« Belanda Hitam » : différence entre les versions — Wikipédia


Article Images

Ligne 1 :

{{En-tête label|BA|année=2023}}

[[Fichier:Isaac_Israëls_Portret van gewonde KNIL-_Portret_van_de_gewonde_KNILmilitair Rijksmuseum SK-militair_Kees_PopA-4954.jpgjpeg|vignette| Tableau représentant un soldat noir des Indes néerlandaises par [[Isaac Israëls]]. Collection du [[Rijksmuseum Amsterdam]].|alt=Portrait d'un soldat noir avec un bras en écharpe et un bandana rouge autour du front. Il porte deux médailles sur son uniforme militaire.]]

'''Belanda Hitam''', ou '''Hollandais noirs''', est le nom des soldats africains servant au sein de l'[[Armée royale des Indes néerlandaises|armée royale néerlandaise des Indes orientales]] (''{{Langue|néerlandais|Koninklijk Nederlands Indisch Leger}}'') aux {{sps2-|XIX|e|et|XX|e|s}} dans les [[Indes orientales néerlandaises]] (aujourd'hui [[Indonésie]]). Les premières vagues de recrutement sont effectuées depuis la ville d'[[Elmina]] (maintenant située au [[Ghana]], en [[Afrique de l'Ouest]]). Ces recrues sont d'anciens esclaves provenant de l'intérieur du territoire dont les [[Empire colonial néerlandais|Néerlandais]] rachètent la liberté auprès du [[Empire ashanti|royaume ashanti]], à la suite de l'accord passé entre [[Jan Verveer]] et l'[[Empire ashanti|Asantehene]] [[Kwaku Dua I|{{nobrnoble|Kwaku Dua I}}]].

Entre {{Date|3=1831}} et {{Date|3=1872}}, plus de {{Nbr|3000|Africains}} sont recrutés sur la [[Côte-de-l'Or néerlandaise]] pour servir dans l'armée coloniale des Indes orientales néerlandaises. Ce recrutement est une mesure d'urgence pour maintenir un effectif suffisant sur place. En effet, les Néerlandais accusent de nombreuses pertes de soldats [[Europe|européens]] et des dizaines de milliers de soldats [[Peuple autochtone|indigènes]] dans la [[guerre de Java]] menée contre le prince javanais [[Diponegoro]]. Les [[Pays-Bas]] suivent l'exemple d'autres puissances coloniales comme le [[Royaume-Uni]] et la [[France]], en recrutant des soldats en Afrique afin de combattre dans d'autres colonies. En général, les membres des armées étrangères sont peu enclins à sympathiser avec la population indigène dans sa résistance à la domination coloniale. Le recrutement prend fin après la cession d'Elmina au Royaume-Uni par le [[traité de Sumatra]], signé en [[1871]].

Certains Africains retournent alors dans leur pays d'origine, en Afrique de l'Ouest, mais la plupart s'installent dans les Indes orientales néerlandaises après avoir prisépousé épousedes localementhabitantes. Leurs descendants sont considérés comme [[indo]] ou indo-africains et portent toujours le surnom de Belanda Hitam. Après la [[Seconde Guerre mondiale]] et la reconnaissance de l'[[Proclamation de l'indépendance de l'Indonésie|indépendance de l'Indonésie]] par les Pays-Bas, le {{Date|27 décembre 1949}}, la plupart d'entre eux s'installent aux [[Pays-Bas]].

== Histoire ==

=== Contexte ===

==== Politique de recrutement proposée dès 1802 ====

L'idée d'un recrutement d'hommes en [[Afrique de l'Ouest]] par le gouvernement néerlandais n'est pas neuve puisque les gouverneurs emploient fréquemment des mercenaires locaux et les intègrent aux garnisons de leurs forts, dès le début de la colonisation de la [[Côte-de-l'Or néerlandaise]], au {{S-|XVII}}. En {{Date|3=1802}}, une proposition de recrutement au sein de l'[[Forces armées néerlandaises|armée néerlandaise]] est avancée, à la suite àde la [[paix d'Amiens]]. Il est question de renforcer les garnisons du [[cap de Bonne-Espérance]]. L'objectif est de retirer les hommes de leur région afin d'améliorer leur propension à la fidélité et à l'obéissance dans des missions orientées contre des [[Indigène|indigènesindigène]]s. La promesse d'accorder à ces soldats (esclaves affranchis) les mêmes droits que les soldats d'origine européenne est évoquée, afin de fournir à ces soldats un statut particulier{{Sfn|van Kessel|2005|p=35}}.

Cependant, les [[guerres napoléoniennes]] mettent un terme au projet, puisque le conflit reprend dès {{Date|3=1803}} et que les [[Royaume-Uni|Britanniques]] s'emparent du [[Le Cap|du Cap]] dès {{Date|3=1811}}, ainsi que des possessions néerlandaises dans les [[Indes orientales]]. Le projet de recrutement ne reprend qu'après {{Date|3=1825}}, avec trois propositions d'initiatives privées adressées au Ministère de la Guerre et des Colonies des Pays-Bas{{Sfn|van Kessel|2005|p=35}}.

==== Situation dans dans les Indes orientales ====

Les Britanniques reprennent temporairement le contrôle de l'administration de plusieurs possessions néerlandaises des Indes orientales, dont [[Java (île)|Java]], entre {{Date|3=1806}} et {{Date|3=1816}} durant les guerres napoléoniennes. En {{Date|3=1824}}, le [[Traité de Londres (1824)|traité anglo-néerlandais]] stipule que les Néerlandais cèdent [[Malacca néerlandaise|Malacca]], dans la [[péninsule Malaise]], contre les possessions anglaises de [[Bengkulu (province)|Bengkulu]] à [[Sumatra]]. Les frontières territoriales entre les colonies de la [[Malaisie britannique]] et des [[Indes orientales néerlandaises]] n'évoluent plus et forment encore à ce jour les frontières entre la [[Malaisie]] et la [[Indonésie|république d'Indonésie]]. La capitale des Indes orientales néerlandaises à cette époque est [[Batavia (Indes néerlandaises)|Batavia]] (appelée aujourd'hui [[Jakarta]]){{Sfn|van Kessel|2005|p=46}}.

Tout au long de l'histoire de la [[Compagnie néerlandaise des Indes orientales]] (''{{Langue|néerlandais|Verenigde Oostindische Compagnie}}'', ou en abrégé VOC) et des Indes orientales néerlandaises, le contrôle néerlandais sur les territoires de l'archipel reste limité. Ce n'est qu'au début du {{s-|XX}} que les Néerlandais parviennent à maîtriser l'intérieur des territoires. De plus, bien que l'île de Java soit gouvernée depuis {{Nobr|350 ans}} par les Européens, de nombreuses régions, dont le [[Sultanat d'Aceh|le Sultanat d'Aceh]], [[Lombok]] et [[Kalimantan]], restent indépendantes au {{s-|XIX}}{{sfn|Witton|2003}}.

La politique expansionniste des Néerlandais soumet les îles à différents conflits et troubles. Les forces néerlandaises sont confrontées à une importante résistance des indigènes indonésiens qui affaiblit la domination et la présence de l'armée néerlandaise{{sfn|Schwarz|1994}}. Au {{S-|XVIII}}, la VOC utilise des armes à feu et obtient le soutien des tribus [[Bugis]] (de [[Célèbes|Sulawesi]]) et des [[Amboinais|Amboinaises]]es (des [[Moluques du Nord|Moluques]]) pour étendre et protéger ses intérêts commerciaux dans tout l'archipel. Certains conflits notables sont à retenir durant cette période : la [[guerre des Padri]] à Sumatra (1821-38), la [[guerre de Java]] (1825-30) lancée par le prince [[Diponegoro]] et la [[guerre d'Aceh]] (1874 à 1903){{sfn|Kingsbury|Riddell|Aspinall|McGibbon|2006}}.

==== Recrutement insuffisant aux Pays-Bas ====

Dans la guerre de Java, menée par Diponegoro, les Néerlandais subissent de lourdes pertes, avec un taux de mortalité pouvant atteindre {{Unité|45 %}} par an chez les Européens en {{Date|3=1827}} et {{Date|3=1828}}{{Sfn|van Kessel|2005|p=50}}{{,}}{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}. Sur toute la période de la guerre, plus de {{Nbr|15000|hommes}} meurent, dont {{Nbr|8000|Européens}} et {{Nbr|7000|indigènes}}{{Sfn|van Kessel|2005|p=50}}.

