« Belanda Hitam » : différence entre les versions — Wikipédia


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=== Contexte ===

==== Politique de recrutement proposée dès 1802 ====

L'idée d'un recrutement d'hommes en [[Afrique de l'Ouest]] par le gouvernement néerlandais n'est pas neuve puisque les gouverneurs emploient fréquemment des mercenaires locaux et les intègrent aux garnisons de leurs forts, dès le début de la colonisation de la [[Côte-de-l'Or néerlandaise]], au {{S-|XVII}}. En {{Date|3=1802}}, une proposition de recrutement au sein de l'[[Forces armées néerlandaises|armée néerlandaise]] est avancée, suite à la [[paix d'Amiens]]. Il est question de renforcer les garnisons du [[cap de Bonne-Espérance]]. L'objectif est de retirer les hommes de leur région afin d'améliorer leur propension à la fidélité et à l'obéissance dans des missions orientées contre des [[Indigène|indigènesindigène]]s. La promesse d'accorder à ces soldats (esclaves affranchis) les mêmes droits que les soldats d'origine européenne est évoquée, afin de fournir à ces soldats un statut particulier{{Sfn|van Kessel|2005|p=35}}.

Cependant, les [[guerres napoléoniennes]] mettent un terme au projet, puisque le conflit reprend dès {{Date|3=1803}} et que les [[Royaume-Uni|Britanniques]] s'emparent du [[Le Cap|Cap]] dès {{Date|3=1811}}, ainsi que des possessions néerlandaises dans les [[Indes orientales]]. Le projet de recrutement ne reprend qu'après {{Date|3=1825}}, avec trois propositions d'initiatives privées adressées au Ministère de la Guerre et des Colonies des Pays-Bas{{Sfn|van Kessel|2005|p=35}}.

==== Situation dans dans les Indes orientales ====

Les Britanniques reprennent temporairement le contrôle de l'administration de plusieurs possessions néerlandaises des Indes orientales, dont [[Java (île)|Java]], entre {{Date|3=1806}} et {{Date|3=1816}} durant les guerres napoléoniennes. En {{Date|3=1824}}, le [[Traité de Londres (1824)|traité anglo-néerlandais]] stipule que les Néerlandais cèdent [[Malacca néerlandaise|Malacca]], dans la [[péninsule Malaise]], contre les possessions anglaises de [[Bengkulu (province)|Bengkulu]] à [[Sumatra]]. Les frontières territoriales entre les colonies de la [[Malaisie britannique]] et des [[Indes orientales néerlandaises]] n'évoluent plus et forment encore à ce jour les frontières entre la [[Malaisie]] et la [[Indonésie|république d'Indonésie]]. La capitale des Indes orientales néerlandaises à cette époque est [[Batavia (Indes néerlandaises)|Batavia]] (appelée aujourd'hui [[Jakarta]]){{Sfn|van Kessel|2005|p=46}}.

Tout au long de l'histoire de la [[Compagnie néerlandaise des Indes orientales]] (''{{Langue|néerlandais|Verenigde Oostindische Compagnie}}'', ou en abrégé VOC) et des Indes orientales néerlandaises, le contrôle néerlandais sur les territoires de l'archipel reste limité. Ce n'est qu'au début du {{s-|XX}} que les Néerlandais parviennent à maîtriser l'intérieur des territoires. De plus, bien que l'île de Java soit gouvernée depuis {{Nobr|350 ans}} par les Européens, de nombreuses régions, dont le [[Sultanat d'Aceh]], [[Lombok]] et [[Kalimantan]], restent indépendantes au {{s-|XIX}}{{sfn|Witton|2003}}.

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==== Recrutement insuffisant aux Pays-Bas ====

Dans la guerre de Java, menée par Diponegoro, les Néerlandais subissent de lourdes pertes, avec un taux de mortalité pouvant atteindre {{Unité|45 %}} par an chez les Européens en {{Date|3=1827}} et {{Date|3=1828}}{{Sfn|van Kessel|2005|p=50}}{{,}}{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}. Sur toute la période de la guerre, plus de {{Nbr|15000|hommes}} meurent, dont {{Nbr|8000|Européens}} et {{Nbr|7000|indigènes}}{{Sfn|van Kessel|2005|p=50}}.

