« Accords de Madrid de 1953 » : différence entre les versions — Wikipédia


Article Images

Contenu supprimé Contenu ajouté

m

Torsade de Pointes

(discuter | contributions)

43 709 modifications

(5 versions intermédiaires par 4 utilisateurs non affichées)

Ligne 6 :

[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-L15327, Spanien, Heinrich Himmler bei Franco.jpg|vignette|[[Heinrich Himmler]] (gauche) et [[Francisco Franco]] (droite), à Madrid en 1940.]]

Après la guerre, le régîmerégime espagnol se trouve dans un état d'isolement diplomatique<ref name=":2">{{Article |langue=fr |prénom1=Lorenzo Delgado |nom1=Gómez-Escalonilla |titre=L’Espagne franquiste au miroir de la France : de l’ostracisme à l’ouverture internationale |périodique=Siècles. Cahiers du Centre d’histoire « Espaces et Cultures » |numéro=20 |date=2004-06-01 |issn=1266-6726 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/siecles/2415 |consulté le=2019-08-30 |pages=117–133 }}</ref>. C'est une des dernières dictatures d'Europe de l'Ouest avec le Portugal, et la [[France]] et la Grande-Bretagne lui sont hostiles<ref name=":2" />. L'adhésion à l'[[OTAN]], l'[[ONU]] et au [[plan Marshall]] lui sont refusées, et les sanctions diplomatiques se multiplient<ref name=":3">{{Article |prénom1=Jean-François |nom1=Daguzan |titre=La politique extérieure du franquisme (1944-1976): une pratique à usage interne |périodique=Mélanges de la Casa de Velázquez |volume=24 |numéro=1 |date=1988 |doi=10.3406/casa.1988.2517 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/casa_0076-230x_1988_num_24_1_2517 |consulté le=2019-08-30 |pages=255–276 }}</ref>. En 1946, la France ferme même sa frontière dans les [[Pyrénées]]<ref name=":3" />. Face à cet isolement, Franco décide de se tourner vers l'Amérique du Nord et du Sud<ref name=":2" />.

Fin 1947 apparaissent les premiers indices de la volonté de changement d'attitude des puissances occidentales envers le régime de Franco<ref name=":4">{{Article |prénom1=Anne |nom1=Dulphy |titre=La politique de la France à l'égard de l'Espagne franquiste, 1945-1949 |périodique=[[Revue d’Histoired'histoire Modernemoderne &et Contemporainecontemporaine]] |volume=35 |numéro=1 |date=1988 |doi=10.3406/rhmc.1988.1443 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1988_num_35_1_1443 |consulté le=2019-08-30 |pages=123–140 }}</ref> dans un contexte global de rupture entre anciens alliés de la [[Seconde Guerre mondiale]] - le « monde libre » face à la « dictature communiste », selon les mots du président [[Harry S. Truman|Harry Truman]]. Dans la [[guerre froide]], le régime franquiste, viscéralement opposé au communisme depuis la [[Guerre d'Espagne|guerre civile]] et contrôlant un territoire à la valeur géostratégique essentielle face à une possible invasion de l'Europe par l'[[Armée rouge]]<ref>{{Article|langue=espagnol|auteur1=Maria del Rocio Piñeiro Álvarez|titre=Los Convenios Hispano-Norteamericanos de 1953|périodique=HAOL|date=15 octobre 2006|issn=1696-2060|lire en ligne=http://www.historia-actual.org/Publicaciones/index.php/haol/article/viewFile/177/165|pages=}}</ref>, tire son épingle du jeu. En novembre 1947, les États-Unis s'opposent avec succès à une nouvelle condamnation du régime de Franco par l'[[ONU]] et au vote de nouvelles sanctions. Quatre mois plus tard, la France ouvre de nouveau la frontière des Pyrénées et, entre mai et {{date-|juin 1948}}, conclut avec l'Espagne, conjointement avec le Royaume-Uni, des accords commerciaux et financiers<ref name=":4" />. Début 1949, le régime franquiste reçoit le premier crédit accordé par une banque des États-Unis avec l'approbation de son gouvernement, d'une valeur de {{nombre|25|millions}} de dollars. Peu auparavant, le président du comité des Forces armées du Sénat nord-américain fait une visite officielle en Espagne.

[[Fichier:Franco_dando_un_discurso_en_Éibar_en_1949.jpg|vignette|Franco donnant un discours à [[Eibar]] en [[1949]]. Pendant l'époque de l'isolement du régime, le général Franco apparait rarement en uniforme, contrairement à d'autres époques de la dictature.]]