En {{Date|3=1830}}, l'[[Déclaration d'indépendance de la Belgique|indépendance]] de la [[Belgique]] vis-à-vis des Pays-Bas entraîne la réduction de la population néerlandaise recrutable<ref group="note">La population du Royaume des Pays-Bas passe de six millions à deux millions et demi.</ref>, rendant plus difficile pour les Néerlandais de compenser les pertes en vies humaines. De plus, bien que la conscription ait été introduite, la [[Constitution du royaume des Pays-Bas]] interdit l'envoi de conscrits en territoires coloniaux, : seuls les volontaires peuvent dès lors rejoindre l'armée coloniale{{Sfn|van Kessel|2005|p=49}}.

Un rapport de {{Date|3=1814}} sur la réforme des armées, indique que le taux de mortalité dans les Indes orientales est particulièrement élevé. Les volontaires doivent également suivre une formation spécifique afin d'augmenter leurs chances de survie. Après deux ans de service, près de la moitié des volontaires envoyés sont morts, se trouvent en incapacité de combattre en raison de maladies ou bien désertent{{Sfn|van Kessel|2005|p=49}}.

Ce rapport précise également que, pour maintenir le contrôle dans les Indes Orientales, une force de {{Nbr|10475|hommes}} est mobilisée, dont la moitié est constituée d'indigènes{{Sfn|van Kessel|2005|p=49}}. Pour s'assurer de la loyauté des soldats indigènes recrutés, ceux-ci ne peuvent excéder ce quota{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}.

Face à ces difficultés, les Néerlandais s'inspirent de la politique britannique qui recruteconsiste à recruter des troupes en Afrique pour les envoyer dans les [[Antilles britanniques]] afin de contrôler les soulèvements des esclaves travaillant dans les Caraïbes{{Sfn|Kessel|2009|p=61}}. Ils espèrent également que les troupes africaines résistent mieux que les Européens au climat et aux maladies tropicales dans les [[Indes orientales néerlandaises]]{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}. Des officiers néerlandais au [[Suriname]] et aux [[Antilles néerlandaises]] témoignent de l'action d'un régiment de troupes antillaises britanniques. La chercheuse néerlandaise {{Lien|langue=nl|trad=Ineke van Kessel|fr=Ineke van Kessel}} écrit que les Néerlandais sont influencés par un rapport positif du major [[Charles Hamilton Smith]], un fonctionnaire britannique né à [[Vroenhoven]] sous le nom de Karel de Smet, qui est également une connaissance personnelle de membres de la [[famille royale néerlandaise]]{{Sfn|Kessel|2009|p=62}}. En 1831, le gouverneur [[Frederich Last]] à Elmina reçoit l'ordre de recruter une compagnie militaire de {{nobr|150 Africains}} et de partir combattre dans les Indes néerlandaises{{Sfn|van Kessel|2005|p=17-18}}.

=== Recrutement en Afrique ===

Entre 1831 et 1872, {{Nobrnombre|3 0853085 Africains de l'Ouest}} principalement originaires de la [[Côte-de-l'Or néerlandaise]] et de l'[[Empire ashanti]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=12}} sont amenés à [[Java (île)|Java]] pour combattre aux côtés de l'armée coloniale néerlandaise (ou KNIL). Cet enrôlement se déroule en trois phases : la phase initiale (1831-1836), la phase de recrutement intensif (1837-1841) et la phase de recrutement sélectif à la fin des années 1850{{Sfn|van Kessel|2005|p=13}}.

==== Accord avec les Ashantis ====

[[Fichier:Elminarecruut.jpg|vignette| La KNIL recrute à Elmina.|alt=Photographie d'un soldat africain en uniforme militaire au garde-à-vous.]]

En 1831, le gouvernement néerlandais décide de recruter des soldats dans les colonies néerlandaises d'Afrique de l'Ouest. Sur les {{Nobr|150 soldats}} prévus par l'ordre de mission, le gouverneur d'Elmina ne parvient à enrôler que {{Nobr|44 hommes}}. Si certains ont déjà servi dans la garnison des forts coloniaux, la majorité de ces recrues sont des Euro-Africains endettés. Ce premier détachement est envoyé et ne satisfait pas le gouvernement à [[La Haye]] qui souhaite un recrutement d'Africains, et non de [[Mulâtre|mulâtresmulâtre]]s{{sfn|van Kessel 2005b|p=41-60}}.

En {{Date|3=1836}}, {{Nobr|88 hommes}} africains arrivent dans les Indes néerlandaises. Afin d'améliorer le recrutement, le gouvernement néerlandais envisage de nouer un partenariat avec le roi [[Empire ashanti|ashanti]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=75, 81, 170}}. À cette fin, à l'automne 1836, le [[major général]] [[Jan Verveer]] se voit confier la mission de persuader le roi ashanti{{Sfn|van Kessel|2005|p=69, 121}}. Après son arrivée à Elmina le {{date-|1er novembre 1836}}, il en part avec un groupe d'environ {{Nobr|900 hommes}} (principalement des porteurs transportant des marchandises et des souvenirs) pour [[Kumasi]], la capitale de l'[[Empire ashanti]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=75, 81, 170}}.

La plan initial d'employer des recrues [[ashantis]] est rejeté et les négociations portent alors sur l'achat d'esclaves originaires de l'intérieur des terres, nommés ''Donko''. Cependant, du fait des [[Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni|du fait des accords anti-esclavagistes signés avec les britanniquesBritanniques]], cette piste est risquée et ne peut s'envisager qu'avec des conditions particulières{{Sfn|van Kessel|2005|p=60-61}}.

{{Article connexe|Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni}}

Après de longues négociations, Verveer conclut un accord pour le recrutement d'Africains avec le roi [[Kwaku Dua I|Kwaku Dua]] le {{Date-|18|mars|1837}}. Les conditions de traitement des recrues sont clairement définies. L'[[Empire ashanti|Asantehene]] s'engage à fournir {{Nbr|1000|recrues}} en échange de {{Nbr|6000 armes}} à feu{{sfn|van Kessel 2005b|p=41-60}}. Cet accord provoque un conflit commercial dans les petits États de la côte et mène au conflit [[Guerre ahanto-néerlandaise|ahanto-néerlandais]] porté par [[{{noble|Badu Bonsu II]]}} en 1837<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=nl|auteur1=Michel Doortmont|titre=Nederland, Ghana en koning {{noble-|Badu Bonsu II}}|sous-titre=Over goede diplomatieke betrekkingen en het hoofd van een Ghanese koning|lieu=Groningen|éditeur=|année=2008|isbn=|lire en ligne=https://www.academia.edu/4094878/Nederland_Ghana_en_koning_Badu_Bonsu_II_Over_goede_diplomatieke_betrekkingen_en_het_hoofd_van_een_Ghanese_koning}}.</ref>. L'accord prévoit également que Kwaku Dua puisse envoyer deux fils de la famille royale, nommés [[Kwasi Boachi]] et Kwame Poku, étudier aux Pays-Bas. Le romancier [[Arthur Japin]] écrit à leur sujet, dans son roman ''Le Noir au cœur blanc'', paru en {{Date|3=1997}}{{Sfn|van Kessel|2005|p=7}}.

Dans son rapport, Jan Verveer rapporte à [[Batavia (Indes néerlandaises)|Batavia]] qu'après deux ans d'entraînement, les premiers hommes recrutés seront prêts car ils sont {{Citation|naturellement loyaux, volontaires, obéissants et, bien guidés, inébranlables envers l'ennemi}}{{Sfn|van Kessel|2005|p=62}}. Il promet que {{Nbr|2000|hommes}} seront recrutés et envoyés à Java, courant {{Date|3=1837}} et un centre d'enrôlement est mis en place à Elmina afin de faciliter le recrutement, qui est coordonné par J. Huydecoper, un fonctionnaire euro-africain descendant de [[Jan Pieter Theodoor Huydecoper|Jan Huydecoper]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=80, 83, 88}}. Cependant, au terme de l'année 1837, seuls {{Nobr|595 africainsAfricains}} sont effectivement envoyés à Java{{Sfn|van Kessel|2005|p=76}}.

En {{Date|3=1842}}, le recrutement cesse provisoirement sous la pression des campagnes anti-esclavagistes des Britanniques. Cependant, il reprend en {{Date|3=1855}}, en raison des résultats positifs des premiers soldats africains postés dans les Indes orientales néerlandaises, tout en se basant exclusivement sur le volontariat à partir de cette époque. En {{Date|3=1860}}, après les deux premières vagues de recrutement, un détachement complet est envoyé à Java, rapidement suivi par des centaines d'autres recrues qui forment les troisième et quatrième vagues{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}.

