« Complexe militaro-industriel allemand » : différence entre les versions — Wikipédia


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Alors que le [[Traité de Versailles]] avait interdit à l'Allemagne d'avoir des armements modernes, la [[République de Weimar]] parvint peu à peu à contourner celui-ci et permit à ses industries de maintenir une capacité de [[recherche et développement]].

Accédant au pouvoir en Allemagne en [[1933]], en plein contexte de [[Crise de 1929|crise mondiale]] lié aux conséquences du « [[Krach de 1929|jeudi noir]] », [[Adolf Hitler|Hitler]] décide d'en finir avec la ''[[Reichswehr]]'', qualifiée de « honteuse armée de Versailles », et des gausseries sur les ''Tankattrappen'' ([[Char d'assaut|chars d'assaut]] simulés par des [[Reichswehr#Une armée expérimentale|voitures bâchées]]) des mises en pratique de [[Guderian]]. Remilitarisée par l'industrie, l'armée allemande serait crainte à nouveau par ses voisins, restaurant le mythe de son invincibilité qui avait été retournée dans l'opinion par le « [[Dolchstoßlegende|coup de poignard dans le dos]] » au sortir de la [[Première Guerre mondiale]].

Les entreprises doivent légalement se constituer en [[cartel (économie)|cartels]] dès le 15 juillet 1933.

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[[Image:Bundesarchiv Bild 101I-635-3965-21, Panzerfabrik in Deutschland.jpg|vignette|Fabrique de [[Panzerkampfwagen VI Tiger|Panzer VI Tigre]], en 1943.]]

L'intégration du complexe industriel bâti par les [[nazi]]s passe par le traitement des grandes familles industrielles chrétiennes qui réalisèrent la première industrialisation dans la [[Ruhr (région)|Ruhr]] : certains capitaines d'industrie seront naturellement favorables ([[Alfried Krupp von Bohlen und Halbach|héritier Krupp]], ''{{Lien|langue=en|trad=[[Emil Kirdorf|fr=Emil Kirdorf|texte=Emil Kirdorf}}]]''), d'autres seront manipulés<ref>Le film ''[[Les Damnés (film, 1969)|Les Damnés]]'' de [[Luchino Visconti]], sorti en [[1969]], montre la manière dont les nazis [[Réarmement du Troisième Reich#Mise en place de la politique de réarmement|obtiennent la mainmise]] sur une puissante famille bourgeoise, dont le patriarche farouchement antinazi laisse la place à un héritier ambigu qui se laisse séduire par la propagande du régime ; ce que révèle la dernière image de l'héritier faisant le salut de la main.</ref>. La refondation de l'industrie de l'armement donna un potentiel guerrier extrêmement dangereux pour l'[[Europe]] à la veille du conflit<ref>Jusqu'à la [[drôle de guerre]] où le ministre de la Défense français lut avec incrédulité un rapport présentant la disparité drastique des unités d'aviation comparées à la [[Luftwaffe]] ([[L'Étrange Défaite|Source]])</ref> dont les matières premières parviennent jusqu'en juin 1941 en très grande partie des [[relations économiques entre l'Union soviétique et l'Allemagne nazie]].

Le 17 mars 1940, [[Fritz Todt]] est nommé ministre de l'Armement du Reich et organise la rationalisation du secteur en temps de guerre dans une perspective d'intégration des industries des pays occupés, mais l'inefficacité et les conflits d'intérêts persistèrent. Celle-ci tournera à plein régime à partir de 1942, mais la capacité de production de ses adversaires s'est montrée largement supérieure.

Le [[complexe militaro-industriel soviétique]] combiné à [[complexe militaro-industriel des États-Unis|celui des États-Unis]] et du [[Commonwealth]] ont contribué à écraser l'Allemagne et ses alliés par une production industrielle conjointe de matériel logistique et de guerre supérieure en quantité : c'est ce que Roosevelt a désigné sous le terme d'« arsenal des démocraties ».

