Jacques Doillon


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réalisateur, producteur et scénariste français

Jacques Doillon est un réalisateur, producteur et scénariste français né le dans le 20e arrondissement de Paris. Actif depuis les années 1970, il a réalisé une trentaine de films, dont Les Doigts dans la tête (1974), La femme qui pleure (1979), La Drôlesse (1979) et Ponette (1996).

Nommé deux fois aux Césars dans la catégorie de la meilleure réalisation et deux fois pour la meilleure adaptation, il a notamment reçu le Prix Louis-Delluc en 1990 pour Le Petit Criminel.

En février 2024, il est accusé par plusieurs actrices de viol, d’agression et de harcèlement sexuels, pour des faits qui se seraient déroulés entre les années 1980 et 2010.

Biographie

Famille

Jacques Doillon naît le à Paris dans une famille modeste : son père est comptable, sa mère standardiste. Élève au lycée Voltaire à Paris, il fréquente le ciné-club animé par le professeur de littérature Henri Agel[1].

Carrière

Doillon commence comme monteur, notamment sur des documentaires tels que Paris-secret d'Édouard Logereau en 1965 et Paris top secret de Pierre Roustang en 1969. En 1973, il réalise son premier long métrage L'An 01 d'après la bande dessinée de Gébé (la partie Afrique est réalisée par Jean Rouch et la partie à New York par Alain Resnais).

En 1994, il s'inspire de l'histoire de Germaine de Staël et Benjamin Constant pour réaliser un long métrage de cinéma Du fond du cœur et une version longue en douze épisodes pour la télévision Germaine et Benjamin.

En 2013, le festival international du film Entrevues à Belfort lui consacre une rétrospective[2].

En 2019, il est l'invité d'honneur du Festival Films Courts de Dinan où il retrouve le réalisateur Jean Becker.

Vie privée

De son couple avec Noëlle Boisson, monteuse, est née Lola Doillon (réalisatrice) en 1975. Puis il vit avec Jane Birkin de 1980 à 1992. Il est le père de l'actrice Lou Doillon (1982). Il est aussi le père de Lili (1995) dont la mère est Brune Compagnon. De sa relation avec la réalisatrice Amélie van Elmbt naîtra ensuite Lina Doillon (2010). Il a un fils, Lazare Doillon-Tencer (2016), dont la mère est Marianne Doillon-Tencer.

Accusations de viol et d'agressions sexuelles

Le 6 février 2024, la comédienne Judith Godrèche dépose une plainte contre Jacques Doillon pour viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité. Le cinéaste est accusé de l'avoir violée en marge et au cours du tournage de La Fille de 15 ans[3].

Selon la déposition de Judith Godrèche, les faits se sont déroulés « dans la maison de Jane [Birkin, compagne à l'époque du cinéaste], dans le bureau de Jacques Doillon. » L'actrice revient également sur le tournage du film et indique que Jacques Doillon « a viré l'acteur » pour se mettre à sa place et incarner le personnage du père du petit ami de l'héroïne qui tombe amoureux d'elle. « Tout d'un coup, il décide qu'il y a une scène d'amour, une scène de sexe entre lui et moi », raconte Judith Godrèche ; elle ajoute que, pour cette scène, « 45 prises » ont été faites. « J'enlève mon pull, je suis torse nu, il me pelote, me roule des pelles », décrit-elle. Elle précise que Jane Birkin était présente sur le tournage de cette scène, « une situation extrêmement douloureuse pour elle »[4],[5],[6].

La déposition est enregistrée le 6 février par la brigade de protection des mineurs de la police judiciaire de Paris[4]. Dans une réponse publiée le 9 février, Jacques Doillon dénonce des enquêtes « non contradictoires » et répond sur les différents points soulevés. Concernant la scène incriminée par Judith Godrèche, il affirme que « cette scène est dans le scénario original ». « C’est la scène 79 où il est notamment écrit : "Affolés, soulevés, ils font l’amour". Judith Godrèche a évidemment lu et relu le scénario puisqu’elle a même prétendu l’avoir écrit », ajoute-t-il[7].

Quelques jours après la déposition de Judith Godrèche, les actrices Isild Le Besco et Anna Mouglalis accusent à leur tour Doillon d'agression et de harcèlement sexuels dans une enquête du journal Le Monde, pour des faits advenus respectivement en 2000 et en 2011[8].