==== Conditions proposées aux recrues ====

À la suite de l'[[abolition de l'esclavage au Royaume-Uni]], le recrutement ne doit plus être présenté comme un achat d'esclaves. Jan Verveer suggère de mettre l'accent sur la portée humanitaire de l'action puisque ces esclaves craignent quotidiennement pour leur vie et risquent d'être utilisés comme offrandes lors de [[Sacrifice humain|sacrifices humains]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=60-61}} :

{{BlocCitation citationbloc|Leur passage dans notre service militaire est considéré, par eux, comme la plus grande bonne fortune qui puisse leur arriver !}}

Des sacrifices humains sont en effet signalés en Afrique Occidentaleoccidentale, dès le {{S-|XVI}}, parmi de nombreux peuples dont les [[Ashantis|Ashanti]], les [[Malinkés|Mandingues]], les [[Dogon (peuple)|Dogons]] et les [[Yoruba (peuple)|Yoruba]]. Selon l'[[Ethnologie|ethnologue]] Henri Labouret, la pratique a encore cours au début du {{S-|XX}}, {{Citation|malgré la surveillance exercée par les autorités administratives}}. Il s'agit tantôt de fournir des serviteurs à un défunt dans l'au-delà, tantôt de se prémunir contre une mauvaise récolte ou de remercier les puissances surnaturelles pour une bonne récolte<ref>{{Article|prénom1=Henri|nom1=Labouret|titre=Sacrifices humains en Afrique occidentale|périodique=Journal des Africanistes|volume=11|numéro=1|date=1941|doi=10.3406/jafr.1941.2512|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/jafr_0037-9166_1941_num_11_1_2512|consulté le=2023-07-15|pages=193–196}}</ref>.

Les conditions proposées aux recrues leur permettent d'accéder au même rang social et aux mêmes droits que les soldats européens. Elles perçoivent une solde et un traitement en nature égaux en tout aspectpoint. Cependant, contrairement aux volontaires européens, la durée de leur service militaire n'est pas de {{Nbrnobr|6 ans}}, mais de {{Nbrnobr|15 ans}}. Par ailleurs, la recrue doit explicitement se déclarer volontaire{{sfn|van Kessel 2005b|p=41-60}}. Enfin, dans la politique d'intégration de Jan Verveer, on recommande aux recrues de se faire [[Baptême catholique|baptiser]] dans la religion chrétienne et les nouveaux soldats deviennent en majorité [[Église catholique|catholiques]]{{Sfn|van Kessel|2007|p=254}}.

Enfin, dans le cas d'esclaves rachetés, une retenue sur solde est prévue. En effet, le recrutement auprès du roi Ashantiashanti consiste à acheter la liberté des esclaves qui sont intégrés à la KNIL en tant que membres volontaires, ce qui occasionne pour ces recrues une dette envers l'armée{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}. La retenue sur solde opérée permet au volontaire de rembourser sa dette en deux ans{{sfn|van Kessel 2005b|p=41-60}}.

Au terme de leur contrat, les soldats ont plusieurs alternativespossibilités : continuer leur carrière militaire, retourner à Elmina ou s'installer dans les Indes néerlandaises{{sfn|van Kessel 2005b|p=41-60}}.

==== Dénomination et origines ====

En [[Malais (langue)|malais]], on les appelle ''belandaBelanda hitamHitam'' (Hollandais Noirsnoirs) parce qu'ils utilisent des noms hollandais (Johannes, Mozes, entre autres) et aussi parce qu'ils se considèrent supérieurs aux membres de l'armée indigène venus des îles de [[Java (île)|Java]] et d'[[Ambon (île)|Ambon]]{{Sfn|Kessel|2002|p=147}}. Cela est dû au fait qu'ils sont recrutés dans l'armée coloniale en tant qu'Européens{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}{{,}}<ref group="note">L'égalité de statut et de conditions de service avec les Européens a été promise et mise en œuvre par les Néerlandais, mais cette promesse d'égalité a également alimenté une série de rébellions de la part des soldats africains. La mutinerie qui a débuté avec l'échange de matelas contre des nattes en est un exemple. Les soldats africains estimaient qu'ils n'étaient pas traités de la même manière que les soldats européens, qui utilisaient encore des matelas comme literie.</ref>. Ils sont recrutés à [[Elmina]] en [[Côte-de-l'Or néerlandaise]] (maintenant situé au [[Ghana]]) par un représentant de l'armée royale néerlandaise des Indes orientales, mais certains sont achetés au marché aux esclaves de [[Kumasi]]{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}. Une petite proportion provient également d'endroits encore plus éloignés comme le [[Burkina Faso]], le [[Mali]], le [[Niger]], la [[Côte d'Ivoire]] et le [[Bénin]]<ref name=":1">{{Lien web |langue=en |titre=Stitching Indo Afrikans Contact |url=https://web.archive.org/web/20140114095623/http://www.iakfoundation.nl/en |site=web.archive.org |date=2014-01-14 |consulté le=2023-07-14}}</ref>. Après la cession de la colonie aux [[Angleterre|Britanniques]] le {{date-|6 avril 1872}} par le [[traité de Sumatra]], la zone de dépôt est fermée et l'implication des Africains de l'Ouest dans l'armée néerlandaise des Indes orientales cesse progressivement{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}.

=== Premiers combats ===

Les recrues de la première vague participent, en {{Date|3=1836}}, à l'assaut du fort de Bondjol, dans l'Ouest de [[Sumatra]], durant le [[Guerre des Padri|conflit contre les Padri]]. Ils sont placés en première ligne et [[Toewankoe Imam]], le chef des Padri, se plaint notamment du traitement réservé à ses femmes lors de sa capture. Certaines sont blessées, l'une d'elles meurt. Selon le lieutenant-colonel H. M. Lange, l'usageemploi des soldats africains, encore inexpérimentés, représentait une erreur{{sfn|van Kessel 2005b|p=41-60}}.

Les recrues de la deuxième vague participent à la [[guerre ahanto-néerlandaise]] face à [[{{noble|Badu Bonsu II]]}} et intègrent l'expédition punitive coordonnée par Jan Verveer en {{Date|1838}}. Il s'agit de la première action militaire à laquelle les recrues, destinées pourà Java, participent. Cependant, elles manquent d'entraînement et le rapport fait état de désorganisation et de mauvaise compréhension des ordres{{Sfn|van Kessel|2005|p=75}}.

En {{Date-|septembre 1838}}, le rapport général sur les Africains qui s'appuie sur les rapports de commandants de bataillon, se montre critique, mais relativement positif. : {{Citation|Les nègres sont très bien habitués à la vie militaire, [mais ils] ont peu de compréhension de la subordination et montrent peu de respect envers les sous-officiers et le caporaux.}}. Sachant que les hommes proviennent de cultures différentes, le principal problème est celui de la communication. Sur le plan comportemental, le rapport souligne qu'ils sont {{Citation|paresseux mais infatigables et intrépides au combat}}{{Sfn|van Kessel|2005|p=75}}.

=== Expédition à Aceh ===

Ligne 78 :

Au début du {{s-|XIX}}, le pouvoir du gouvernement néerlandais est limité à l'île de Java, à la côte sud de Sumatra, dans les [[Moluques]] et d'autres îles. La nouvelle administration néerlandaise établit son pouvoir dans les îles néerlandaises des Indes orientales en 1900, et les membres de l'armée africaine jouent un rôle dans le développement de ce pouvoir. Les troupes de la compagnie africaine combattent aux côtés des troupes européennes du KNIL lors des campagnes néerlandaises à Sumatra, [[Kalimantan]], [[Célèbes|Sulawesi]], [[Bali (province)|Bali]], [[Timor occidental|Timor]] et Aceh{{Sfn|Kessel|2009|p=61}}.

Parmi les contingents non-européens de la {{Lien|langue=en|trad=Second Aceh Expedition|fr=seconde expédition d'Aceh}} en {{Date|3=1873}} se trouvent deux groupes de troupes de compagnie composées de membres ouest-africains, les 3<sup>e</sup>{{3e}} et 4<sup>e</sup>{{4e| ''Rechter Halve''}} du second bataillon d'infanterie sous les ordres du lieutenant-colonel {{Lien|langue=nl|trad=Karel van der Heijden|fr=Karel van der Heijden}}. En termes d'effectifs, il s'agit d'environ {{Nobr|230 hommes}} sur une force totale de {{Nobrnombre|13 00013000 hommes}}. Cependant, ces membres rejoignent les autres troupes de la KNIL avec une excellente réputation ; de plus, ils peuvent supporter les conditions locales. Ils reçoivent des soldes plus élevésélevées que les autochtones et partagent les dortoirs des soldats européens. Les deux compagnies africaines sont placées sous le commandement du major M.A.E. Phaff{{sfn|Kepper|1874|p=122}}.