{| class="wikitable"

Voici un comparatif|+Comparatif de la production Allemagne nazie/[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] sur la période 1941-1945 en milliers d'unités<ref>''Seconde Guerre mondiale magazine'' {{refins}}.</ref>{{Source :insuffisante|date={{CURRENTDAY}} {{CURRENTMONTHNAME}} {{CURRENTYEAR}}}}

|

* Fusils : {{formatnum:8525}} / {{formatnum:12139}}

!Allemagne nazie

* [[Pistolet-mitrailleur|Pistolets-mitrailleurs]] : {{formatnum:1098}} / {{formatnum:6174}}

!Union soviétique

* Mitrailleuses : {{formatnum:1097}} / {{formatnum:1516}}

|-

* Mortiers : 73 / 351,8

!Fusils

* Blindés : 43,4 / 102,8

|{{formatnum:8525}}

* Avions : 80,6 / 112,1

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* ![[Pistolet-mitrailleur|Pistolets-mitrailleurs]] : {{formatnum:1098}} / {{formatnum:6174}}

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!Mortiers

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!Blindés

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!Avions

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Ce tableau en image donne un comparatif Allemagne nazie/États-Unis/Union soviétique sur quatre « années pleines » de guerre :

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==== Au sein de l'appareil nazi ====

Trois responsables nazis se détachent dans ce domaine durant le conflit : le [[Gauleiter]] de [[Thuringe]], [[Fritz Sauckel]], proche de [[Martin Bormann|Bormann]], et l'architecte [[Albert Speer]]<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{p.|414}}.</ref>, chargé de trouver la main-d'œuvre en [[Europe sous domination nazie]] et d'en dynamiser les contributions. À compter de 1938, [[Fritz Todt]] fonde l'[[organisation Todt]] qui systématisa le recours au [[Travail forcé sous domination nazie pendant la Seconde Guerre mondiale|travail forcé]] une fois le conflit déclaré.

==== Ouvriers et déportés ====

À partir de l'automne 1941, lorsqu'il semble clair à l'état-major allemand que la guerre est appelée à durer, le nombre de travailleurs étrangers augmente sensiblement. Les pertes entraînent la mobilisation d'un nombre sans cesse croissant d'ouvriers allemands, dans tous les secteurs d'activité, y compris les industries de guerre, en principe protégées<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{p.|418}}.</ref>. À partir de ce moment, l'emploi de travailleurs originaires des territoires occupés devient une nécessité économique. Selon leur origine, le traitement des ouvriers par les autorités allemandes diffère : à l'Est, la réquisition pure et simple de main-d’œuvre semble la règle ; dans les pays occupés de l'Ouest, dans un premier temps du moins, des mesures incitatives sont mises en place pour attirer cette main-d’œuvre dans les usines allemandes. Soumis à un afflux massif de travailleurs étrangers, les autorités allemandes encouragent la construction de logements, camps et hôtels, dans tout le Reich<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{p.|420}}.</ref>.

Le régime de [[collaboration]] adopté par l'[[Régime de Vichy|État français]] instaure en [[mai 1942]] une forme rencontrée nulle part ailleurs dans les pays occupés : le [[Service du travail obligatoire (France)|Service du travail obligatoire]], présenté à la population comme sauf-conduit pour le retour des infortunés [[prisonniers de guerre]] de l'Armée française, détenus dans le Reich depuis la [[Bataille de France#Fall Rot .28.C2.AB.C2.A0Cas(« plan rouge.C2.A0.C2.BB.29 ») : l.27invasion'invasion de la France|campagne de 1940]].

