« Mur de Berlin » : différence entre les versions — Wikipédia


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{{En-tête label|AdQ|année=20072006}}

{{Voir homonymes|Mur (homonymie)|Mur de la honte}}

{{Infobox Monument

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[[Fichier:West and East Berlin.svg|vignette|300px|<center>Carte de Berlin avec le tracé du mur en violet. Elle mentionne également les passages frontaliers et les réseaux métropolitains.<br>
Voir aussi : {{nobrRelation OSM|([[ShareMap:public/West6651797|Mur and Eastde Berlin|Utilisez la carte interactive]])}}.</center>]]

[[Fichier:Berliner Mauer.jpg|vignette|Vestige du mur de Berlin, 2004.]]

[[Fichier:UTafel A115 Teilung.jpg|vignette|Panneau indicateur de l'ancienne division allemande.]]

Le '''mur<ref group=alpha>S'écrit avec une minuscule lorsqu'il est suivi de Berlin, selon les [[Wikipédia:Conventions typographiques#MAJUSCULES-BÂTIMENTS|conventions typographiques]] ; s'écrit avec une majuscule lorsqu'il est employé seul, ou bien dans la plupart des cas lorsqu'il apparaît dans des [[Wikipédia:Conventions typographiques#ŒUVRES|titres d’œuvres]].</ref> de Berlin''' (en [[allemand]] ''{{langue|de|Berliner Mauer}}'', {{MSAPI|/bɛʁˌliːnɐ ˈmaʊ̯ɐ/}}<ref>[[Prononciation de l'allemand|Prononciation]] en [[allemand standard]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la [[alphabet phonétique international|norme API]].</ref> {{Son simple|<small>Écouter</small>|De-Berliner Mauer.ogg}})<ref group=alpha>La frontière entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est entre 1947 et 1989 était plus généralement qualifiée de « [[rideau de fer]] ».</ref>, « {{page h'|mur de la honte}} » pour les Allemands de l'Ouest et officiellement appelé par le [[Gouvernement de la République démocratique allemande|gouvernement est-allemand]] « [[Rempart antifasciste|mur de protection antifasciste]] » (''{{langue|de|Antifaschistischer Schutzwall}}''), est érigé en plein [[Berlin]] dans la nuit du {{date|12 août- 1961-}} au {{date|13|août|1961}} par la [[République démocratique allemande]] (RDA)<ref name="dumont"/>, d'abord sous la forme de rideau de fils de fer barbelé, (au cours du mois d'août et de septembre 1961), puis sous la forme d'un mur en béton et en briques, selon les emplacements, à compter d'octobre 1961. Il tentedoit ainsi deservir à mettre fin à l'exode croissant de ses habitants vers la [[Allemagne de l'Ouest|République fédérale d'Allemagne]] (RFA)<ref name="dumont"/>{{,}}<ref name="andre_fontaine" group=alpha />. De façon systématique, le mur est installé en respectant le tracé des zones de Berlin, défini par les Alliés et les Soviétiques à compter de juillet 1945 : le mur est parfois situé environ un mètre ou quelquesplusieurs mètres en deçà de la limite du secteur soviétique et n'empiète en aucun cas sur l'étendue de la trizone américaine, britannique et française de Berlin. Ainsi, la décision du gouvernement est-allemand d'élever une séparation entre Berlin-Est et Berlin-Ouest n'a pas pu être considérée, ausur niveaule plan du droit, comme étant un acte violant la légalité internationale, car ce gouvernement agissait sur la superficie de son territoire, où il pouvait donc faire ce qu'il désirait.

Le mur, composante de la [[Frontière interallemande|frontière intérieure allemande]], séparea séparé physiquement la ville en [[Berlin-Est]] et [[Berlin-Ouest]] pendant plus de vingt-huit ans, et constituea constitué le symbole le plus marquant d'une Europe divisée par le [[rideau de fer]]. Plus qu'un simple [[mur]], il s'agitagissait d'un dispositif militaire complexe comportant deux murs de {{unité|3,6 mètres}} de haut<ref>[{{Lien brisé|url=http://www.berlin.de/mauer/verlauf/index/index.fr.php]}}.</ref>, avec un chemin de ronde, entourant intégralement le secteur ouest de la ville sur {{unité|155|km}}, avecéquipé de {{unité|302|[[Mirador (surveillance)|miradors]]}}, etde dispositifs d'alarme, {{unité|14000|gardes}}, {{unité|600|chiens}} et desde [[fil de fer barbelé|barbelés]] dressés vers le ciel., Unet nombresurveillé indéterminépar de{{unité|14000|gardes}} personneset sont victimes des tentatives de franchissement du mur{{unité|600|chiens}}. En effet, durant ces vingt-huit années, desLes gardes-frontières est-allemands et desles soldats soviétiques n'hésitenthésitaient pas à tirer sur desles fugitifs, ce dont un nombre indéterminé de personnes ont été victimes lors de leur tentative de franchissement du mur.