En {{Date|3=1830}}, l'[[Déclaration d'indépendance de la Belgique|indépendance]] de la [[Belgique]] vis-à-vis des Pays-Bas entraîne la réduction de la population néerlandaise recrutable<ref group="note">La population du Royaume des Pays-Bas passe de six millions à deux millions et demi.</ref>, rendant plus difficile pour les Néerlandais de compenser les pertes en vies humaines. De plus, bien que la conscription ait été introduite, la [[Constitution du royaume des Pays-Bas]] interdit l'envoi de conscrits en territoires coloniaux : seuls les volontaires peuvent dès lors rejoindre l'armée coloniale{{Sfn|van Kessel|2005|p=49}}.

Un rapport de {{Date|3=1814}} sur la réforme des armées indique que le taux de mortalité dans les Indes orientales est particulièrement élevé. Les volontaires doivent également suivre une formation spécifique afin d'augmenter leurs chances de survie. Après deux ans de service, près de la moitié des volontaires envoyés sont morts, se trouvent en incapacité de combattre en raison de maladies ou bien désertent{{Sfn|van Kessel|2005|p=49}}.

Ce rapport précise également que, pour maintenir le contrôle dans les Indes Orientales, une force de {{Nbr|10475|hommes}} est mobilisée, dont la moitié est constituée d'indigènes{{Sfn|van Kessel|2005|p=49}}. Pour s'assurer de la loyauté des soldats indigènes recrutés, ceux-ci ne peuvent excéder ce quota{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}.

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En 1831, le gouvernement néerlandais décide de recruter des soldats dans les colonies néerlandaises d'Afrique de l'Ouest. Sur les {{Nobr|150 soldats}} prévus par l'ordre de mission, le gouverneur d'Elmina ne parvient à enrôler que {{Nobr|44 hommes}}. Si certains ont déjà servi dans la garnison des forts coloniaux, la majorité de ces recrues sont des Euro-Africains endettés. Ce premier détachement est envoyé et ne satisfait pas le gouvernement à [[La Haye]] qui souhaite un recrutement d'Africains, et non de [[Mulâtre|mulâtres]]{{sfn|van Kessel 2005b|p=41-60}}.

En {{Date|3=1836}}, {{Nobr|88 hommes}} africains arrivent dans les Indes néerlandaises. Afin d'améliorer le recrutement, le gouvernement néerlandais envisage de nouer un partenariat avec le roi [[Empire ashanti|ashanti]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=75, 81, 170}}. À cette fin, à l'automne 1836, le [[major général]] [[Jan Verveer]] se voit confier la mission de persuader le roi ashanti{{Sfn|van Kessel|2005|p=69, 121}}. Après son arrivée à Elmina le {{date-|1er novembre 1836}}, il en part avec un groupe d'environ {{Nobr|900 hommes}} (principalement des porteurs transportant des marchandises et des souvenirs) pour [[Kumasi]], la capitale de l'[[Empire ashanti]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=75, 81, 170}}.

La plan initial d'employer des recrues [[ashantis]] est rejeté et les négociations portent alors sur l'achat d'esclaves originaires de l'intérieur des terres, nommés ''Donko''. Cependant, du fait des [[Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni|fait des accords anti-esclavagistes signés avec les britanniquesBritanniques]], cette piste est risquée et ne peut s'envisager qu'avec des conditions particulières{{Sfn|van Kessel|2005|p=60-61}}.

{{Article connexe|Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni}}

Après de longues négociations, Verveer conclut un accord pour le recrutement d'Africains avec le roi [[Kwaku Dua I|Kwaku Dua]] le {{Date-|18|mars|1837}}. Les conditions de traitement des recrues sont clairement définies. L'[[Empire ashanti|Asantehene]] s'engage à fournir {{Nbr|1000|recrues}} en échange de {{Nbr|6000 armes}} à feu{{sfn|van Kessel 2005b|p=41-60}}. Cet accord provoque un conflit commercial dans les petits États de la côte et mène au conflit [[Guerre ahanto-néerlandaise|ahanto-néerlandais]] porté par [[Badu Bonsu II]] en 1837<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=nl|auteur1=Michel Doortmont|titre=Nederland, Ghana en koning Badu Bonsu II|sous-titre=Over goede diplomatieke betrekkingen en het hoofd van een Ghanese koning|lieu=Groningen|éditeur=|année=2008|isbn=|lire en ligne=https://www.academia.edu/4094878/Nederland_Ghana_en_koning_Badu_Bonsu_II_Over_goede_diplomatieke_betrekkingen_en_het_hoofd_van_een_Ghanese_koning}}.</ref>. L'accord prévoit également que Kwaku Dua puisse envoyer deux fils de la famille royale, nommés [[Kwasi Boachi]] et Kwame Poku, étudier aux Pays-Bas. Le romancier [[Arthur Japin]] écrit à leur sujet, dans son roman ''Le Noir au cœur blanc'', paru en {{Date|3=1997}}{{Sfn|van Kessel|2005|p=7}}.