En effet, les travailleurs de l'Est sont réquisitionnés de manière brutale par les SS dans les villages et les villes, parfois au hasard dans les rues. Ces transferts massifs de population vers le Reich ont pour conséquence de permettre à l'industrie de guerre allemande de disposer d'environ {{nombre|2800000|travailleurs}} de l'Est à l'automne 1944<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{p.|419}}.</ref>. De plus en octobre 1941, Hitler ordonne la réquisition des prisonniers de guerre soviétiques et leur utilisation comme [[Travail forcé sous domination nazie pendant la Seconde Guerre mondiale|travailleurs forcés dans le Reich]] : on estime à {{formatnum:170000}} le nombre de prisonniers soviétiques travaillant en Allemagne en mars 1942, et {{formatnum:600000}} en 1944<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{p.|417}} et 419.</ref>. Cette réquisition entraîne la présence massive de cette main-d’œuvre originaire de Pologne et d'Union soviétique dans les usines et dans les villes, que la législation tente au maximum d'isoler des citoyens du Reich<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{pp.|421-423}}.</ref>. Guère {{citation|mieux lotis que des porcs}}, ces travailleurs sont très mal nourris, et donc victimes de nombreuses maladies ; à partir de 1942, Rosenberg, allié ainsi aux industriels fait pression sur Hitler pour améliorer le sort de cette population et leur efficacité au travail<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{p.|424}}.</ref>.

En 1944, l'Allemagne employait dans l'agriculture et l'industrie 5,3 millions de civils étrangers et 1,8 million de prisonniers de guerre soit 24 % de l'ensemble de la population active. Au total, entre 1939 et 1945, {{nombre|12|millions}} de personnes seront utilisées comme main-d'œuvre forcée<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Chris|nom1=McNab|titre=La stratégie nazie|sous-titre=les plans de Hitler|titre original=Hitler's masterplan|éditeur=Acropole|lieu=Paris|année=2015|pages totales=224|passage=195|isbn=978-2-7357-0388-3|oclc=908443882}}.</ref>

À partir de l'été 1944, l'ensemble des travailleurs étrangers présents dans le Reich voient leur sort se détériorer : dans ce contexte, la fuite ou le passage à la clandestinité demeurent les deux principaux choix de ces travailleurs ; d'autres tirent au flanc<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{p.|816}} et 818</ref>. Ainsi, les déplacements des travailleurs étrangers sont toujours plus contrôlés par la police. De plus, des hiérarchies se mettent rapidement en place, basées sur la nourriture (colis), et un marché noir de grande ampleur s'organise, essentiellement au profit des travailleurs occidentaux, à destination des travailleurs de l'Est et des Italiens ; en 1944, un certain nombre de travailleurs de l'Est s'organisent en bandes : ces bandes sont composées non seulement de travailleurs de l'Est, mais de déserteurs et d'évadés de prison et de camps de concentration, qui n'hésitent pas à attaquer des postes de police ; dans un contexte marqué par le chaos grandissant en Allemagne à la fin de 1944, la Gestapo arrête et exécute des centaines de travailleurs étrangers : ces exécutions se poursuivent jusque dans les derniers jours du conflit, comme à Dortmund en mars 1945<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{pp.|818-820}}.</ref>.

=== Composantes ===

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Fichier:Luger-cajda.JPG|[[Luger P08]].

Fichier:1668 - Salzburg - Festung Hohensalzburg - Panzerschreck und Panzerfaust.JPG|[[Panzerschreck]] et [[Panzerfaust]].

Fichier:MP 3008 Sub Machine Gun.jpg|[[MP 3008]].

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[[image:Bundesarchiv Bild 101I-811-2231-24, Deutschland, fabrikneue Schützenpanzer.jpg|thumb|Outre les Panzers, les inspecteurs de l'armement commandèrent tout un ensemble de blindés de transport permettant d'assurer la mobilité des troupes de la ''[[Heer (Bundeswehr)|Heer]]''. Ici, les dépôts de la fabrique de [[Sd.Kfz. 250|Sonderkraftfahrzeug 250]] et [[Sd.Kfz. 251|251]] située à Potsdam (région de Berlin) (photo de 1942).]]