Au même moment, les troupes du sultanat d'Aceh entament une série d'attaques contre les villages qui ont collaboré avec les Néerlandais. Des soldats africains sont déployés pour protéger les régions de Meuraksa et Lampaseh à Aceh, et le {{date-|26 juillet 1874}} également à Surian - ce qui permet aux réfugiés de se déplacer à travers la rivière Aceh et de traverser la route de la côte à [[Banda Aceh|Kuta Raja]] en toute sécurité{{Sfn|van Kessel|2005|p=151}}. Depuis la conquête de Surian le {{date-|26 juillet 1874}}, les soldats africains sont également chargés de délivrer des laissez-passer à tous les Acehnais qui souhaitent s'y rendre. Au cours de cette campagne, un artilleur africain, T. Tak, reçoit la médaille de chevalier de {{4e|classe}} de l'[[ordre militaire de Guillaume]], le [[sergent]] africain J. Noudjedij et les soldats africains J. Hat, W. Muil et W. Bamberg reçoivent respectivement la médaille de bronze de la bravoure et de la loyauté, tandis que W. Zwol et T. Zaal reçoivent des mentions spéciales{{Sfn|van Kessel|2005|p=151}}. Leur nombre passe alors de 230 à 116 en raison de la rotation des troupes et du manque de nouvelles recrues. Cette situation perdure jusqu'à ce que les effectifs des {{3e}} et {{4e|compagnies}} du {{2e|bataillon}} d'infanterie soient rétablis grâce à l'arrivée de soldats néerlandais supplémentaires en provenance d'Europe{{Sfn|de Bruyne|1899|p=68-72}}.

Le {{date-|8 novembre 1875}}, le colonel {{Lien|langue=nl|trad=Johannes Ludovicius Jakobus Hubertus Pel|fr=Johannes Ludovicius Jakobus Hubertus Pel|texte=J.L.J.H. Pel}} retourne à Aceh en tant que major général et [[commandant en chef]]. Le {{date-|9 novembre}}, il prend la relève du colonel Wiggers van Kerchem, qui quitte Aceh le {{date-|10 novembre}}{{Sfn|de Bruyne|1899|p=68-72}}. Pendant la guerre d'Aceh, sous la direction du major-général Pel, le nombre de soldats africains se réduit à environ {{Nobr|176 hommes}}{{Sfn|de Bruyne|1899|p=30}}. Avec la permission du gouvernement néerlandais des Indes orientales, Pel nomme deux officiers du [[Raj britannique]], à savoir le capitaine A. P. Palmer et le capitaine W. S. A. Lockhart, comme observateurs militaires dans la plupart des opérations de guerre{{Sfn|van Kessel|2005|p=152}}. Palmer écrit plus tard dans son rapport que les soldats africains sont de loin les meilleurs de l'armée de la KNIL. Palmer n'apprécie pas les artilleurs européens et javanais mal formés, mais note que les Acehnais ont une grande estime pour les Africains de l'Ouest. Des efforts sont déployés pour combler la pénurie de soldats africains, mais échouent en raison des protestations britanniques, qui estiment qu'il s'agit d'esclavagisme déguisé{{Sfn|van Kessel|2005|p=152}}.

=== Occupation japonaise et exil ===

[[Fichier:KITLV A895 - Infanteriekampement te Poerworedjo, KITLV 94289.tiff|vignette|Base militaire de Purworejo|gauche|400x400pxupright=1.2|alt=Vue aérienne de la base militaire de Purworejo.|Base militaire de Purworejo.]]

Le {{Date-|6 mars 1942}}, l'armée japonaise entre dans Purworejo, ancien chef-lieu de la [[Kabupaten de Purworejo]], où les Néerlandais ont établi la base principale des Belanda Hitam, et l'envahisseur nippon occupe la péninsule. Après la capitulation du KNIL face au Japon, les soldats en service sont faits prisonniers. L'administrateur japonais sépare les Indo-Africains des Indo-Européens, si bien qu'il ne reste que des femmes et enfants dans la ville-garnison de Purworejo{{Sfn|van Kessel|2007|p=259}}. Un groupe de prisonniers indo-africains est envoyé en [[Birmanie]] afin d'effectuer les travaux sur le chemin de fer devant mener jusqu'au [[Siam]]. Durant leur captivité, de nombreux prisonniers afro-indonésiens meurent de mauvais traitements{{Sfn|van Kessel|2007|p=260}}.

Ligne 91 ⟶ 92 :

==== La révolution nationale indonésienne ====

Dès la fin de la [[Seconde Guerre mondiale]], les Indonésiens menés par [[Soekarno]] et [[Mohammad Hatta]] proclament l'[[Proclamation de l'indépendance de l'Indonésie|l'indépendance du pays]]. Lors du [[Révolution nationale indonésienne|conflit armé]] qui éclate entre les nationalistes et la puissance coloniale, les soldats indo-africains libérés des camps de prisonniers japonais se trouvent alors engagés aux côtés des Néerlandais{{Sfn|van Kessel|2007|p=260}}. La région du [[Java oriental]] est le théâtre de nombreuses violences. Selon l'historien William H. Frederick, le nombre de victimes néerlandaises et alliées s'élève probablement à plus de {{formatnum:6000}}. Les causes de ces massacres résident principalement dans les tensions raciales entre les deux camps{{sfn|Frederick|2012|p=359-380}}.[[Fichier:Van Mook.png|vignette|720x720px|Entre {{Date|3=1945}} et {{Date|3=1950}}, le statut de la future [[république d'Indonésie]] évolue au gré des rapports de force entre les puissances coloniales (Pays-Bas et Royaume-Uni) et les mouvements indépendantistes locaux. Ci-dessus, la situation sur l'île de Java, en janvier 1948, avec en rouge, les territoires contrôlés par les indépendantistes indonésiens.|centré|alt=Les indépendantistes contrôlent l'extrémité Nord-Ouest de l'île et la partie centrale dont Purworejo.]]

[[Fichier:Van Mook.png|vignette|centré|upright=3.0|Entre 1945 et 1950, le statut de la future [[république d'Indonésie]] évolue au gré des rapports de force entre les puissances coloniales (Pays-Bas et Royaume-Uni) et les mouvements indépendantistes locaux. Ci-dessus, la situation sur l'île de Java en janvier 1948 avec, en rouge, les territoires contrôlés par les indépendantistes indonésiens.|alt=Les indépendantistes contrôlent l'extrémité nord-ouest de l'île et la partie centrale dont Purworejo.]]

Comme les Belanda Hitam ont la réputation de soutenir le gouvernement néerlandais, les nationalistes indonésiens capturent les habitants de Purworejo en 1945, c'est-à-dire les femmes et les enfants des soldats indo-africains. En 1946, suite aux [[Accord de Linggarjati|accords de Linggarjati]], les soldats indo-africains sont placés en garde à vue dans des camps par les nationalistes indonésiens. Enfin, en 1949, avec le transfert de souveraineté, l'armée néerlandaise est rapatriée et ce rapatriement concerne également la population indo-africaine{{Sfn|van Kessel|2007|p=263-264}}.

Comme les Belanda Hitam ont la réputation de soutenir le gouvernement néerlandais, les nationalistes indonésiens capturent les habitants de Purworejo en 1945, c'est-à-dire les femmes et les enfants des soldats indo-africains. En 1946, à la suite auxdes [[Accord de Linggarjati|accords de Linggarjati]], les soldats indo-africains sont placés en garde à vue dans des camps par les nationalistes indonésiens. Enfin, en 1949, avec le transfert de souveraineté, l'armée néerlandaise est rapatriée et ce rapatriement concerne également la population indo-africaine{{Sfn|van Kessel|2007|p=263-264}}.

Si quelques Belanda Hitam acceptent de prendre la nationalité indonésienne, la majorité rejoint les Pays-Bas{{Sfn|van Kessel|2007|p=265}}. Les violences commises contre les Belanda Hitam sont indissociables des violences commises contre les Néerlandais de souche européenne et leurs alliés britanniques. Dans certains cas, on relate aussi des meurtres d'[[Amboinais]], confondus avec des Belanda Hitam, à cause de leur peau noire{{sfn|Frederick|2012|p=359-380}}.