Dans son rapport, Jan Verveer rapporte à [[Batavia (Indes néerlandaises)|Batavia]] qu'après deux ans d'entraînement, les premiers hommes recrutés seront prêts car ils sont {{Citation|naturellement loyaux, volontaires, obéissants et, bien guidés, inébranlables envers l'ennemi}}{{Sfn|van Kessel|2005|p=62}}. Il promet que {{Nbr|2000|hommes}} seront recrutés et envoyés à Java, courant {{Date|3=1837}} et un centre d'enrôlement est mis en place à Elmina afin de faciliter le recrutement, qui est coordonné par J. Huydecoper, un fonctionnaire euro-africain descendant de [[Jan Pieter Theodoor Huydecoper|Jan Huydecoper]]{{Sfn|van Kessel|2005|p=80, 83, 88}}. Cependant, au terme de l'année 1837, seuls {{Nobr|595 Africains}} sont effectivement envoyés à Java{{Sfn|van Kessel|2005|p=76}}.

En {{Date|3=1842}}, le recrutement cesse provisoirement sous la pression des campagnes anti-esclavagistes des Britanniques. Cependant, il reprend en {{Date|3=1855}}, en raison des résultats positifs des premiers soldats africains postés dans les Indes orientales néerlandaises, tout en se basant exclusivement sur le volontariat à partir de cette époque. En {{Date|3=1860}}, après les deux premières vagues de recrutement, un détachement complet est envoyé à Java, rapidement suivi par des centaines d'autres recrues qui forment les troisième et quatrième vagues{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}.

==== Conditions proposées aux recrues ====

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Des sacrifices humains sont en effet signalés en Afrique occidentale, dès le {{S-|XVI}}, parmi de nombreux peuples dont les [[Ashantis|Ashanti]], les [[Malinkés|Mandingues]], les [[Dogon (peuple)|Dogons]] et les [[Yoruba (peuple)|Yoruba]]. Selon l'[[Ethnologie|ethnologue]] Henri Labouret, la pratique a encore cours au début du {{S-|XX}}, {{Citation|malgré la surveillance exercée par les autorités administratives}}. Il s'agit tantôt de fournir des serviteurs à un défunt dans l'au-delà, tantôt de se prémunir contre une mauvaise récolte ou de remercier les puissances surnaturelles pour une bonne récolte<ref>{{Article|prénom1=Henri|nom1=Labouret|titre=Sacrifices humains en Afrique occidentale|périodique=Journal des Africanistes|volume=11|numéro=1|date=1941|doi=10.3406/jafr.1941.2512|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/jafr_0037-9166_1941_num_11_1_2512|consulté le=2023-07-15|pages=193–196}}</ref>.

Les conditions proposées aux recrues leur permettent d'accéder au même rang social et aux mêmes droits que les soldats européens. Elles perçoivent une solde et un traitement en nature égaux en tout aspectpoint. Cependant, contrairement aux volontaires européens, la durée de leur service militaire n'est pas de {{nobr|6 ans}}, mais de {{nobr|15 ans}}. Par ailleurs, la recrue doit explicitement se déclarer volontaire{{sfn|van Kessel 2005b|p=41-60}}. Enfin, dans la politique d'intégration de Jan Verveer, on recommande aux recrues de se faire [[Baptême catholique|baptiser]] dans la religion chrétienne et les nouveaux soldats deviennent en majorité [[Église catholique|catholiques]]{{Sfn|van Kessel|2007|p=254}}.

Enfin, dans le cas d'esclaves rachetés, une retenue sur solde est prévue. En effet, le recrutement auprès du roi ashanti consiste à acheter la liberté des esclaves qui sont intégrés à la KNIL en tant que membres volontaires, ce qui occasionne pour ces recrues une dette envers l'armée{{Sfn|Abbink|2012|p=67-77}}. La retenue sur solde opérée permet au volontaire de rembourser sa dette en deux ans{{sfn|van Kessel 2005b|p=41-60}}.