Les ingénieurs allemands se distinguent dans une remontée de [[filière]] afin de développer les armements pour garantir les victoires de la [[Heer (Bundeswehr)|Heer]] dans la Wehrmacht. Ils fabriquent des [[avion]]s et font évoluer le principe du [[Char d'assaut|tank]], véhicule à chenilles que les Britanniques avaient introduit au front sous le nom de code de ''tank'' (''réservoir'' en [[anglais]]). Les constructeurs allemands se groupent autour de commandes étatiques, telles la création du [[Panzerkampfwagen I|Panzer I]] et son [[industrialisation]], dissimulées au départ sous le nom anodin de ''tracteur agricole''<ref>''Landwirtschaftlicher Schlepper''.</ref>. Ce char léger et opérationnel fut préféré aux chars lourds qui lui étaient contemporains, à plusieurs tourelles et beaucoup moins mobiles (semblables au [[B1 (char)|char B-1bis]] [[Armée française en 1940|français]]) car il permettait de concrétiser la [[Blitzkrieg]] mise au point par les stratèges.

Après les [[accords de Munich]], les [[nazi]]s mettent la main sur la [[filière]] tchèque de production de chars, ''[[Škoda Works|Škodovy závody]]''<ref>Ancêtre des voitures [[Škoda Auto|Skoda actuelles]].</ref>, et l'intègrent à leur complexe de production. Les chars sont indicés ''t'' comme ''tchèques'' [[Panzerkampfwagen 35(t)|35(t)]] et [[Panzerkampfwagen 38(t)|38(t)]] et leurs lignes de production continuent. Ils fourniront un contingent non négligeable lors de la [[Siège de Varsovie (1939)|bataille de Varsovie]], la [[bataille de France]] et jusque l'[[opération Barbarossa]], après quoi ils seront remplacés par des générations plus récentes de [[blindé]]s.

Les Panzers furent employés par des commandants imaginatifs, palliant par la tactique des situations d'infériorité numérique ; on peut citer l'emploi que fait [[Erwin Rommel|Rommel]] de ses [[canon de 88 mm|canons de {{unité|88|mm}}]] lors des premiers échanges de la [[guerre du désert]] pour utiliser ses chars légers comme rabatteurs afin d'amener les [[Matilda Mark II|tanks moyens Matilda]] de la [[8e armée (Royaume-Uni)|{{VIIIe}} armée]], si problématiques avec leurs panneaux de blindage latéral<ref>Rommel avait déjà pu observer en France la déconfiture des Matilda et des chars lourds B1 français lorsque traités par ce [[canon antiaérien]].</ref>, à portée des [[Canon antiaérien|canons antiaériens]] employés en tir horizontal. Les 88 prisés par le ''renard du désert'' furent plus tard adaptés directement sur les Tigres I et II une fois que la taille du châssis l'autorisa.

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<gallery caption="Du Panzer I au Panzer VIII">

Fichier:Bundesarchiv Bild 146-1976-071-36, Polen, an der Brahe, deutsche Panzer.jpg|[[Panzerkampfwagen I|Panzer I]] Ausf B, 675 produits à compter d'août [[1935]] ; ils participent à la [[Campagne de Pologne (1939)|campagne de Pologne]].

Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-783-0110-12, Nordafrika, Panzer II, Kraftfahrzeuge.jpg|[[Panzerkampfwagen II|Panzer II]] Ausf A, B et C : {{formatnum:1113}} construits, [[juin 1938]].

Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-748-0089-10, Russland, Soldat auf Panzer III J.jpg|[[Panzerkampfwagen III|Panzer III]] Ausf G : 800 produits, janvier 1939 ; le fer de lance du [[Plan Jaune|Fall Gelb]].

Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-695-0406-03, Russland, Panzer IV am Waldrand.jpg|[[Panzerkampfwagen IV|Panzer IV]] Ausf H : produit en {{nombre|3774|exemplaires}} de [[mars 1943 (guerre mondiale)|mars 1943]] à [[avril 1944]].

Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-476-2051-30A, Italien, Panzer V (Panther).jpg|[[Panzerkampfwagen V Panther|Panzer V]] « Panther »<ref> La réponse au [[T-34]] soviétique, mauvaise surprise de l'[[opération Barbarossa]].</ref>, Ausf D ; construit en 850 exemplaires à partir de [[Janvier 1943 (guerre mondiale)|janvier 1943]].

Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-554-0872-35, Tunesien, Panzer VI (Tiger I).jpg|[[Panzerkampfwagen VI Tiger|Panzer VI]] Ausf E « Tiger », équipé du [[canon de 88 mm]] ; {{formatnum:1350}} produits à partir d'avril 1942.

Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-680-8282A-06, Budapest, Panzer VI (Tiger II, Königstiger).jpg|[[Panzerkampfwagen VI Königstiger|Panzer VI ausf B Königstiger]] ou « Tiger II », 489 produits à partir de [[janvier 1944 (guerre mondiale)|janvier 1944]].

Fichier:Metro-maus1.jpg|[[Panzerkampfwagen VIII Maus]], deux prototypes construits en 1943 et 1944.

</gallery>

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Des ingénieurs aéronautiques de talent dont [[Willy Messerschmitt]] ou [[Kurt Tank]] ont permis à l'Allemagne d'être le pays le plus avancé technologiquement sur le plan aéronautique pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dès avant la guerre, l'Allemagne se dote de l'[[Luftwaffe|armée de l'air]] la plus moderne du monde. Ses appareils sont tous récents, et sur le plan tactique, elle est à la pointe des nouveaux concepts tel le bombardement en piqué ([[Stuka]]). Cet armement fera ses preuves pendant la [[Guerre civile espagnole|guerre d'Espagne]] dès [[1937]] puis lors des campagnes de 1939 et 1940. Trop peu véloce face aux chasseurs monoplaces, notamment lors de la [[bataille d'Angleterre]], le [[Junkers Ju 87]] Stuka disparaît ensuite des théâtres où l'Allemagne ne dispose pas de la supériorité aérienne.

L'Allemagne produira également des chasseurs « classiques » de haute qualité, équivalents à leurs homologues alliés, parfois ponctuellement supérieurs. Les plus fameux sont le [[Messerschmitt Bf 109]] et le [[Focke-Wulf Fw 190]]. Le successeur de ce dernier, le [[Focke-Wulf Ta 152]], entré en service en 1945, est considéré comme le meilleur avion à pistons du conflit.

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[[Image:V-2 Rocket On Meillerwagen.jpg|vignette|Missile V2 disposé sur son dispositif de traction ambulant, le ''[[Meillerwagen]]''.]]

Sur le petit centre d'essais secret de [[Peenemünde]] depuis [[1937]] ont été élaborées les bombes volantes précurseures des drones sans intervention humaine avec la fusée à vol horizontal [[V1 (missile)|V1]], produite par la firme [[Fieseler]], qui relancèrent pendant un laps de temps la terreur du [[Blitz]] sur Londres par de nouvelles destructions.

Le [[V2 (missile)|missile V2]] fut le premier [[missile balistique]] de l'histoire. Ses tirs d'essais eurent lieu pendant l'été 1943 sur la [[mer Baltique]]. Les V2 étaient construits dans une usine distincte du centre d'essais, sous le système de production carcéral instauré par les nazis (un camp de prisonniers couplé à une unité de production enterrée afin de continuer malgré les bombardements). Cette usine produisait 45 V-2 par mois à la fin de la guerre. Les conditions de vie des prisonniers étant semblables aux survivants dans les complexes d'extermination&nbsp; ; il a été estimé que la production des V-2 a causé au total plus de victimes que leur emploi lui-même.

Fin 1944, il fut demandé aux scientifiques de la filière missiles balistiques de plancher sur un projet d'IRBM (missile de portée intermédiaire) visant à bombarder les côtes de [[Nouvelle-Angleterre]] depuis des bases de lancement en Europe occidentale. Ces études, codées ''Projekt Amerika'', donnèrent lieu une ébauche d'évolution de la filière des V2 : [[aggregat|A9 et A10]]. {{Lien|langue=en|trad=Ludwig Roth|fr=Ludwig Roth|texte=Ludwig Roth}} et [[Hermann Oberth]] y travaillèrent.

