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On a proposé des relations génétiques entre le basque et un nombre invraisemblable de langues : l'[[ibère]], le [[picte]], les [[langues afro-asiatiques]] (dont les [[langues berbères]], le [[guanche]]), les [[langues Niger-Congo]] et [[langues Khoïsan]], l'[[étrusque]], le [[minoen]], les [[langues ouraliennes]], le [[bourouchaski]], les [[langues dravidiennes]] du sud de l'Inde, les [[langues munda]] de l'est de l'Inde, les [[langues caucasiennes]], certaines [[langues paléo-sibériennes]], le [[langues chinoises|chinois]], les [[Inuit (langue)|langues esquimaudes]], les [[langues na-dené]] d'Amérique du Nord, et même les [[langues indo-européennes]]<ref>http://www.lexpress.fr/actualite/societe/le-basque-est-une-langue-indo-europeenne_1676396.html</ref>. Les seuls continents qui ont échappé à l'entreprise sont l'Amérique du Sud et le Pacifique. Elle montre qu'en 200 ans de recherches, aucune piste ne s'est imposée selon Michel Morvan en 1996<ref>Michel Morvan, ''Les origines linguistiques du basque'', Bordeaux, Presses Universitaires, 1996, 284 pages, {{p.}}19.</ref>. De plus, plusieurs études estiment qu'au bout de {{formatnum:10000}} ans, il ne resterait presque plus rien d'une langue, le matériau linguistique se trouverait entièrement renouvelé et l’origine commune entre le basque et toute autre langue serait alors très difficile à prouver<ref>{{en}} Joseph Harold Greenberg, ''Language in the Americas'', Stanford University Press, 1987, 438 pages.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Nicholas Wade, ''Before the Dawn: Recovering the Lost History of Our Ancestors'', Penguin, 2007-03-27, 320 pages.</ref>{{,}}<ref>Swadesh, Morris (1963). ''Nuevo Ensayo de Glotocronología Yutonahua'', Anales del INAH 15:263-302.</ref>.

Autre « hypothèse préhistorique » avec des termes reliques conservés par-delà les siècles et les distances dans d'autres groupes linguistiques. D'après Stephen Oppenheimer, le basque serait issu de la [[Magdalénien|culture magdalénienne]] dont l'expansion fait suite à l'adoucissement du climat en Europe 16 000 ans avant notre ère<ref>{{Lien web|langue = anglais|titre = The Origins of the British people|url = https://www.amazon.co.uk/The-Origins-British-Genetic-Detective/dp/1845294823|site = amazon.co.uk|date = 12 Apr 2007|consulté le = }}.</ref>. Selon Kalevi Wiik, cette expansion serait en relation avec la distribution de l'[[haplogroupe R1b]] qui domine en Europe occidentale<ref>{{Lien web|langue = anglais|titre = Where did European Men come from ?|url = http://www.jogg.info/41/Wiik.pdf|site = |date = |consulté le = }}.</ref>.

L'hypothèse « [[ibère]] » rapproche le basque de cet ensemble de langues anciennement parlées dans la [[péninsule Ibérique]] : de nombreuses similarités et des recoupements territoriaux importants, de part et d'autre des [[Pyrénées]], permettent ce rapprochement selon lequel les langues ibères formeraient elles-mêmes un isolat<ref>[http://www.webpersonal.net/jrr/ib8_en.htm « {{Lang|en|texte=Are Iberian and Basque related? The problem with "magical translators"}} »]. Jesús Rodríguez Ramos.</ref>. Même si l'ibère et le basque sont apparentés, cela ne fait que repousser la question.

L'hypothèse « [[Langues kartvéliennes|kartvèle]] » (groupe linguistique « euscaro-caucasien ») rapproche le basque de [[langues caucasiennes]] tel le [[géorgien]], en partant du postulat que l'[[ethnonyme]] ''Iberi'' et les [[toponyme]]s ''Iberia'' ou ''Hibernia'' qui se rencontrent de l'[[Océan Atlantique|Atlantique]] au [[Caucase]] désigneraient bien des peuples [[linguistique]]ment apparentés, ce qui n'est pas démontré même si on a rapproché le suffixe basque ''itz'' du suffixe géorgien ''vili'' (très peu probable) et même si le basque et les langues caucasiennes sont [[Ergativité|ergatives]], phénomène rare en Europe (mais cette caractéristique peut n'être qu'une similarité [[typologie des langues|typologique]]).