L'affaiblissement de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]], la ''[[perestroïka]]'' conduite par [[Mikhaïl Gorbatchev]], et la détermination des [[République démocratique allemande|Allemands de l'Est]] qui organisentorganisaient de grandes manifestations, provoquentont provoqué le {{date|9|novembre|1989}} la [[chute du mur de Berlin]], suscitant l'admiration incrédule du « [[Monde libre]] » et ouvrant la voie à la [[réunification allemande]]. Presque totalement détruit, le Mur laisse cependant, dans l'organisation urbaine de la capitale allemande, des cicatrices qui ne sont toujours pas effacées aujourd'hui. Le mur de Berlin, symbole du clivage idéologique et politique de la [[guerre froide]], a inspiré de nombreux livres et films. Plusieurs musées lui sont consacrés.

== Histoire ==

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==== Causes de la construction du mur de Berlin ====

{{article connexe|Émigration depuis le bloc de l'Est}}

Depuis sa création en octobre 1949, la [[République démocratique allemande|RDA]] subit un flot d'émigration croissant vers la RFA, particulièrement à Berlin. La frontière urbaine est difficilement contrôlable, contrairement aux zones rurales [[restrictionsMigration humaine#Restrictions à l'émigration |déjà très surveillées]]. Entre 2,6 et {{unité|3.6|millions}} d'Allemands -{{incise|sur une population totale d'environ 16 millions d'habitants-}} fuient la RDA par Berlin entre 1949 et 1961<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Sabine DULLIN|titre=L'ironie du destin : une histoire des russes et de leur empire (1853-1991°|lieu=Paris|éditeur=Payot|année=2019|pages totales=299}}</ref>, privant le pays d’une main-d'œuvre indispensable au moment de sa reconstruction et montrant à la face du monde leur faible adhésion au régime communiste<ref name="dumont"/>{{,}}<ref group="alpha" name="andre_fontaine">{{harvsp|Fontaine|p=348|loc=tome II}} fait état de « près de trois millions » ; le site [http://www.berlin.de/mauer/geschichte/index.fr.html Berlin.de] écrit lui qu’« entre 1945 et 1961, près de {{unité|3,6 millions}} d’Allemands quittèrent la zone d’occupation soviétique et Berlin-Est ». Enfin, selon [[Jean-François Soulet]] : « Aussi, de 1950 à 1961, {{unité|2609321 personnes}} avaient quitté la RDA pour se réfugier en RFA » dans [http://www.diploweb.com/forum/soulet1.htm].</ref>. Émigrer ne pose pas de difficulté majeure, car, jusqu’en {{date-|août 1961}}, il suffit de prendre le [[Métro de Berlin|métro]] ou le [[S-Bahn de Berlin|chemin de fer berlinois]] pour passer d'est en ouest<ref>Jean-François Soulet, ''La « question allemande » et la désintégration de l'empire soviétique est-européen'', les Cahiers d'histoire immédiate, {{numéro|15}}, {{p.|259-274}}.</ref>, ce que font quotidiennement des Berlinois pour aller travailler. Les Allemands appellent cette migration de la RDA communiste à la RFA capitaliste : « [[voter avec ses pieds]] ». Pendant les deux premières semaines d'{{date-|août 1961}}, riches en rumeurs, plus de {{unité|47000|citoyens}} est-allemands passent en Allemagne de l'Ouest ''via'' [[Berlin]]. De plus, Berlin-Ouest joue aussi le rôle de porte vers l'Ouest pour de nombreux [[Tchécoslovaquie|Tchécoslovaques]] et [[Pologne|Polonais]]. Comme l'émigration concerne particulièrement les jeunes actifs, elle pose un problème économique majeur pour le gouvernement est-allemand et menace l'existence même de la RDA.

En outre, environ {{unité|50000|Berlinois}} sont des travailleurs frontaliers, travaillant à Berlin-Ouest, mais habitant à Berlin-Est ou dans sa banlieue où le coût de la vie et de l'immobilier est plus favorable. Le {{date-|4|août|1961}}, un décret oblige les travailleurs frontaliers à s'enregistrer comme tels et à payer leurs loyers en [[Deutsche Mark]]s (monnaie de la [[Allemagne de l'Ouest|RFA]]). Avant même la construction du Mur, la police de la RDA surveille intensivement aux points d'accès à Berlin-Ouest ceux qu'elle désigne comme « contrebandiers » ou « [[Republikflucht|déserteurs de la République]] ».

