodique=Revue du droit des religions|numéro=4|titre numéro=Laïcité : la nouvelle frontière|année=2017|pages=67–82|doi=10.4000/rdr.692}}.

* {{article|auteur1=Pierre-Henri Prélot|titre=Les crèches de Noël devant le juge administratif|périodique=Revue du droit des religions|numéro=1|titre numéro=Le financement public des cultes dans une société sécularisée|année=2016|pages=147–153|doi=10.4000/rdr.1075}}.


=== Articles connexes ===

=== Articles connexes ===

* [[Controverses de Noël]]

* [[Controverses de Noël]]

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=== Lien externe ===

=== Lien externe ===

* [http://www.conseil-etat.fr/Actualites/Communiques/Installation-de-creches-de-Noel-par-les-personnes-publiques Décision du Conseil d’État du 9 novembre 2016]

*{{lien web|url=https://www.conseil-etat.fr/actualites/installation-de-creches-de-noel-par-les-personnes-publiques|titre=Installation de crèches de Noël par les personnes publiques|éditeur=[[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]]|site=conseil-etat.fr|date=9 novembre 2016|id=Décision du Conseil d'État de 2016}}.



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Version du 1 juillet 2024 à 11:38

Le statut des crèches de Noël dans l'espace public en France suscite des polémiques et diverses décisions de justice contradictoires dans les années opposant une lecture littérale des règles nationales relatives à la laïcité et les traditions locales au sujet de l'installation de crèches de Noël par des personnes publiques. Le flou amène le Conseil d'État à se prononcer sur le fond en en posant un principe d'interdiction et ses exceptions possibles.

Chronologie

Crèche à Flavigny-sur-Ozerain.

Le litige a trait à la question de savoir si une crèche de la Nativité, qui est une mise en scène de la naissance de Jésus telle que la relatent les Évangiles, est en soi un signe ou un emblème religieux ou un signe culturel, et donc de la licéité de sa mise en place par la puissance publique et dans des espaces publics[1]. La multiplication des litiges s'explique à la fois par un refus accru de la présence de tout signe religieux chrétien dans l'espace public, par les libres penseurs et par les autres religions, mais aussi par la multiplication de ces crèches par des personnes voulant rappeler le passé chrétien de la France[2]. Pour Nadine Cretin, historienne à l'EHESS, la tradition de la crèche est plus culturelle que religieuse car elle est pratiquée au-delà des familles chrétiennes. « C'est indéniablement une scène chrétienne puisqu'elle représente la naissance du Christ. Mais il est certain qu'elle a depuis longtemps dépassé la sphère religieuse. Il s'agit d'une tradition, d'un rite de la fin de l'année pour beaucoup de familles, chrétiennes ou non. »[3]. Jusqu'aux années , la mairie de Paris, par exemple, présentait une crèche sur la place de l'Hôtel-de-Ville[4].

Avant , la question des crèches dans des lieux publics n'avait jamais été soulevée devant un tribunal français. Alors qu'aux États-Unis, par exemple, ce cas a été traité par la Cour suprême en [5] puis de nouveau en [6]. En , pour la première fois, le tribunal administratif d'Amiens annule la délibération du conseil municipal de Montiers prévoyant d'installer une crèche sur la place du village[7]. En , des polémiques surgissent en région parisienne[8]. En , la crèche de la gare SNCF de Villefranche-de-Rouergue est masquée[9],[10].

La polémique s'amplifie en avec la controverse née de l'initiative du conseil général de Vendée contestée par la Fédération nationale de la libre-pensée d'installer une crèche à l'hôtel de département[11],[12]. L'affaire est l'objet de jugements contradictoires jusqu'à la décision du Conseil d'État, la plus haute instance du droit administratif français en [1]. En , le préfet de l'Hérault demande à Robert Ménard, maire d'extrême-droite de Béziers, de retirer la crèche de sa mairie car elle contreviendrait « aux dispositions constitutionnelles et législatives garantissant le principe de laïcité ». Pour protester contre ces interdictions, plusieurs maires Front national décident d'installer des crèches dans leur mairie comme à Cogolin et Beaucaire[13] alors que la municipalité PS de Metz installe la sienne comme à l'accoutumée comme à Metz[14]. En , le tribunal administratif de Montpellier rejette la demande d'enlèvement d'une crèche dans la mairie de Béziers[15],[16]. Une décision identique est rendue à Melun[17]. D'autres polémiques ont eu lieu à Castres[18] et à Saverne[19]. Selon un sondage Ifop de , « 71 % des Français sont « plutôt favorables » à la présence de crèches de Noël dans les administrations et les bâtiments publics »[20]. Charlie Hebdo consacre sa une du à une caricature sur le sujet[21].