L'hypothèse « vasco-berbère » situe l'apparition de la langue basque avec l'arrivée de certaines troupes berbères de [[Hannibal Barca]] estimées à {{unité|20000|hommes}} qui en 218 {{av JC}} décidèrent de l'abandonner et de ne pas l'accompagner dans sa marche vers [[Rome]] depuis [[Carthage]]. La théorie est soutenue par quelques historiens [[Espagne|espagnols]] qui se fondent sur certaines similitudes linguistiques avec l'[[amazigh]] parlé en [[Mauritanie]], au [[Maroc]], aux [[îles Canaries]] et en [[Algérie]], ainsi que sur des considérations anthropologiques : les Basques étant majoritairement [[mésocéphale]]s comme les populations du [[Maghreb]] contrairement au reste des Espagnols qui sont [[dolichocéphale]]s pour ceux d'origine celte et [[brachycéphale]]s pour ceux d'origine ibère<ref>Igleisas Hector, 2011, « La parenté de la langue berbère et du basque : nouvelle approche », 29 p., en ligne sur [http://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00614290/ HAL‑SHS].</ref>. Il est très peu probable que cette hypothèse tienne, car les Basques était là bien avant le {{-s-|III|e}}

L'hypothèse « vasconique », proposée par le linguiste [[Allemagne|allemand]] [[Theo Vennemann]], postule qu'il y a suffisamment d'évidences toponymiques pour conclure que le basque est le seul survivant d'une plus grande famille qui s'étendait à travers la majorité de l'Europe, ainsi que le long du littoral atlantique, du [[Sénégal]] jusqu'aux [[îles Britanniques]], et dont on retrouve des traces du [[Wolof (langue)|wolof]] jusque dans les [[langues indo-européennes]] (plus récentes), en Europe<ref>Théorie des langues vasconiques, [http://www.germanistik.uni-muenchen.de/germanistische_linguistik/TV/Vennemann.htm Theo Vennemann].</ref>.

Selon [[Lilias Homburger]], le basque, étant une [[langue agglutinante]] est plus proche de l'[[égyptien ancien]], des [[langues dravidiennes]] (parlées aujourd'hui en [[Inde]] du Sud), et des langues africaines du groupe sénégalo-guinéen ([[Wolof (langue)|wolof]], [[Sérère (langue)|sérère]], [[peul]]), que des [[langues indo-européennes]]. Ce qui laisse penser qu'au Néolithique, avant l'extension de l'indo-européen commun, les langues agglutinantes recouvraient probablement l'[[Afrique]] du Nord, l'Europe méridionale et l'[[Asie]]<ref>[http://www.refer.sn/ethiopiques/article.php3?id_article=1465&var_recherche=dravidien].</ref>. Toutefois, la longue cohabitation avec les langues indo-européennes voisines a donné au basque actuel presque les deux tiers de son vocabulaire usuel.

On a aussi rapproché le basque des langues [[mésopotamie]]nnes comme le [[kurde]], ou le [[sumérien]], hypothèse peu vraisemblable en ce qui concerne le kurde qui est une langue indo-européenne. Voir tableaux ci-après.