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=== Premiers combats ===

Les recrues de la première vague participent, en {{Date|3=1836}}, à l'assaut du fort de Bondjol, dans l'Ouest de [[Sumatra]], durant le [[Guerre des Padri|conflit contre les Padri]]. Ils sont placés en première ligne et [[Toewankoe Imam]], le chef des Padri, se plaint notamment du traitement réservé à ses femmes lors de sa capture. Certaines sont blessées, l'une d'elles meurt. Selon le lieutenant-colonel H. M. Lange, l'usageemploi des soldats africains, encore inexpérimentés, représentait une erreur{{sfn|van Kessel 2005b|p=41-60}}.

Les recrues de la deuxième vague participent à la [[guerre ahanto-néerlandaise]] face à [[Badu Bonsu II]] et intègrent l'expédition punitive coordonnée par Jan Verveer en {{Date|1838}}. Il s'agit de la première action militaire à laquelle les recrues, destinées pourà Java, participent. Cependant, elles manquent d'entraînement et le rapport fait état de désorganisation et de mauvaise compréhension des ordres{{Sfn|van Kessel|2005|p=75}}.

En {{Date-|septembre 1838}}, le rapport général sur les Africains qui s'appuie sur les rapports de commandants de bataillon, se montre critique, mais relativement positif : {{Citation|Les nègres sont très bien habitués à la vie militaire, [mais ils] ont peu de compréhension de la subordination et montrent peu de respect envers les sous-officiers et le caporaux.}} Sachant que les hommes proviennent de cultures différentes, le principal problème est celui de la communication. Sur le plan comportemental, le rapport souligne qu'ils sont {{Citation|paresseux mais infatigables et intrépides au combat}}{{Sfn|van Kessel|2005|p=75}}.

=== Expédition à Aceh ===

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Au même moment, les troupes du sultanat d'Aceh entament une série d'attaques contre les villages qui ont collaboré avec les Néerlandais. Des soldats africains sont déployés pour protéger les régions de Meuraksa et Lampaseh à Aceh, et le {{date-|26 juillet 1874}} également à Surian - ce qui permet aux réfugiés de se déplacer à travers la rivière Aceh et de traverser la route de la côte à [[Banda Aceh|Kuta Raja]] en toute sécurité{{Sfn|van Kessel|2005|p=151}}. Depuis la conquête de Surian le {{date-|26 juillet 1874}}, les soldats africains sont également chargés de délivrer des laissez-passer à tous les Acehnais qui souhaitent s'y rendre. Au cours de cette campagne, un artilleur africain, T. Tak, reçoit la médaille de chevalier de {{4e|classe}} de l'[[ordre militaire de Guillaume]], le [[sergent]] africain J. Noudjedij et les soldats africains J. Hat, W. Muil et W. Bamberg reçoivent respectivement la médaille de bronze de la bravoure et de la loyauté, tandis que W. Zwol et T. Zaal reçoivent des mentions spéciales{{Sfn|van Kessel|2005|=151}}. Leur nombre passe alors de 230 à 116 en raison de la rotation des troupes et du manque de nouvelles recrues. Cette situation perdure jusqu'à ce que les effectifs des {{3e}} et {{4e|compagnies}} du {{2e|bataillon}} d'infanterie soient rétablis grâce à l'arrivée de soldats néerlandais supplémentaires en provenance d'Europe{{Sfn|de Bruyne|1899|p=68-72}}.

Le {{date-|8 novembre 1875}}, le colonel {{Lien|langue=nl|trad=Johannes Ludovicius Jakobus Hubertus Pel|fr=Johannes Ludovicius Jakobus Hubertus Pel|texte=J.L.J.H. Pel}} retourne à Aceh en tant que major général et [[commandant en chef]]. Le {{date-|9 novembre}}, il prend la relève du colonel Wiggers van Kerchem, qui quitte Aceh le {{date-|10 novembre}}{{Sfn|de Bruyne|1899|p=68-72}}. Pendant la guerre d'Aceh, sous la direction du major-général Pel, le nombre de soldats africains se réduit à environ {{Nobr|176 hommes}}{{Sfn|de Bruyne|1899|p=30}}. Avec la permission du gouvernement néerlandais des Indes orientales, Pel nomme deux officiers du [[Raj britannique]], à savoir le capitaine A. P. Palmer et le capitaine W. S. A. Lockhart, comme observateurs militaires dans la plupart des opérations de guerre{{Sfn|van Kessel|2005|p=152}}. Palmer écrit plus tard dans son rapport que les soldats africains sont de loin les meilleurs de l'armée de la KNIL. Palmer n'apprécie pas les artilleurs européens et javanais mal formés, mais note que les Acehnais ont une grande estime pour les Africains de l'Ouest. Des efforts sont déployés pour combler la pénurie de soldats africains, mais échouent en raison des protestations britanniques, qui estiment qu'il s'agit d'esclavagisme déguisé{{Sfn|van Kessel|2005|p=152}}.