Parmi les trois décisions contradictoires des tribunaux administratifs, aucune ne peut faire jurisprudence. Seule une décision du Conseil d'État, instance judiciaire administrative la plus élevée, peut s'imposer à toutes les juridictions[22]. Les tribunaux s'opposent car leur refus de la crèche est basé sur l'article 28 de la loi de qui interdit de disposer des symboles religieux dans les lieux publics et leur compréhension de l'article 4 de cette même loi, dans laquelle l'État laisse aux Églises le soin de définir « leurs règles générales d'organisation »[23]. Des personnalités pointent le risque d'extension de la visibilité dans l'espace public à d'autres religions[24],[25]. Ainsi, depuis quelques années, des chandeliers à neuf branches de la fête juive de Hanoucca sont aussi installés dans la mairie de Béziers, dans le centre-ville de Créteil ou place de la Bastille et au Champ de Mars à Paris[26],[27].

En , des représentants des religions minoritaires, comme Raphaël Draï, suggèrent, qu'au nom de l'égalité de tous en France, il serait juste, soit d'interdire toute manifestation de tradition catholique dans l'espace public, soit d'autoriser les manifestations des traditions de toutes les autres religions[28]. Le théologien Jean-François Colosimo lui rétorque que « si l'égalité des individus est garantie en France, il n'y a pas, en revanche, égalité des religions dans l'histoire de France. La religion catholique est largement dominante dans cette histoire et cela transparaît naturellement dans les traditions visibles aujourd'hui dans l'espace public. La loi de , suivie des 2 000 pages de jurisprudence qui en ont découlé, est une loi d'équilibre, que certains ont appelée de « catho-laïcité » ». Il a été assez précisément défini ce qui était permis ou non. Ce qui n'était pas le sujet à l'époque n'a pas été traité. Ainsi, par exemple, d'après Cynthia Fleury, la sonnerie des cloches des églises est autorisée, l'appel du muezzin musulman n'a pas été traité[2]. Cette loi a donc cristallisé la situation de . Autoriser les traditions des nouvelles religions en France, en supprimer des chrétiennes, revient à rouvrir le débat sur la modification de la loi de , ce qu'aucun responsable politique ne souhaite[29].

En , l'association des maires de France (AMF), interpelle « le ministre en charge de l'Intérieur sur l'hétérogénéité actuelle des jurisprudences, en particulier concernant l'installation des crèches de Noël en mairie ou dans des bâtiments publics, qui nuit à la compréhension de la règle par les élus et par les citoyens. Une clarification législative lui semble en effet souhaitable »[30],[31].

Cette volonté de limitation d'une pratique autant culturelle que religieuse et quelques jours après les attentats de provoque une vive polémique[32],[33]. L'instance gouvernementale l'Observatoire de la laïcité qui assiste le gouvernement dans l'application des principes de laïcité a temporisé en déclarant « Si un particularisme local fait que la crèche peut prendre place dans une manifestation traditionnelle, folklorique et temporaire, alors elle pourra être installée »[34]. Le même observatoire a rappelé que la loi de « laisse une large marge d'appréciation dans la qualification ou non d'emblème religieux de ces représentations figuratives », une crèche « présentée dans un cadre culturel pour une courte durée » pouvant être considérée comme une « exposition » (exception prévue et autorisée dans l'article 28 de la loi de )[35].

Le , le tribunal administratif de Lyon déclare qu'il annule la décision de Laurent Wauquiez, président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, d'installer une crèche de Noël dans les locaux de l'hôtel de région en , estimant que l'installation de cette crèche « méconnaissait le principe de neutralité ». Wauquiez crée la polémique en contournant cette interdiction par sa décision d'exposer des santons dans le hall de ses locaux en [36].