==== Exil et diaspora ====

Dans le contexte post -colonial du début des années 1950, la loyauté affichée des Indo-Africains aux Pays-Bas n'est pas le seul facteur qui provoque l'exil d'une majorité d'Indo-Africains. Daan Cordus, un témoin de la première vague d'exil qui suit l'indépendance, explique qu'il décide de quitter l'Indonésie avec sa famille car le pays n'offre aucune perspective d'avenir pour les siens{{Sfn|van Kessel|2007|p=265}}. En raison des tensions croissantes entre les Pays-Bas et la nouvelle République indonésienne, une nouvelle vague se produit car les pensions allouées par le gouvernement néerlandais ne sont plus versées et que les écoles ne sont plus autorisées à enseigner le néerlandais{{Sfn|van Kessel|2007|p=266}}. De plus, les échanges entre les premiers exilés arrivés aux Pays-Bas et les Indo-Africains restés en Indonésie relatent la relative facilité avec laquelle les exilés s'intègrent à la société néerlandaise. En effet, les clivages dans la société néerlandaise ne sont pas ceux des anciennes Indes orientales dont hérite l'Indonésie. Une fois en Europe, les Indo-Africains ne sont plus identifiés comme une communauté spécifique, mais considérés comme des Indo-Européens, ce qui leur permet de s'intégrer à la société néerlandaise sans rencontrer d'obstacles{{Sfn|van Kessel|2007|p=265}}{{,}}{{Sfn|van Kessel|2007|p=266}}.

== États de service ==

Ligne 104 ⟶ 107 :

=== Conformité et courage ===

[[Fichier:Weenen,_B_van_en_Afrika_korporaal_de_Leeuw.jpg|vignette| Le caporal néerlandais, B. van Weenen (à gauche) et le caporal africain, J. de Leeuw.|alt=Photographie noir et blanc de deux soldats décorés en uniforme. Un, de couleur blanche, est assis et regarde de face. L'autre, de couleur noire, effectue le salut militaire.]]

Les Néerlandais essaient de s'assurer de l'obéissance de leurs soldats africains en leur accordant un traitement spécial par rapport aux soldats indigènes de la KNIL. Les membres africains bénéficient du même statut et des mêmes conditions de service (solde, promotions, [[nourriture]], [[Vêtement|vêtementsvêtement]]s, etc.) que les membres européens. En conséquence, les membres africains de l'armée se sentent au-dessus des membres indigènes, qu'ils méprisent. La structure de l'armée coloniale est organisée selon des strates strictes fondées sur l'ethnie et le [[statut social]]. Au sommet de la hiérarchie se trouvent les Européens. Les Ambonais, qui sont [[Christianisme|chrétiens]], sont au milieu tandis que les autres soldats indigènes (les Javanais, les Bugis, etc.), qui sont [[Islam|musulmans]], sont en bas. Les uns et les autres honorent cependant l'Européen à la tête de leur armée{{Sfn|Kessel|2002|p=153}}{{,}}<ref group="note">Les Néerlandais, comme d'autres puissances coloniales, ont délibérément créé cette stratification afin que les Africains se sentent étrangers aux indigènes et ne sympathisent pas avec eux si ces derniers s'opposent aux Européens.</ref>.

Les Néerlandais sont généralement satisfaits de la qualité des soldats africains. Ineke van Kessel cite un des premiers rapports néerlandais qui indique, entre autres, que {{Citation|ce sont des gens honnêtes ; aucun signe de vol n'a été signalé. Ils sont forts, bien bâtis, infatigables et se sont adaptés au climat tropical. Lors des expéditions militaires, ils font preuve de courage, plus que les Européens}}{{Sfn|Kessel|2002|p=154}}{{,}}<ref group="note">{{Lang-en|"they were honest men; no traces of thievery had been reported. They were mostly strong, muscled, indefatigable and very adapted to the tropical climate. During military expeditions they demonstrated bravery and fearlessness, even more so than the Europeans."}}.</ref>. De nombreux membres africains reçoivent des décorations pour leur bravoure, en particulier après l'expédition contre Aceh<ref>{{Lien web |langue=ms |titre=‘Belanda Hitam’ di Hindia-Belanda - Sangkelana |url=http://sunjayadi.com/belanda-hitam-di-hindia-belanda/ |date=2012-01-25 |consulté le=2023-07-08}}.</ref>.

Ligne 113 ⟶ 116 :

Bien que les membres africains fassent preuve de courage, ils mènent également une série de rébellions sur les îles de Java et de Sumatra. La plupart des membres de l'armée africaine, sinon tous, sont d'anciens esclaves. Il s'agit de prisonniers de guerre des Ashanti ou des États tributaires des Ashanti, ou de serviteurs sous contrat d'autres tribus. Ils achètent leur liberté par endettement envers la KNIL, mais sont pleinement conscients du rôle qui leur est assigné{{Sfn|Kessel|2002|p=142}}.

Les recrues africaines rejoignent la KNIL avec la promesse d'un statut similaire auxà celui des soldats européens. Les Néerlandais honorent généralement cette promesse envers les soldats africains. Et même si ces soldats africains viennent d'horizons très différents (groupes ethniques, langues, cultures), ils sont unis pour réclamer les droits et l'égalité avec les soldats européens qui leur sont promis{{Sfn|Kessel|2002|p=146}}.

Entre 1838 et 1841, plusieurs soulèvements se produisent. En {{date-|avril 1840}}, les soldats africains de [[Kabupaten de Purworejo|Purworejo]] se révoltent à cause des soldes. Cette révolte est précédée de quelques griefs car les promesses d'égalité en matière de vêtements et de [[Lit (mobilier)|literie]] sont bafouées. En {{date-|juin 1841}}, certains soldats africains du camp de [[Godart van der Capellen|Van der Capellen]] à Sumatra refusent d'obéir aux ordres parce qu'ils sont moins bien payés que les Européens. Un incident s'ensuit entre les soldats européens et africains qui se conclut par la mort de deux Africains{{Sfn|Kessel|2002|p=152}}. L'incident de Sumatra conduit le gouvernement colonial à revoir le système de recrutement et la participation des Africains à la KNIL{{Sfn|van Kessel|2007|p=261}}.

Les récits néerlandais de l'époque évoquent plusieurs raisons de rébellion parmi les soldats africains. Ces raisons sont liées à la structure ethnique de la KNIL, à la perception du statut et à la promesse d'égalité avec les Européens. Du point de vue des responsables militaires européens, les Africains ne sont pas si différents des [[Ambon (île)|Amboniens]] ou d'autres membres indigènes. Ils se demandent notamment pourquoi les soldats africains bénéficient d'un traitement spécial par rapport aux membres d'Ambon, qu'ils considèrent comme plus compétents et de même religion. Les Africains, pour leur part, jouissent du statut d'Européen et méprisent les autochtones, y compris les Ambonais, qui bénéficient pourtant également d'un traitement particulier en tant que chrétiens. Les Africains s'offusquent, par exemple, qu'on leur donne des matelas de couchage similaires à ceux des soldats d'Ambon, au lieu de matelas prévus pour les Européens. Ce problème de literie, mêlé à d'autres manquements, est à l'origine de l'incident de {{Date|3=1841}}{{Sfn|Kessel|2002|p=161-163}}.

== Population indo-africaine ==

[[Fichier:Famille Jol indo-africaine.webp|alt=Photo de famille avec une femme en robe blanche à gauche, un soldat africain en uniforme âgé et assis au centre, un jeune soldat médaillé en uniforme à sa droite.|vignette|Famille indo-africaine du soldat Jacobus Jol, marié en 1862.]]

=== Localisation ===

Le recrutement des Africains prend fin en 1872 après la cession d'Elmina aux Britanniques. Cependant, de nombreux membres de l'armée africaine qui ont épousé des femmes indigènes choisissent de rester dans les Indes néerlandaises après la fin de leur fonction{{Sfn|Boyce|2008|p=721}}{{,}}<ref group="note">Selon Ineke van Kessel, tout comme les autres membres de l'armée de la KNIL, les soldats africains ont noué des relations avec des femmes locales. Leurs descendants parlaient le néerlandais, étaient chrétiens et ont été éduqués dans les écoles néerlandaises. Au fil du temps, ils se sont intégrés à la société indo.</ref>. À Java, la communauté indo-africaine est restée intacte et prospère jusqu'à la [[Seconde Guerre mondiale]]. La majorité des Indo-Africains vivent à [[Semarang]] et Purworejo dans le [[Java central]], où le roi [[{{noble|Guillaume III (roi des Pays-Bas)|Guillaume III]]}} alloue une parcelle de terrain aux Africains en 1859{{Sfn|Boyce|2008|p=721}}. Purworejo conserve même les registres des baptêmes de ces familles indo-africaines catholiques{{Sfn|Kessel|2002|p=147}}. En outre, des familles indo-africaines vivent également dans d'autres grandes villes telles que Batavia, [[Salatiga]], [[Surabaya]] et [[Territoire spécial de Yogyakarta|Yogyakarta]]{{Sfn|Boyce|2008|p=721}}. Traditionnellement, cette communauté sert de père en fils dans l'armée de la KNIL. Cela explique la présence continue d'Africains de l'Ouest dans l'armée néerlandaise à Aceh ainsi que dans la campagne de recrutement qui s'achève en 1872<ref>{{Lien web |langue=ms |titre=Sejarah Serdadu ‘Londo Ireng’ di Indonesia |url=https://web.archive.org/web/20141020055939/http://media.kompasiana.com/buku/2012/01/31/sejarah-serdadu-londo-ireng-di-indonesia-435287.html |site=media.kompasiana.com|date=2014-10-20 |consulté le=2023-06-24}}.</ref>.

