« Complexe militaro-industriel allemand » : différence entre les versions — Wikipédia


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Le nouveau régime s'appuie dans sa politique de réarmement sur la puissance de l'industrie [[mécanographique]] fournie par la ''[[Dehomag]]'', dont une nouvelle usine s'ouvre en 1934. Cette technique de traitement de l'information, antérieure aux ordinateurs, contribua à organiser et optimiser les lignes de production.

La structure ''féodale'' du régime nazi multiplie les programmes empêchant une concentration des ressources et les interventions directes des divers responsables souvent a contresens ont largement gêné la production militaire.

[[Image:Bundesarchiv Bild 101I-635-3965-21, Panzerfabrik in Deutschland.jpg|vignette|Fabrique de [[Panzerkampfwagen VI Tiger|Panzer VI Tigre]], en 1943.]]

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L'intégration du complexe industriel bâti par les [[nazi]]s passe par le traitement des grandes familles industrielles chrétiennes qui réalisèrent la première industrialisation dans la [[Ruhr (région)|Ruhr]] : certains capitaines d'industrie seront naturellement favorables ([[Alfried Krupp von Bohlen und Halbach|héritier Krupp]], ''{{Lien|fr=Emil Kirdorf|lang=en|trad=Emil Kirdorf|texte=Emil Kirdorf}}''), d'autres seront manipulés<ref>Le film ''[[Les Damnés (film, 1969)|Les Damnés]]'' de [[Luchino Visconti]], sorti en [[1969]], montre la manière dont les nazis [[Réarmement du Troisième Reich#Mise en place de la politique de réarmement|obtiennent la mainmise]] sur une puissante famille bourgeoise, dont le patriarche farouchement anti-nazi laisse la place à un héritier ambigu qui se laisse séduire par la propagande du régime ; ce que révèle la dernière image de l'héritier faisant le salut de la main.</ref>. La refondation de l'industrie de l'armement donna un potentiel guerrier extrêmement dangereux pour l'[[Europe]] à la veille du conflit<ref>Jusqu'à la [[drôle de guerre]] où le ministre de la Défense français lut avec incrédulité un rapport présentant la disparité drastique des unités d'aviation comparées à la [[Luftwaffe]] ([[L'Étrange Défaite|Source]])</ref> dont les matières premières parviennent jusqu'en juin 1941 en très grande partie des [[relations économiques entre l'Union soviétique et l'Allemagne nazie]].

Le 17 mars 1940, [[Fritz Todt]] est nommé ministre de l'Armement du Reich et organise la rationalisation du secteur en temps de guerre dans une perspective d'intégration des industries des pays occupés, mais l'inefficacité et les conflits d'intérêts persistèrent. Celle-ci tournera à plein régime à partir de 1942 mais la capacité de production de ses adversaires s'est montrée largement supérieure.

Le [[complexe militaro-industriel soviétique]] combiné à [[Complexe militaro-industriel des États-Unis d'Amérique|celui des États-Unis]] et du [[Commonwealth]] ont contribué à écraser l'Allemagne et ses alliés par une production industrielle conjointe de matériel logistique et de guerre supérieure en quantité : c'est ce que Roosevelt a désigné sous le terme d'« arsenal des démocraties ».

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En effet, Les travailleurs de l'Est sont réquisitionnés de manière brutale par les SS dans les villages et les villes, parfois au hasard dans les rues. Ces transferts massifs de population vers le Reich ont pour conséquence de permettre à l'industrie de guerre allemande de disposer d'environ {{formatnum:2800000}} travailleurs de l'Est à l'automne 1944<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{p.|419}}</ref>. De plus en octobre 1941, Hitler ordonne la réquisition des prisonniers de guerre soviétiques et leur utilisation comme travailleurs forcés dans le Reich : on estime à {{formatnum:170000}} le nombre de prisonniers soviétiques travaillant en Allemagne en mars 1942, et {{formatnum:600000}} en 1944<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{p.|417}} et 419.</ref>. Cette réquisition entraîne la présence massive de cette main d’œuvre originaire de Pologne et d'Union Soviétique dans les usines et dans les villes, que la législation tente au maximum d'isoler des citoyens du Reich<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{pp.|421-423}}</ref>. Guère {{citation|mieux lotis que des porcs}}, ces travailleurs sont très mal nourris, et donc victimes de nombreuses maladies ; à partir de 1942, Rosenberg, allié ainsi aux industriels fait pression sur Hitler pour améliorer le sort de cette population et leur efficacité au travail<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{p.|424}}</ref>.

En 1944, l'Allemagne employait dans l'agriculture et l'industrie 5,3 millions de civils étrangers et 1,8 million de prisonniers de guerre soit 24 % de l'ensemble de la population active. Au total, entre 1939 et 1945, 12 millions de personnes seront utilisés comme main-d'oeuvre forcée<ref>Chris McNab, La stratégie nazie, Les plans de Hitler, Acropole, 2015, p. 195</ref>

À partir de l'été 1944, l'ensemble des travailleurs étrangers présents dans le Reich voient leur sort se détériorer : dans ce contexte, la fuite ou le passage à la clandestinité demeurent les deux principaux choix de ces travailleurs, d'autres tirent au flanc<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{p.|816}} et 818</ref>. Ainsi, les déplacements des travailleurs étrangers sont toujours plus contrôlés par la police. De plus, rapidement des hiérarchies se mettent en place, basées sur la nourriture (colis), et un marché noir de grande ampleur s'organise, essentiellement au profit des travailleurs occidentaux, à destination des travailleurs de l'Est et des italiens ; en 1944, un certain nombre de travailleurs de l'Est s'organisent en bandes : ces bandes sont composées non seulement de travailleurs de l'Est, mais de déserteurs et d'évadés de prison et de camps de concentration, qui n'hésitent pas à attaquer des postes de police ; dans un contexte marqué par le chaos grandissant en Allemagne à la fin de 1944, la Gestapo arrête et exécute des centaines de travailleurs étrangers : ces exécutions se poursuivent jusque dans les derniers jours du conflit, comme à Dortmund en mars 1945<ref>R.J. Evans, ''Le Troisième Reich : 1939-1945'', {{pp.|818-820}}</ref>.