Décision du Conseil d'État

Saisi sur les situations relatives opposant la Fédération départementale des libres penseurs de Seine-et-Marne à la commune de Melun et à la Fédération de la libre pensée de Vendée au département de la Vendée pour lesquelles les tribunaux administratifs avaient rendu des jugements contradictoires[1], le Conseil d'État rend sa décision le sur la base de l'article 28 de la loi de , qui met en œuvre le « principe de neutralité, interdit l'installation, par des personnes publiques, de signes ou emblèmes qui manifestent la reconnaissance d'un culte ou marquent une préférence religieuse »[37].

Le Conseil d'État casse l'arrêt de la cour administrative d'appel de Paris, qui avait jugé que le principe de neutralité interdisait toute installation de crèche de Noël, mais relevant que la crèche est installée dans l'enceinte d'un bâtiment public, siège de services publics, que cette installation ne résultait d'aucun usage local, qu'aucun élément ne marque l'installation de la crèche dans un environnement artistique, culturel ou festif. Il en déduit que la décision de procéder à une telle installation, en ce lieu et dans ces conditions, méconnaît les exigences découlant du principe de neutralité des personnes publiques. Il procède donc à l'annulation de cette installation[37]. Le Conseil d'État casse également l'arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes, qui n'avait pas examiné si l'installation de la crèche en cause devant elle résultait d'un usage local ou si des circonstances particulières permettaient de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif. Il lui renvoie ensuite l'affaire, afin qu'elle se prononce sur la base des critères dégagés par sa décision[37]. Sur la base de l'article 28 qui dispose qu'« il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions », le Conseil d'État pose donc le principe de l'interdiction de l'installation de signes ou emblèmes religieux par une personne publique[1].

Toutefois, il attribue aux crèches « une pluralité de significations » pouvant justifier des exceptions limitées : scènes chrétiennes de la Nativité mais aussi « éléments de décoration profanes ». Sous réserve de certaines conditions, l'installation d'une crèche par une personne publique peut être licite : celle-ci doit avoir un caractère temporaire, pendant les fêtes de fin d'année ; elle doit présenter « un caractère culturel, artistique ou festif » et ne pas exprimer « la reconnaissance d'un culte ou une préférence religieuse », a fortiori éviter tout prosélytisme religieux. Elle doit également correspondre à « des usages locaux ». Concernant la localisation, le juge administratif rend la justification plus exigeante pour les « bâtiments publics », sièges d'une collectivité publique ou d'un service public, que dans les « autres emplacements publics ». Dans les premiers, l'autorisation n'est possible que si son « caractère culturel, artistique ou festif » est établi, alors que pour des lieux tels que parvis de mairie, accès aux bâtiments publics, marchés de Noël, l'installation de crèches peut être tolérée pendant les fêtes de fin d'année[38]. Les conditions de licéité posées par le Conseil d'État étant susceptibles d'interprétation diverses, il est probable que la Justice soit saisie de contentieux ultérieurs[38].