LeurLes décès sont également commémorésinscrits dans certains registres. Par exemple, les registres de [[1896]] mentionnent ces deux décès : le tirailleur africain W. Denk, matricule 35700, mort des suites de ses blessures le {{date-|11 août 1896}} lors d'une visite à Lepong et Lubang, et le sergent africain J. Boon, matricule 18401, mort des suites de ses blessures le {{date-|24 août 1896}} lors d'une visite à [[Mukim]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=153}}. Les premières mentions sont celles de Pieter Hermans, promu sous-lieutenant fin [[1837]], qui reçoit deux décorations spéciales et également la médaille de bronze du courage et de la loyauté{{Sfn|van Kessel|2005|p=96}}{{,}}<ref group="note">Hermans est le premier à arriver dans les Indes néerlandaises, en 1832. Il gravit les échelons et est promu sergent deux ans plus tard. Son salaire est le même que celui d'un sergent européen, mais il reçoit la moitié du salaire d'un lieutenant européen - le même que celui d'un lieutenant d'Ambon - lorsqu'il est promu. Hermans n'est pas satisfait et s'en est plaint à plusieurs reprises. Ses supérieurs n'en démordent pas et il est finalement renvoyé du service en raison de sa revendication incessante de l'égalité des droits.</ref>.

[[Fichier:Bamako Fabric Stamper (26613476748).jpg|gauche|vignette|upright=1.52|Impression à la main d'un coupon de [[Wax (tissu)|Wax]] à [[Bamako]], technique popularisée par les soldats rapatriés après leur service.|alt=Africain penché sur un tissus et tenant un pochoir servant à l'impression des motifs]]

Une petite partie des soldats africains retournent à Elmina après la fin de leur service et s'installent sur une colline derrière le [[Saint-Georges-de-la-Mine|fort Saint-Georges]]{{Sfn|Abbink|2012|p=73}}. La colline est rebaptisée ''Java Hill'' en mémoire de leurs contributions militaires{{Sfn|Boyce|2008|p=721}}. Des Indes orientales néerlandaises, ils apportent des techniques de [[batik]], qui sont devenusdevenues si populaires au Ghana et dans d'autres parties de l'Afrique de l'Ouest, qu'un marché du batik fait à la main émerge, lancé en {{Date|3=1876}} par la société néerlandaise [[Vlisco]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=194}}{{,}}{{sfn|Tranberg Hansen|Madison|2013}}.

Leur décès sont également commémorés dans certains registres. Par exemple, les registres de [[1896]] mentionnent ces deux décès : le tirailleur africain W. Denk, matricule 35700, mort des suites de ses blessures le {{date-|11 août 1896}} lors d'une visite à Lepong et Lubang, et le sergent africain J. Boon, matricule 18401, mort des suites de ses blessures le {{date-|24 août 1896}} lors d'une visite à [[Mukim]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=153}}. Les premières mentions sont celles de Pieter Hermans, promu sous-lieutenant fin [[1837]], qui reçoit deux décorations spéciales et également la médaille de bronze du courage et de la loyauté{{Sfn|van Kessel|2005|p=96}}{{,}}<ref group="note">Hermans est le premier à arriver dans les Indes néerlandaises, en 1832. Il gravit les échelons et est promu sergent deux ans plus tard. Son salaire est le même que celui d'un sergent européen, mais il reçoit la moitié du salaire d'un lieutenant européen - le même que celui d'un lieutenant d'Ambon - lorsqu'il est promu. Hermans n'est pas satisfait et s'en est plaint à plusieurs reprises. Ses supérieurs n'en démordent pas et il est finalement renvoyé du service en raison de sa revendication incessante de l'égalité des droits.</ref>.

[[Fichier:Bamako Fabric Stamper (26613476748).jpg|gauche|vignette|upright=1.5|Impression à la main d'un coupon de [[Wax (tissu)|Wax]] à [[Bamako]], technique popularisée par les soldats rapatriés après leur service.|alt=Africain penché sur un tissus et tenant un pochoir servant à l'impression des motifs]]

Une petite partie des soldats africains retournent à Elmina après la fin de leur service et s'installent sur une colline derrière le [[Saint-Georges-de-la-Mine|fort Saint-Georges]]{{Sfn|Abbink|2012|p=73}}. La colline est rebaptisée ''Java Hill'' en mémoire de leurs contributions militaires{{Sfn|Boyce|2008|p=721}}. Des Indes orientales néerlandaises, ils apportent des techniques de [[batik]], qui sont devenus si populaires au Ghana et dans d'autres parties de l'Afrique de l'Ouest, qu'un marché du batik fait à la main émerge, lancé en {{Date|3=1876}} par la société néerlandaise [[Vlisco]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=194}}{{,}}{{sfn|Tranberg Hansen|Madison|2013}}.

Après la [[proclamation de l'indépendance de l'Indonésie]], la plupart des descendants de ces soldats africains s'installent aux Pays-Bas. Certaines de ces communautés restent mutuellement en contact et se rencontrent aux Pays-Bas, par l'intermédiaire de la {{Anglais|Indo-Afrika Kontakt Foundation}}<ref name=":1" />. Ce groupe fait l'objet d'une attention accrue au début du {{s-|XXI}} : le {{date-|12 mai 2005}}, l'exposition ''{{Langue|nl|Zwart in Dienst van Oranje}}'' (Noirs au service de l'Orange) est inaugurée le au [[Tropenmuseum]] d'[[Amsterdam]]<ref>{{Lien web |langue=nl|titre=Zwart in dienst van Oranje |url=http://collectie.tropenmuseum.nl/default.aspx?ccid=T371 |éditeur=Tropenmuseum |date=12 Mai 2005 |consulté le=16 Octobre 2014 |archive-url=https://web.archive.org/web/20170118050712/http://collectie.tropenmuseum.nl/default.aspx?ccid=T371 |archive-date=2017-01-18 |brisé le=no}}.</ref> ; en juillet de la même année, est publié le livre ''{{Langue|nl|Zwarte Hollanders: Afrikaanse soldaten in Nederlands-Indië}}'' (Hollandais noirs : soldats africains dans les indesIndes néerlandaises orientales) d'Ineke van Kessel{{Sfn|van Kessel|2005}}, suivi en 2010 de ''{{Langue|nl|Zwarte huid, Oranje hart : Afrikaanse KNIL-nazaten in de diaspora}}'' (Peau noire, cœurs orangesorange : descendants de la diaspora africaine KNIL), écrit par l'écrivaine et réalisatrice néerlandaise Griselda Molemans et le photographe Armando Ello{{sfn|Molemans|Ello|2010}}.

=== Particularité familiale ===

[[Fichier:Schoolkinderen, vermoedelijk op de rooms-katholieke Hollands-Inlandse School (H.I.S.) te Poerworedjo, KITLV D7388.tiff|vignette|upright=1.2|L'école primaire catholique de Purworejo vers 1930, où des enfants indo-africains sont scolarisés.|300x300px|alt=3Trois enfants métis prennent la pose devant le tableau noir.]]

Comme la plupart des soldats néerlandais, les Belanda Hitam partagent leur habitat militaire avec leur femme et leurs enfants. Selon le contrat de recrutement, ils peuvent amener avec eux leur femme, s'ils sont déjà mariés. Cependant, aucun [[Regroupement familial|regroupement]] de ce type n'est observé et les troupes africaines épousent des femmes javanaises. Le mariage, qu'il soit catholique<ref group="note">La majorité des Indo-Européens appartiennent à l'Église catholique romaine par tradition. Lors des premiers recrutements, par Jan Verveer, ce dernier recommande de convertir les africains généralement musulmans au christianisme. Le baptême catholique est alors majoritaire et le culte persiste au travers des générations suivantes.</ref> ou non, a de l'importance pour conforter le statut européen des soldats et leurs enfants héritent de ce rang{{Sfn|van Kessel|2007|p=243-244}}.

Les vétérans qui optent pour le rapatriement en Afrique après expiration de leur contrat, ne sont pas tenus d'emmener femme et enfants avec eux. Les enfants de ceces mariages, nommés Indo-Africains, restent avec leur mère ou sont adoptés par d'autres soldats africains. Ils peuvent fréquenter les écoles européennes et les églises chrétiennes et se disent néerlandais{{Sfn|van Kessel|2007|p=243-244}}.