Le processus de « réhabilitation » de la dictature franquiste est formellement achevé en 1950, lorsqu'éclate en juin la [[guerre de Corée]], première confrontation périphérique entre les deux blocs. À la nouvelle de l'invasion de la [[Corée du Sud]] par la [[Corée du Nord]], le gouvernement espagnol se hâte d'envoyer une note à la Maison Blanche : « l'Espagne souhaiterait aider les  États-Unis à contenir le communisme en envoyant des forces armées en Corée ». Le gouvernement nord-américain se contente de remercier l'Espagne, mais dès le mois suivant, le Sénat, sur proposition du démocrate Pat McCarran — membre du ''Spanish Lobby'' créé par [[José Félix de Lequerica]], représentant officieux du gouvernement espagnol à Washington — autorise Export-Import Bank à accorder à l'Espagne un crédit de {{nombre|62.5|millions}} de dollars.

Le {{date-|4 novembre 1950}}, l'Assemblée générale de l'ONU annule par une large majorité la résolution de condamnation du régime franquiste de {{date-|décembre 1946}}<ref name=":1">{{Article |langue=Fr |auteur1=Anne Dulphy |titre=La France et la défense atlantique : le pacte hispano-américain de septembre 1953 |périodique=[[Revue d’histoired'histoire moderne &et contemporaine]] |date=2002 |issn= |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2002-4-page-53.htm |pages=53 à 70 }}</ref>. Les États-Unis votent pour, de même que 37 autres pays. La France et le Royaume-Uni, qui sont méfiants vis-à-vis de ce pays ennemi peu avant<ref name=":1" />, s'abstiennent, de même que 10 autres pays, et {{nombre|10|pays}} votent contre. Dans les mois suivants reviennent à Madrid les ambassadeurs occidentaux et est approuvée l'entrée de l'Espagne dans les organismes internationaux spécialisés de l'ONU.

L'intérêt des États-Unis pour l'Espagne s'explique par sa valeur géostratégique : en plus du « contrôle du [[détroit de Gibraltar]], le territoire péninsulaire peut servir aussi de base arrière pour le dispositif militaire nord-américain en Europe, tandis que les [[îles Canaries]] permettent le contrôle d'une vaste zone de l'Atlantique et de l'Afrique nord-occidentale ».

Ligne 17 :

== Accords ==

[[Fichier:Franco_eisenhower_1959_madrid.jpg|vignette|Le [[Dictature|dictateur]] de l'[[Espagne]], [[Francisco Franco]], et le président des États-Unis, [[Dwight D. Eisenhower|Dwight Eisenhower]], dans la [[Base aérienne de Torrejón de Ardoz|base américaine de Torrejón]], à l'est de [[Madrid]], en 1959.|gauche]]

Les négociations avec les États-Unis  commencent en avril de 1952. La délégation nord-américaine est dirigée par le général August Kissner pour les sujets militaires et par George Train pour les économiques, et l'espagnole par le général [[Juan Vigón]]. Les réticences initiales une reconnaissance et un soutien politique personnel à Franco, sont surpassées après l'élection du président [[Dwight D. Eisenhower|Dwight Eisenhower]]. Il nomme comme ambassadeur à Madrid [[James Dunn]], moins inflexible que son prédécesseur à entendre les conditions du gouvernement espagnol. L'accord est signé le {{date-|23 septembre 1953}}. Il n'a pas le rang de traité, comme le demande le gouvernement espagnol, mais de « pacte exécutif » entre gouvernements (''agreement'') parce que pour signer un traité eût été nécessaire l'approbation du Sénat, où la majorité refuse de collaborer avec la dictature de Franco.

[[Fichier:Madrid_-_Palacio_de_Santa_Cruz_(Ministerio_de_Asuntos_Exteriores_de_España)_2.jpg|vignette|Palais de Santa Cruz (Madrid), siège du [[Ministère des Affaires étrangères (Espagne)|Ministère des Affaires étrangères]] où sont signés les Accords de Madrid.]]Au moment de la signature des Pactes, au Palais de Santa Cruz, siège du Ministère des Affaires étrangères, il apparaît déjà qu'il ne s'agit pas d'un accord entre égaux. L'Espagne est représentée par le ministre des affaires étrangères, [[Alberto Martín-Artajo]], et le ministre du Commerce, Manuel Arburúa, tandis que la représentation américaine se résume à son ambassadeur à Madrid et au président de la Chambre de commerce nord-américaine en Espagne<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Ministere Des Affaires|nom1=Etrangeres|titre=Documents diplomatiques Français: 1968-Tome II ({{1er}} juillet-31 décembre)|éditeur=Peter Lang|date=2010-01-01|isbn=9789052015576|lire en ligne=https://books.google.es/books?id=7_mBQXuMGmUC&pg=PA52&redir_esc=y#v=onepage&q=madrid&f=false|consulté le=2016-12-13}}</ref>.

Ligne 70 :

[[Catégorie:1953 en Espagne]]

[[Catégorie:Relations entre l'Espagne et les États-Unis]]

[[Catégorie:FranquismeEspagne franquiste]]

[[Catégorie:Guerre froide]]