Notes et références

  1. a b c et d Cécile Chambraud et AFP, « Crèches: le Conseil d'État les autorise sous strictes conditions dans les bâtiments publics », Le Monde, (consulté le ).
  2. a et b Cynthia Fleury, philosophe, dans « Zizanie autour de la crèche », C dans l'air, France 5, (version du sur Internet Archive).
  3. Marie-Christine Tabet, « "La crèche dépasse la sphère religieuse" », Le Journal du dimanche, (consulté le ).
  4. Michel Cool, journaliste spécialiste du christianisme, dans C dans l'air 2014.
  5. (en) Rob Boston, « Is There a "War on Christmas"? », Church & State, Americans United for Separation of Church and State, (version du sur Internet Archive).
  6. (en) Robert Legge, « Is the war on Christmas subsiding? », sur dailyprogress.com, Culpeper Star-Exponent (en), (version du sur Internet Archive).
  7. « Oise : la crèche hors la loi est installée pour Noël », Le Parisien, (consulté le ).
  8. François-Xavier Maigre, « La crèche de Noël embarrasse la laïcité », La Croix, (version du sur Internet Archive).
  9. Stéphane Kovacs, « Bataille juridique autour des crèches de Noël », Le Figaro, (consulté le ).
  10. « Polémique. La crèche a-t-elle sa place dans une gare SNCF ? », Ouest-France, (consulté le ).
  11. Bruno Retailleau, président du conseil général de Vendée, dans C dans l'air 2014.
  12. Bernard Gorce, « Le conseil général de Vendée privé de crèche de Noël », La Croix, (consulté le ).
  13. Alexandre Sulzer, « La crèche de Noël, nouveau combat des maires FN », L'Express, (version du sur Internet Archive).
  14. « Metz a bien installé sa crèche de Noël malgré les polémiques », loractu.fr, (version du sur Internet Archive).
  15. AFP, « Montpellier : la demande d'enlèvement de la crèche de Béziers rejetée », Le Figaro, .
  16. François Vignal, « Polémique sur les crèches de Noël : « On devrait supprimer Noël dans ce cas » ironise Pierre Charon », Public Sénat, (version du sur Internet Archive).
  17. AFP, « Laïcité : Melun garde sa crèche », Le Point, (consulté le ).
  18. Jean-Marc Guilbert, « Les libres penseurs ne veulent pas de crèche en ville », La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  19. Yolande Baldeweck, « L'Alsace résiste à la guerre des crèches », Le Figaro, (consulté le ).
  20. AFP, « Les Français favorables aux crèches de Noël dans les bâtiments publics », Le Point, (consulté le ).
  21. « Oui aux crèches de Noël dans les lieux publics », Les "Unes" de Charlie Hebdo : la satire à l'honneur, Challenges, (version du sur Internet Archive).
  22. Alexandre Boudet, « Crèches de Noël dans les lieux publics: pourquoi tous les tribunaux ne les interdisent pas? », sur Le Huffington Post, .
  23. Hippolyte Simon, « Crèches et espace public : quel interdit ? », Ouest-France, .
  24. Laurent Martinet et Josy-Jean Bousquet, « Crèches de Noël : « Avec le jugement de Béziers, la laïcité n'a plus de sens » », L'Express, (version du sur Internet Archive).
  25. Eric Conan, « Crèches : la laïcité ne s'use que si on ne la défend pas », Marianne, (consulté le ).
  26. Avner Nahum, « Pour Hanouka les juifs allument les rues de Paris ! », sur actuj.com, Actualité juive, (version du sur Internet Archive).
  27. Julien Duriez, « Hanoukka, la fête de la lumière, s'affiche dans les villes de France », La Croix, .
  28. Raphaël Draï, dans C dans l'air 2014.
  29. Jean-François Colosimo, historien des religions, éditeur et essayiste, dans C dans l'air 2014.
  30. « Laïcité : Le vade-mecum de l'AMF » [PDF], Maires de France, Association des maires de France, .
  31. Karine Lebrun, « Des crèches dans les mairies à Noël ? : Un député de la Manche lance une pétition », normandie-actu.fr, (version du sur Internet Archive).
  32. « Les crèches de Noël ont-elles leurs places dans les mairies ? Le débat est relancé », sur My TF1 News, (version du sur Internet Archive).
  33. Favilla, « La grande affaire des crèches de Noël », Les Échos, (consulté le ).
  34. AFP, « La crèche de Noël, entorse à la laïcité ? Le débat est relancé », Le Point, .
  35. Agnès Leclair, « Le rapporteur public du Conseil d'État pour l'autorisation des crèches dans les mairies », Le Figaro, (consulté le ).
  36. Le Scan politique et AFP, « Wauquiez contourne l'interdiction de sa crèche de Noël en exposant des santons », Le Figaro, .
  37. a b et c Décision du Conseil d'État de 2016.
  38. a et b Marie-Amélie Lombard-Latune, « Crèches: le Conseil d'État les autorise sous strictes conditions dans les bâtiments publics », Le Figaro, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Gweltaz Eveillard, « Laïcité : la crèche de Noël, mode d'emploi... », Droit administratif, no 4,‎ , p. 40–45 (HAL hal-01598329).
  • Hélène Pauliat, « Installation des crèches dans un emplacement public : des critères flous », Revue du droit des religions, no 4 « Laïcité : la nouvelle frontière »,‎ , p. 67–82 (DOI 10.4000/rdr.692).
  • Pierre-Henri Prélot, « Les crèches de Noël devant le juge administratif », Revue du droit des religions, no 1 « Le financement public des cultes dans une société sécularisée »,‎ , p. 147–153 (DOI 10.4000/rdr.1075).

Articles connexes

Lien externe