Des comparaisons du basque avec d'autres langues non indo-européennes sont menées par différents linguistes. Selon le [[France|français]] [[Michel Morvan (linguiste)|Michel Morvan]] le basque est une langue eurasienne et l'erreur est d'avoir voulu la rattacher à une famille de langues traditionnelle bien délimitée. À cause de cette erreur s'est développé le dogme excessif du basque langue isolée. Sur ce sujet des [[Paléolinguistique|paléolinguistes]] partagent une hypothèse commune : l'hypothèse sino-caucasienne est en effet partagée par différents paléolinguistes comme Michel Morvan ou l'américain John Bengtson, qui donnent à la langue basque une origine commune avec des langues du Caucase (langues du nord-est du Caucase précise Michel Morvan) : Dans son ouvrage ''L'Origine des langues'', publié en 1994<ref>Titre original : ''The Origin of Language. Tracing the Evolution of the Mother Tongue''. Version française en 1996.</ref>, Merritt Ruhlen mentionne la langue basque comme faisant partie d'un groupe de langues appelé [[Langues dené-caucasiennes|''dené-caucasien'']]. Ce groupe comprend le basque, le caucasien, le [[Bourouchaski|burushaski]], le [[langues sino-tibétaines|sino-tibétain]], le iénisséien, le na-dené<ref>Merritt Ruhlen, ''L'Origine des langues'', pages 180 à 181.</ref>. Merritt Ruhlen rapporte que ce sont les travaux d'Edward Sapir qui ont mis en évidence le na-dené (localisé en Amérique du Nord). Puis que Sergueï Nikolaïev a repris les travaux de celui-ci en disant que le na-dené était apparenté à la famille caucasienne, sino-tibétaine et iénisséienne<ref name="Ruhlen">Merritt Ruhlen, ''L'origine des langues'', pages 85 à 87.</ref>. À la fin des années 1990, John Bengtson y a ajouté le basque et le burushaski, « deux idées que préfiguraient déjà les travaux de Trombetti et d'autres chercheurs »<ref>Merritt Ruhlen, ''L'origine des langues'', page 87.</ref> dit-il. Enfin, Merritt Ruhlen mentionne les travaux de [[Sergueï Starostine]] qui a décrit une famille qu'il a nommée sino-caucasienne et qui comprend les familles caucasiennes, sino-tibétaine et iénisséienne<ref name="Ruhlen"/>. Dans son article intitulé « Le basque, langue eurasienne », publié en 2008, Michel Morvan cite également les travaux de Sergueï Starostine<ref name="Caucase"/>. Il rapporte que, dans sa forme originelle, le basque pourrait remonter au [[paléolithique supérieur]] et il estime que cette langue est très stable dans le temps ce qui peut faciliter ainsi des comparaisons<ref name="Caucase"/>. Il donne à la langue basque une origine [[eurasie]]nne pré-indo-européenne et il écrit : « la piste sino-caucasienne est bonne »<ref name="Caucase">Michel Morvan, [http://www.euskaltzaindia.net/dok/euskera/72627.pdf ''Le basque, langue eurasienne''].</ref>. Dans son ouvrage ''L'origine des langues'', le linguiste [[Merritt Ruhlen]] rattache le basque au groupe des langues ''sino-caucasiennes'', lui-même rattaché à la super-famille des [[langues dené-caucasiennes]]. Pour le rattachement du basque à la famille dené-caucasienne, Ruhlen cite les travaux de Bengtson et Trombetti comme étant les principaux chercheurs ayant mis en lumière ce lien. Il explique également que les dené-caucasiens sont isolés entre eux par les autres groupes de langues eurasiatiques arrivés postérieurement. Sur le plan génétique, il dit que pris au niveau mondial le groupe bascophone ne se différencie pas suffisamment des autres européens pour constituer un isolat génétique. « Les langues ne font pas l'amour », dit-il pour expliquer des différences linguistiques que l'on ne retrouve pas dans les gènes. Selon cet auteur, des [[Proto-basque|proto-Basques]] auraient occupé l'Europe occidentale bien avant la migration des [[indo-européens]] au deuxième millénaire avant l'ère chrétienne<ref>Merritt Ruhlen, ''L'origine des langues'', Débats Belin, 1997 {{ISBN|978-2-7011-1757-7}}. [[Larry Trask]], ''{{Lang|en|texte=The History of Basque}}'', Routledge, 1997 {{ISBN|978-0-415-13116-2}}. [http://formes-symboliques.org/IMG/pdf/doc-148.pdf « Origine unique, multiple origine »] (article non signé).</ref>. Les ancêtres des [[Basques]] se seraient alors maintenus vers l'[[Océan Atlantique|Atlantique]] et les [[Pyrénées]], dans la région qu'ils occupent actuellement et nommée durant la conquête romaine d'après les territoires des [[caristes]], des [[vascons]], des [[cantabres]], des [[aquitains]], des [[vardules]] et autres tribus.

Arnaud Etchamendy, dans sa thèse de doctorat<ref>[http://www.euroskara.com/ Euskera-Erderak : basque et langues indo-européennes : essai de comparaison]'' [voir Nota 1].</ref> soutenue en 2007 où sont analysés près de trois mille mots, souligne le nombre considérable de termes similaires (tant pour la phonie que pour le sens). Ce constat ne peut pas résulter, selon lui, du seul emprunt du basque aux langues environnantes. En effet, très souvent, pour des termes de mêmes champs sémantiques, et par comparaison avec ceux de la même famille de ses voisins indo-européens, la ressemblance du basque est plus criante qu'avec ceux qui furent utilisés (il y a plusieurs milliers d’années) dans des territoires très éloignés de l’actuel Pays basque. Par ailleurs, un nombre non négligeable de termes basques sont en mesure d’éclairer des étymologies que les plus grands indo-européanistes du siècle dernier ont considéré douteuses, obscures, voire inexpliquées. Enfin, Arnaud Etchamendy réfute le caractère exclusif de certains particularismes généralement attribués à la langue basque (voir Nota 2)<ref>['''Nota 1''' : La thèse d’Arnaud Etchamendy a été vulgarisée sous son contrôle, avec l’aide de Dominique & Fina Davant et celle de Roger Courtois ; elle est accessible (en français et en espagnol) à l’adresse http://www.bascorama.com (rubrique ''« Questionnement sur l’origine de la langue basque »'']. ['''Nota 2''' : Droit de réponse d’Arnaud Etchamendy paru [http://www.lexpress.fr/actualite/societe/le-basque-est-une-langue-indo-europeenne_1676396.html dans l’express le 4/05/2015] - Voir également l’article « [http://www.bascorama.com/EUROSKARA/index_Galilee.htm Galilé et Euskara] » (accessible dans le site bascorama.com)].</ref>.

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