=== Occupation japonaise et exil ===

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Dès la fin de la [[Seconde Guerre mondiale]], les Indonésiens menés par [[Soekarno]] et [[Mohammad Hatta]] proclament l'[[Proclamation de l'indépendance de l'Indonésie|indépendance du pays]]. Lors du [[Révolution nationale indonésienne|conflit armé]] qui éclate entre les nationalistes et la puissance coloniale, les soldats indo-africains libérés des camps de prisonniers japonais se trouvent alors engagés aux côtés des Néerlandais{{Sfn|van Kessel|2007|p=260}}. La région du [[Java oriental]] est le théâtre de nombreuses violences. Selon l'historien William H. Frederick, le nombre de victimes néerlandaises et alliées s'élève probablement à plus de {{formatnum:6000}}. Les causes de ces massacres résident principalement dans les tensions raciales entre les deux camps{{sfn|Frederick|2012|p=359-380}}.

[[Fichier:Van Mook.png|vignette|centré|upright=3.0|Entre {{Date|3=1945}} et {{Date|3=1950}}, le statut de la future [[république d'Indonésie]] évolue au gré des rapports de force entre les puissances coloniales (Pays-Bas et Royaume-Uni) et les mouvements indépendantistes locaux. Ci-dessus, la situation sur l'île de Java en janvier 1948 avec, en rouge, les territoires contrôlés par les indépendantistes indonésiens.|alt=Les indépendantistes contrôlent l'extrémité nord-ouest de l'île et la partie centrale dont Purworejo.]]

Comme les Belanda Hitam ont la réputation de soutenir le gouvernement néerlandais, les nationalistes indonésiens capturent les habitants de Purworejo en 1945, c'est-à-dire les femmes et les enfants des soldats indo-africains. En 1946, suite aux [[Accord de Linggarjati|accords de Linggarjati]], les soldats indo-africains sont placés en garde à vue dans des camps par les nationalistes indonésiens. Enfin, en 1949, avec le transfert de souveraineté, l'armée néerlandaise est rapatriée et ce rapatriement concerne également la population indo-africaine{{Sfn|van Kessel|2007|p=263-264}}.

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==== Exil et diaspora ====

Dans le contexte post-colonial du début des années 1950, la loyauté affichée des Indo-Africains aux Pays-Bas n'est pas le seul facteur qui provoque l'exil d'une majorité d'Indo-Africains. Daan Cordus, un témoin de la première vague d'exil qui suit l'indépendance, explique qu'il décide de quitter l'Indonésie avec sa famille car le pays n'offre aucune perspective d'avenir pour les siens{{Sfn|van Kessel|2007|p=265}}. En raison des tensions croissantes entre les Pays-Bas et la nouvelle République indonésienne, une nouvelle vague se produit car les pensions allouées par le gouvernement néerlandais ne sont plus versées et que les écoles ne sont plus autorisées à enseigner le néerlandais{{Sfn|van Kessel|2007|p=266}}. De plus, les échanges entre les premiers exilés arrivés aux Pays-Bas et les Indo-Africains restés en Indonésie relatent la relative facilité avec laquelle les exilés s'intègrent à la société néerlandaise. En effet, les clivages dans la société néerlandaise ne sont pas ceux des anciennes Indes orientales dont hérite l'Indonésie. Une fois en Europe, les Indo-Africains ne sont plus identifiés comme une communauté spécifique, mais considérés comme des Indo-Européens, ce qui leur permet de s'intégrer à la société néerlandaise sans rencontrer d'obstacles{{Sfn|van Kessel|2007|p=265}}{{,}}{{Sfn|van Kessel|2007|p=266}}.

== États de service ==