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{{loupe|Armes secrètes du Troisième Reich|Propagande nazie}}

[[Image:Comparison of Landkreuzer P 1000 Ratte, Maus and Tiger tanks.png|vignette|droite|Le projet de [[Landkreuzer Projekt#L'artillerie autopropulséeautomotrice allemandeet les croiseurs terrestres pendant la SecondeGrande Guerre Mondiale|char forteresse]], ici représenté à côté de chars conventionnels, fut initié par [[Krupp (entreprise)|Krupp]] en 1942 et finalement abandonné après une visite de [[Heinz Guderian]], alors l'inspecteur de l'armement : aucun revêtement de route n'aurait tenu après le passage d'un tel engin.]]

Afin de suppléer au mythe de l'''invincibilité de la Wehrmacht'' écorné dans la seconde partie de la guerre, les [[propagande|propagandistes]] d'État se servirent de l'existence de l'innovation technologique dans le secteur de l'armement, devenue fierté nationale, pour propager des rumeurs d'armes secrètes qui allaient inverser le cours de la guerre.

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[[Image:Bundesarchiv Bild 146-1978-Anh.024-03, Peenemünde, Dornberger, Olbricht, Brandt, v. Braun.jpg|vignette|Wernher Von Braun en vêtements civils, entouré d'officiers de l'armée allemande, en 1941 sur le site de [[Peenemünde]]. La compétition technologique n'allant pas de pair avec des questions idéologiques, le scientifique fut récupéré dans le camp américain (source : ''[[Archives fédérales (Allemagne)|Bundesarchiv]]'').]]

L'[[industrie de l'armement]] en temps de guerre, durcie par la tournure prise par la forme de [[guerre totale]] et d'usure des [[Ressource naturelle|ressources]], donna une forme d'encadrement très particulière des ouvriers chargés de la production des armes. Les peuples soumis se retrouvèrent dans des usines d'assemblage dans des conditions proches du servage, les usines étant couplées avec des quartiers d'habitation bâtis comme des [[camp de travail|camps de travail]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[François Cavanna]]|titre=[[Les Russkoffs]]|éditeur=[[éditions Belfond]]|année=1979|pages totales=373|pages=374|isbn=978-2-7144-1234-8|oclc=475479716|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=d9jl5ALyibEC&printsec=frontcover&dq=Les+Russkoffs}}. </ref>. Les bombardements d'usine par les forteresses volantes alliées se concentrant, les usines de matériel stratégiques avaient fini par être souterraines : c'est par exemple le cas pour le site de production de [[Dora-Mittelbau]], qui se situe dans un réseau de tunnels sous la montagne de Kohnstein à [[Nordhausen]] et réunit dix mille travailleurs dans des conditions éprouvantes liées à cet environnement ; {{formatnum:2900}} moururent dans ces travaux forcés d'octobre 1943 à mars 1944. Quoique cette usine profondément enfouie sous le massif du [[Harz]], en [[Thuringe]], ne fut jamais bombardée par les Alliés, les bombardements parvinrent tout de même à nuire significativement au potentiel de renouvellement de l'[[arsenal]] du [[Troisième Reich]] à compter de l'année [[1944]].

La machine de guerre allemande doit affronter une chute de la production de matières premières à la fin 1944, compensée en partie par des réserves constituées, la réduction de la consommation civile et la mise en place de produits de substitution. Ainsi, en dépit de la perte de certaines sources d'approvisionnement au cours de l'année 1944 et des bombardements alliés, massifs cette même année, la production reste constante, atteignant même un pic de production en septembre 1944. Durant l'année 1944, les centres de production se déplacent vers l'est, la Silésie, la Bohème, l'Allemagne centrale, ce qui explique le caractère tardif des pénuries de matériel et de carburant, à partir de mars 1945, avec la perte des derniers puits de pétrole et du bassin industriel de Silésie<ref>{{Harvsp|Philippe Masson|1994|texte=|p=427}}.</ref>, en dépit des efforts de [[Ferdinand Schörner|Schörner]] et de son groupe d'armée jusqu'en mai 1945<ref>{{Harvsp|Philippe Masson|1994|texte=|p=453}}.</ref>.