=== Perte des repères culturels africains ===

La plupart des Indo-Africains de première génération retournent en Afrique de l'Ouest, cependantmais ce n'est pas le cas des générations suivantes dont la vie quotidienne et le rapport à la société coloniale effacent l'héritage culturel africain. En effet, les témoins, descendants Indo-Africains, indiquent invariablement que leurs parents ne leur transmettent aucun élément culturel propre à l'Afrique de l'Ouest. Le témoignage du vétéran Doris Land (1890-1986) est l'unique source écrite qui permette de confirmer ces témoignages oraux. Le récolement de témoignages d'Ineke van Kessel indique que {{Citation|Du[d]u vivant de Doris Land, les langues africaines, les pratiques religieuses, les traditions musicales et les recettes alimentaires africaines avaient apparemment déjà largement disparu de la vie des communautés indo-africaines}}. Il faut attendre l'exil de la population vers les Pays-Bas, après la Seconde Guerre mondiale, pour que les origines de cette communauté fassent l'objet de recherches et de rapprochement culturel{{Sfn|van Kessel|2007|p=245}}. En termetermes de tradition orale, les chansons représentent le seul héritage africain retransmis aux jeunes générations{{Sfn|van Kessel|2007|p=256}}.

Étant élevés en tant que Néerlandais, la plupart des Indo-Africains ne rencontrent pas d'obstacles lors de leur intégration dans la société néerlandaise. Après l'exil qui suit l'indépendance de l'Indonésie, la plupart d'entre eux n'y reviennent que pour des séjours touristiques. Bien que les questions d'identité ethnique relèvent de nombreuses préoccupations contemporaines, les Belanda Hitam n'accordent pas d'importance primordiale à la signification de leurs origines africaines, à quelques exceptions près{{Sfn|van Kessel|2007|p=269}}.

Ligne 145 ⟶ 150 :

=== Maintien de l'ordre ===

Les vétérans Belanda Hitam se convertissent fréquemment en ''wijkmeester'' dont la charge est de réguler l'ordre public dans les ''[[Kampong|kampongskampong]]s''. Ils organisent des patrouilles nuit et jour, armés de sabres, afin d'intervenir en cas de conflits opposant les différentes populations qui cohabitent alors{{Sfn|van Kessel|2007|p=250}}.

== Personnes notables ==

=== Jan Koi ===

[[Fichier:Jan_Kooi.jpg|gauche|vignette| PeinturePortrait de Jan Kooi, peintepeint en 1882 à [[Harderwijk]] par Johan Coenraad Leich.|alt=Portrait de face d'un soldat africain en uniforme avec quatre médaillemédailles. Sa main droite entre légèrementglissée dans son uniforme évoque la napoléon"posture de l’empereur Napoléon.]]

{{Lien|langue=en|trad=Jan Kooi|fr=Jan Kooi}} est un caporal africain qui se rend célèbre aux Pays-Bas pour ses actes de bravoure admirables pendant la [[guerre d'Aceh]], la guerre la plus longue de l'histoire coloniale néerlandaise. Kooi est né à [[Saint-Georges-de-la-Mine|Saint George d'Elmina]], sur la côte ouest de l'Afrique{{Sfn|Bekers|Helff|Meroll|2009|p=41}}.

Jan Kooi est un soldat courageux{{Sfn|Bekers|Helff|Meroll|2009|p=41}}. Le {{date-|31 janvier 1878}}, il sauve la vie du capitaine Bloom en tuant deux combattants acehnais, alors qu'il est lui-même blessé par une attaque ennemie{{Sfn|Blakely|1993|p=248}}. Il réussit également à capturer dix canons ennemis. Peu après, le {{date-|25 juillet 1878}}, il sauve la vie du lieutenant van Bijlevelt en tuant à un moment critique un combattant acehnais armé d'une [[lance]]. Pour ses services, il reçoit 100cent [[Florin des Indes orientales néerlandaises|florins hollandais]]. En outre, le {{date-|26 avril 1879}}, Kooi et deux autres soldats africains (Bilk et Jaap) repoussent l'attaque d'un convoi{{Sfn|Sarr|2006|p=138}}. En vertu du règlement gouvernemental {{|29}} du {{date-|2 mars 1878}}, Kooi se voit décerner la médaille de chevalier de {{4e|classe}} de l'ordre militaire de Guillaume pour « Atjeh 1877 ». Il est le premier soldat ouest-africain à recevoir la plus haute distinction de l'armée des Indes néerlandaises{{Sfn|Blakely|1993}}. Au cours de sa carrière, Kooi reçoit des décorations spéciales, la {{Lien|langue=en|trad=Aceh Medal|fr=Médaille Aceh|texte=médaille Kraton}}, ainsi que la {{Lien|langue=en|trad=Expedition Cross|fr=Expedition Cross}}{{Sfn|Bekers|Helff|Meroll|2009}}.

À la fin de son service, Kooi retourne dans sa ville natale d'Elmina, désormais cédée aux Britanniques, en passant, à [[Harderwijk]], aux Pays-Bas. Lors de sonce passage à Harderwijk, deux de ses portraits sont peints : un portrait officiel par JCJ.C. Leich, et un portrait [[Impressionnisme|impressionniste]] par [[Isaac Israëls]]{{Sfn|Bekers|Helff|Meroll|2009}}{{,}}{{Sfn|van Kessel|2005}}. À cette époque, Kooi a {{Nobr|33 ans}}{{Sfn|Blakely|1993}}. Selon un article de l'hebdomadaire ''Overveluwsche Weekblad'', Kooi parle parfaitement le néerlandais et témoigne de son amour pour sa patrie{{Sfn|Sarr|2006|p=138}}. Le portrait à l'huile de Jan Kooi, réalisé en {{date-|février 1883}} par JCJ.C. Leich, est conservé au {{Lien|langue=nl|trad=Bronbeek|fr=Bronbeek}}, musée situé dans l'ancien palais royal d'[[Arnhem]], aux Pays-Bas{{Sfn|Blakely|1993}}.

=== Doris Land ===

Doris Land est un vétéran de guerre et le chef informel de la petite colonie indo-africaine de Purwojero. Sa carrière militaire le mène jusqu'au grade de capitaine de l'armée et il est principalement connu pour son manuscrit rédigé le {{Date-|20|juin|1939}} ''The origins of the African camp in Purwojero''. Ce document est le seul témoignage écrit connu de la population indo-européenne qui offre un éclairage sur la vie coloniale{{Sfn|van Kessel|2007|p=246}}.

Il est le fils de Govert Land, seulement mentionné dans les registres de l'armée et les écrits de Doris, qui est un ''donko'' d'origine [[Gourounsi (peuple)|gourounsi]]. Cet esclave rejoint l'armée coloniale le {{Date-|8|août|1862}} à {{nobr|25 ans}} avec {{nobr|99 autres}} africains. Lorsque son père termine sa carrière militaire, il choisit de se retirer à Purworejo, colonie établie par les Indo-africains et qui prend également le nom de ''Kampung Afrikan'' (village africain){{Sfn|van Kessel|2007|p=246-247}}. En effet, le nombre croissant d'Indo-africains amène le gouvernement colonial à rédiger un décret gouvernemental, le {{Date-|30|août|1859}}, qui attribue ce territoire aux vétérans africains. Un chef informel dirige alors le village{{Sfn|van Kessel|2007|p=248}}.

== Notes et références ==

Ligne 173 ⟶ 178 :