Style

Ses films, intimistes et personnels, proposent une réflexion sur l'enfance, la frustration, le tourment, la complexité du sentiment et le rapport de classe. Son œuvre se caractérise principalement par des récits linéaires et ténus, marqués par une grande tendresse pour les personnages en perdition et fait le choix récurrent d'espaces clos et de décors naturels, réduits au strict minimum. On note par ailleurs des dialogues foisonnants et des plans inscrits ostensiblement dans la durée. Le critique de cinéma Éric Neuhoff en parlant de l'ensemble de son œuvre écrit le 16 février 2024 "se replonger dans (sa) filmographie est une punition", et le décrit comme "illustrant le cinéma d'auteur jusqu'à la caricature", "braillard et sentencieux, verbeux et brouillon", ayant "élevé l'ennui au niveau des beaux-arts". Un cinéma "prétentieux", "narcissique", et des histoires de "touche-pipi", d'incestes, d'hommes mûrs couchant avec de jeunes adolescentes...

Filmographie

Cinéma

Longs métrages

Courts métrages

  • 1969 : Trial (documentaire)
  • 1970 : La Voiture électronique (documentaire)
  • 1970 : Vitesse oblige (documentaire)
  • 1971 : Tous risques (documentaire)
  • 1971 : On ne se dit pas tout entre époux d'après un scénario de Gébé
  • 1971 : Bol d'or (documentaire)
  • 1973 : Laissés pour compte (Les oubliés) (documentaire)[11]
  • 1973 : Les Demi-jours (documentaire)[12]
  • 1973 : Autour des filets (documentaire de 11 minutes sur les gardiens de but de handball)
  • 1991 : Contre l'oubli - segment Pour Anstraum Aman Villagran Morales, Guatémala

Télévision

Distinctions

Notes et références

  1. Vincent Pinel, Cinéma français, Cahiers du cinéma, , p. 260.
  2. « 10 raisons de sortir ce week-end », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « Jacques Doillon accusé de viol, d’agression sexuelle et de harcèlement par les actrices Judith Godrèche, Anna Mouglalis et Isild Le Besco », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  4. a et b « Judith Godrèche accuse le réalisateur Jacques Doillon de l'avoir abusée sexuellement », sur Franceinfo, (consulté le ).
  5. « Judith Godrèche a également porté plainte contre Jacques Doillon », sur Franceinfo, (consulté le ).
  6. « “Je n’ai jamais été attirée par Benoît Jacquot mais j’ai été son enfant femme”, témoigne Judith Godrèche », sur France Inter, (consulté le ).
  7. « Accusations contre Jacques Doillon : Le réalisateur dénonce des "mensonges" » sur 20minutes.fr avec l'AFP, publié le .
  8. Jérôme Lefilliâtre et Lorraine de Foucher, « Jacques Doillon accusé de viol, d’agression sexuelle et de harcèlement par les actrices Judith Godrèche, Anna Mouglalis et Isild Le Besco », sur Le Monde, .
  9. Avec Jean Rouch et Alain Resnais.
  10. « CE2 », sur auvergnerhonealpes-cinema.fr
  11. Produit par les Films du Centaure. Musique composée par François de Roubaix : Gilles Loison & Laurent Dubois, François de Roubaix charmeur d'émotions, Éditions Chapitre Douze, Bruxelles-Paris 2006, p. 526.
  12. Produit par les Films du Centaure. Musique composée par François de Roubaix : Gilles Loison & Laurent Dubois, François de Roubaix charmeur d'émotions, Éditions Chapitre Douze, Bruxelles-Paris 2006, p. 527.

Voir aussi

Bibliographie

  • Alain Philippon, Jacques Doillon : scénario, Dunkerque / Pantin / Crisnée, Ciné 104 / Yellow Now / Studio 43, , 160 p. (ISBN 2-87340-078-1).
  • René Prédal, Jacques Doillon, trafic et typologie des sentiments, Paris / Condé-sur-Noireau, Éditions du Cerf, coll. « 7ème Art », , 432 p. (ISBN 2-204-07350-4).
  • « Rencontre avec Jacques Doillon (Entretien avec René Prédal) », Jeune Cinéma, no 284,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Nicolas Livecchi, L'enfant acteur. De François Truffaut à Steven Spielberg et Jacques Doillon, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, coll. « Réflexions faites », , 368 p. (ISBN 978-2-87449-150-4).
  • André Encrevé, « Doillon Jacques », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 2 : D-G, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2020, p. 212-213 (ISBN 978-2-84621-288-5).
  • Antoni Collot, Les Prises Doillon, Paris, Marest éditions, , 120 p. (ISBN 979-10-96535-39-2).

Documentaires

  • 1998 : Jacques Doillon : les mots, l'émotion… d'Anne Brochet et Françoise Dumas, production INA et La Sept ARTE, 52 min.
  • 2007 : Jouer Ponette - Autour du film de Jacques Doillon de Jeanne Crépeau, production Box Film, 92 min.
  • 2008 : Des sables dessinés d'Antoni Collot, production Liaison cinématographique, 27 min.
  • 2020 : Il était une fois, Doillon de Pierre Chassagnieux, coll. « Parole de cinéaste », production INA et Ciné+, 53 min.

Liens externes