L'identifiant comme fautrice de [[crimes de guerre]], les Alliés ont démantelé cette industrie de l'armement et veillé à mettre fin à sa nocivité au cours de la période des zones d'occupation en Allemagne. Certains capitaines d'industrie passèrent en jugement lors du [[procès de Nuremberg]] <ref> Voir notamment les articles [[Procès Krupp]], [[Procès Flick]] et [[Procès IG Farben]]. </ref>. Le consortium de l'industrie chimique, qui avait contribué au ravitaillement en [[essence synthétique]], [[Interessengemeinschaft Farbenindustrie]], fut éclaté en cinq entreprises par métier : [[Agfa-Gevaert|Agfa]], [[BASF]], [[Hoechst]], [[Bayer (entreprise)|Bayer AG]], [[Dynamit Nobel]]. [[Fritz Thyssen]] fut déchu, et le cartel [[Famille Thyssen|Vereinigte Stahlwerke AG]] fut démantelé : lointaine héritière de l'empire Krupp, [[ThyssenKrupp|ThyssenKrupp AG]] estallie aujourd'huià unses anciennes activités sidérurgiques, une division fabricant d'ascenseurs, ainsiune autre pour la fabrication de composants automobiles, une pour la recherche, une autre pour les Solutions industrielles et enfin une pour les systèmes marins. Le groupe finance qu'une fondation investissant dans l'art pictural<ref>Exemple : Collection du [[musée Thyssen-Bornemisza]], [[Madrid]].</ref>. Les ingénieurs en balistique furent transférés par les deux Grands à l'occasion de l'[[opération Paperclip]] (ainsi qu'une démarche équivalente côté soviétique) dans les effectifs qui allaient s'affronter dans la course à l'Espace la décennie suivante : l'URSS comme les États-Unis eurent donc « leurs Allemands » pour s'affronter sur le plan de la concurrence technologique. Si les Américains mettent la main sur le cerveau de la filière, [[Wernher von Braun]], les Soviétiques ne parviennent à attirer que son assistant : [[Helmut Gröttrup]].

* ''Opérations visant la technologie allemande''

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** [[Opération Lusty]] (visant à mettre la main sur des prototypes et des modèles aéronautiques, tels le ''Me-262'')

** [[Opération Backfire]] (conduite par des agents britanniques)

** {{Lien|langue=en|trad=[[TICOM|fr=TICOM|texte=TICOM}}]] : [[cryptographie]] du Régime nazi

** [[Opération Alsos]] pointée sur les [[recherches atomiques sous le régime nazi]]

** [[Opération Epsilon]] : placement sur écoute permanente de 10 savants atomistes allemands

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Cette industrie se trouve en 2008 au troisième rang des exportateurs d'armes avec 10 % du marché mondial pour un montant de {{unité|8.7|milliards}} d'euros<ref>{{de}} [https://www.welt.de/politik/deutschland/article2844993/Deutschland-verkauft-13-Prozent-mehr-Waffen.html Deutschland verkauft 13 Prozent mehr Waffen] - ''[[Die Welt]]'', 8 décembre 2008 </ref>. La vente de matériels militaires d'occasion a rapporté {{unité|1.4|milliard}} d'euros entre 2000 et 2009<ref>[http://lemamouth.blogspot.com/2011/04/arm-nbrs-bn-et-lar-chx-ch-clnt.html arm nbrs., bn ét, lar. chx, ch clnt] - Jean-Marc Tanguy, Blog Le mamouth, 8 avril 2011</ref>.

En 2007, le [[budget de la défense]] de l'Allemagne est de {{unité|36.9|milliards}} d'euros (soit au {{6e|rang}} mondial d'après la [[Institut international de recherche sur la paix de Stockholm|SIPRI]]) et, en [[2006]], cinq entreprises de cette nation se classent dans les cent plus grandes du secteur et vendu un total de {{unité|6.08|milliards}} de [[Dollar américain|dollars américains]] d'armement<ref>Diplomatie hors-série {{numéro|7}}, ''Atlas géostratégique 2009'', décembre 2008-janvier 2009</ref> :

* [[Rheinmetall]] ({{numéro|31}})

* [[ThyssenKrupp|ThyssenKrupp AG]] ({{numéro|34}})