==== {{Légende plume}} ====

* {{Ouvrage|libellé=Abbink 2012|langue=en|auteur1=Jon Abbink|titre=Civic Action and the Redefinition of African Political and Economic Spaces : |sous-titre=Studies in Honor of Piet J.J. Konings|lieu=Münster|dateéditeur=|année=2012|pages totales=265|isbn=9783643902566|lire en ligne=httphttps://books.google.co.id/books?id=zpkWuY__FY8C&pg=PA71&dq=St.+George+d%27Elmina+soldier&hl|libellé=id&sa=X&ei=vi8IVMOeL9SOuAT-zoGYDg&ved=0CC8QuwUwAg#v=onepage&q=St.%20George%20d'Elmina%20soldier&f=falseAbbink 2012|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=Bekers, Helff et Meroll 2009|langue=en|auteur1=Elisabeth Bekers|auteur2=Sissy Helff|auteur3=Daniela Meroll|titre=Transcultural Modernities : |sous-titre=Narrating Africa in Europe|lieu=Amsterdam|éditeur=Rodopi B.V.|dateannée=2009|pages totales=442|isbn=978-90-420-2538-7|lire en ligne=httphttps://books.google.co.id/books?id=N4_on188WJwC&pg=PA41&dq=black+hollanders&hl|libellé=id&sa=X&ei=LbkGVPuzC9C-uASOsIEo&ved=0CCUQuwUwAQ#v=onepage&q=black%20hollanders&f=falseBekers, Helff et Meroll 2009|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=Blakely 1993|langue=en|prénom1=Allison|nom1=Blakely|titre=Blacks in the Dutch World : The Evolution of Racial Imagery in a Modern Society|éditeur=Indiana University Press|dateannée=1993|pages totales=356|isbn=978-0-253-21433-1|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=zWoMfgmS8WkC&hl=fr|consulté le=2023-05-24|libellé=Blakely 1993|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=Boyce 2008|langue=en|prénom1=Carole Davies|nom1=Boyce|titre=Encyclopedia of the African Diaspora: |sous-titre=Origins, Experiences, and Culture|lieu=Santa Barbara (Calif.)|éditeur=[[ABC-CLIO]]|dateannée=2008|pages totales=1010|isbn=978-1-85109-700-5|lire en ligne=https://books.google.co.id/books?id=mb6SDKfWftYC&pg=RA1-PA712&dq=west+african+in+java&hl=id&sa=X&ei=xk4pVLqUJ8aOuASN7YHQAw|consulté le=2023-05-24|libellé=Boyce 2008|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=de Bruyne 1899|langue=nl|prénom1=Jan Anthony|nom1=de Bruyne|titre=De geschiedenis van Nederland in onzen tijd: |sous-titre=1872-1883|éditeur=J. Odé|dateannée=1899|lire en ligne=https://books.google.co.id/books?ei=uEcpVPemNoqKuAT9yIDIBQ&hl=id&id=fNwBAAAAYAAJ&dq=176+Afrikanen+Atjeh&q=176+Afrikanen|consulté le=2023-05-24|libellé=de Bruyne 1899|plume=oui}}

* {{Article|libellé=Frederick 2012|langue=en|prénom1=William H.|nom1=Frederick|titre=The killing of Dutch and Eurasians in Indonesia's national revolution (1945-49): a ‘brief genocide’ reconsidered|périodique=Journal of Genocide Research|volume=14|numéro=3-4|date=2012-11|issn=1462-3528|issn2=1469-9494|doi=10.1080/14623528.2012.719370|lire en ligne=http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14623528.2012.719370|consulté le=2023-07-14|pages=359-380|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=Kepper 1874|langue=nl|prénom1=George Lodewijk|nom1=Kepper|titre=De oorlog tusschen Nederland en Atchin|éditeur=[[Nijgh & Van Ditmar]]|dateannée=1874|lire en ligne=https://books.google.co.id/books?ei=eoIZVObzBsTJuATA9YGYDA&id=ua9AAQAAMAAJ&dq=Rechter+Halve+2e+Bataljon+Infanterie+luitenant-kolonel+Van+der+Heijden&q=Afrikanen&hl=fr|consulté le=2023-05-24|libellé=Kepper 1874|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=Kessel 2002|langue=en|prénom1=Ineke van|nom1=Kessel|titre=Merchants, Missionaries & Migrants: |sous-titre=300 Years of Dutch-Ghanaian Relations|éditeur=KIT Publishers|dateannée=2002|pages totales=174|isbn=978-9988-550-77-6|lire en ligne=https://books.google.co.id/books?id=b_K2AAAAIAAJ&q=kampung+afrika+purworejo&dq=kampung+afrika+purworejo&hl=id&sa=X&ei=_Mo_VMrABo-jugTH3oGoAQ|consulté le=2023-05-24|libellé=Kessel 2002|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=van Kessel 2005|langue=nl|prénom1=Ineke|nom1=van Kessel|titre=Zwarte Hollanders: |sous-titre=Afrikaanse soldaten in Nederlands-Indië|éditeur=Uitgeverij Fosfor|dateannée=2005|pages totales=316|isbn=978-90-6832-498-3|lire en ligne=https://books.google.co.id/books?id=fr4hAQAAIAAJ&q=De+zwarte+met+het+witte+hart&dq=De+zwarte+met+het+witte+hart&hl=id&sa=X&ei=v_oPVO3oOtPmuQSMv4GgDQ|consulté le=2023-05-24|libellé=van Kessel 2005|plume=oui}}

* {{Article|libellé=van Kessel 2005b|langue=en|prénom1=Ineke|nom1=van Kessel|titre=West African Soldiers in the Dutch East Indies: From Donkos to Black Dutchmen|périodique=Transactions of the Historical Society of Ghana|numéro=9|date=2005|issn=0855-3246|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/41406723|consulté le=2023-06-24|pages=41-60|id=van Kessel 2005b|plume=oui}}

* {{Article|libellé=van Kessel 2007|langue=en|prénom1=Ineke|nom1=van Kessel|titre=Belanda Hitam : the Indo-African Communities on Java|périodique=African and Asian Studies|volume=6|numéro=3|date=2007|issn=1569-2094|issn2=1569-2108|doi=10.1163/156920907X212222|pages=243-270|plume=oui}}

* {{Article|libellé=Kessel 2009|langue=en|prénom1=Ineke van|nom1=Kessel|titre=“Courageous but insolent”: African soldiers in the Dutch East Indies as seen by Dutch officials and Indonesian neighbours|périodique=Transforming Cultures eJournal|volume=4|numéro=2|date=2009|issn=1833-8542|doi=10.5130/tfc.v4i2.1387|lire en ligne=https://epress.lib.uts.edu.au/journals/index.php/TfC/article/view/1387|consulté le=2023-05-24|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=Kingsbury et al. 2006|langue=en|prénom1=Damien|nom1=Kingsbury|prénom2=Peter G.|nom2=Riddell|prénom3=Edward|nom3=Aspinall|prénom4=Rodd|nom4=McGibbon|titre=Verandah of violence: |sous-titre=the background to the Aceh problem|éditeur=Singapore Univ. Press [u.a.]|dateannée=2006|isbn=978-0-295-98633-3|isbn2=978-9971-69-331-2|libellé=Kingsbury et al. 2006|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=Molemans et Ello 2010|langue=nl|prénom1=Griselda|nom1=Molemans|prénom2=Armando|nom2=Ello|titre=Zwarte huid, Oranje hart: |sous-titre=Afrikaanse KNIL-nazaten in de diaspora|éditeur=Jonge Hond|dateannée=2010|pages totales=311|isbn=978-90-8910-162-4|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=QIfkQgAACAAJ&dq=Zwarte+huid,%2C+oranje+hart&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&redir_esc=y|consulté le=2023-06-24|libellé=Molemans et Ello 2010|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=Sarr 2006|langue=en|prénom1=Akua|nom1=Sarr|titre=The Histories, Languages, and Cultures of West Africa: |sous-titre=Interdisciplinary Essays|éditeur=[[Edwin Mellen Press]]|dateannée=2006|pages totales=552|isbn=978-0-7734-5908-3|lire en ligne=https://books.google.co.id/books?ei=j6pHVN6aLcyxuQSF44CoDg&hl=id&id=sSlzAAAAMAAJ&dq=Jan+Kooi+25+July+1878&q=florins|consulté le=2023-05-24|libellé=Sarr 2006|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=Schwarz 1994|langue=en|prénom1=Adam|nom1=Schwarz|titre=A nation in waiting: |sous-titre=Indonesia in the 1990s|éditeur=[[Allen & Unwin]]|dateannée=1994|pages totales=370|isbn=978-1-86373-635-0|consulté le=2023-06-24|libellé=Schwarz 1994|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=Tranberg Hansen et Madison 2013|langue=en|prénom1=Karen|nom1=Tranberg Hansen|prénom1= Karen|nom2=Madison|prénom2=D. Soyini |nom2=Madison|titre=African dress: |sous-titre=fashion, agency, performance|éditeur=Bloomsbury|collection=Dress, body, culture|dateannée=2013|pages totales=272|isbn=978-0-85785-820-7|isbn2=978-0-85785-381-3|isbn3=978-0-85785-380-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=sZsdAAAAQBAJ&printsec=frontcover|libellé=Tranberg Hansen et Madison 2013|plume=oui}}

* {{Ouvrage|libellé=Witton 2003|langue=en|prénom1=Patrick|nom1=Witton|titre=Indonesia|éditeur=Lonely Planet Publ|dateannée=2003|isbn=978-1-74059-154-6|libellé=Witton 2003|plume=oui}}

==== Lectures complémentaires ====

* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=nl-be|auteur1=[[Arthur Japin]]|prénom1=Arthur|nom1=Japin|traducteur=Isabelle Rosselin|langue originale=néerlandais|titre=Le Noir au coeur blanc|titre original={{langue|nl|De zwarte met het witte hart}}|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|date=26/05/2000|pages totales=492|isbn=978-2-070-75268-3|présentation en ligne=https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Le-Noir-au-coeur-blanc|consulté le=15 juillet 2023}}

== Voir aussi ==