Comme dans tous les pays communistes sous domination soviétique, une [[économie planifiée]] a été imposée à la RDA par [[Moscou]]. Le plan septennal (1959-1965) est un échec dès le début. La production industrielle augmente moins vite que prévu. En effet, les investissements sont insuffisants. La [[collectivisation]] des terres agricoles , contestée par la quasi-totalité des paysans de l'Allemagne de l'Est, entraîne une baisse de la production et une pénurie alimentaire. Les salaires augmentent plus vite que prévu à cause d'un manque de main-d'œuvre provoqué en grande partie par les fuites à l'Ouest. Un important trafic de devises et de marchandises, néfaste à l'économie est-allemande, passe par Berlin. La RDA se trouve en 1961 au bord de l’effondrement économique et social<ref name="Thalmann"/>.

=== La construction du mur de Berlin ===

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[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-85458-0002, Berlin, Mauerbau, Kampfgruppen am Brandenburger Tor.jpg|vignette|Le {{date|13 août 1961}}, la construction du mur de Berlin commence. Cette photo montre des hommes des « [[groupes de combat de la classe ouvrière]] » (''Kampfgruppen der Arbeiterklasse''), organisation paramilitaire est–allemande, sur le côté ouest de la porte de Brandebourg qui se tiennent exactement sur la ligne de démarcation.]]

Le programme de construction du Mur est un [[secret d'État]] du gouvernement est-allemand. Il commence dans la nuit du {{date-|12 août- 1961-}} au {{date-|13 août 1961}} avec la pose de grillages et de [[Fil de fer barbelé|barbelés]] autour de Berlin-Ouest<ref name="dumont"/>. L'opération a pour [[nom de code]] « [[Grande Muraille|Muraille de Chine]] »<ref>{{Lien web|url= https://www.lesechos.fr/2001/06/le-mur-de-la-guerre-froide-1053431|titre= Le mur de la guerre froide|site= Les Echos|date= 21 juin 2001}}.</ref>.

Son édification est effectuée par des maçons réquisitionnés, sous lale contrôle et la surveillance de policiers et de soldats – en contradiction avec les assurances du président du Conseil d'État de la RDA, [[Walter Ulbricht]], qui déclarait le {{date-|15|juin|1961}} lors d'une conférence de presse internationale à Berlin-Est en réponse à une journaliste ouest-allemande<ref>Interview menée par Annamarie Doherr, correspondante à Berlin pour le ''[[Frankfurter Rundschau]]'', {{date-|15 juin 1961}}. Original disponible sur le site {{de}} [http://www.chronik-der-mauer.de/index.php/de/Start/Detail/id/593837/page/4 ''Chronik der Mauer''].</ref> : {{Citation|Si je comprends bien votre question, il y a des gens en Allemagne de l'Ouest qui souhaitent que nous mobilisions les ouvriers du bâtiment de la capitale de la RDA pour ériger un mur, c'est cela ? Je n'ai pas connaissance d'un tel projet ; car les maçons de la capitale sont principalement occupés à construire des logements et y consacrent toute leur force de travail. Personne n'a l'intention de construire un mur<ref group=alpha>''Ich verstehe Ihre Frage so, dass es Menschen in Westdeutschland gibt, die wünschen, dass wir die Bauarbeiter der Hauptstadt der DDR mobilisieren, um eine Mauer aufzurichten, ja ? Mir ist nicht bekannt, dass eine solche Absicht besteht ; da sich die Bauarbeiter in der Hauptstadt hauptsächlich mit Wohnungsbau beschäftigen und ihre Arbeitskraft voll eingesetzt wird. Niemand hat die Absicht, eine Mauer zu errichten !.''</ref> !}}

[[Fichier:Winken ueber die Berliner Mauer.jpg|vignette|Après trois heures d'attente, une vieille dame passée au secteur ouest fait signe à ses connaissances restées à l'Est, 1961.]]

W. Ulbricht est ainsi le premier à employer le mot « mur », deux mois avant qu'il ne soit érigé.

Si les Alliés sont au courant d'un plan de « mesures drastiques » visant au verrouillage de [[Berlin-Ouest]], ils se montrent cependant surpris par son calendrier et son ampleur. Comme leurs droits d'accès à Berlin-Ouest sont respectés, ils décident de ne pas intervenir militairement. Le [[Service fédéral de renseignement|BND]] (Services secrets de la RFA) avait lui aussi reçu début {{date-|juillet 1961-}} des informations semblables. Après la rencontre entre Ulbricht et [[Nikita Khrouchtchev]] lors du sommet des pays membres du [[Pacte de Varsovie]] ({{date-|3 août- 1961-}}-{{date-|5 août 1961}}), le BND note dans son rapport hebdomadaire du {{date-|9 août 1961-}} : {{Citation|Les informations disponibles montrent que le régime de [[République démocratique allemande|Pankow]]<ref group=alpha>[[Berlin-Pankow|Pankow]] était l'arrondissement de Berlin-Est qui concentrait l'essentiel des institutions politiques de la RDA de 1949 à 1968.</ref> s'efforce d'obtenir l'accord de Moscou pour l'entrée en vigueur de mesures rigoureuses de blocage ; en particulier le bouclage de la frontière de Berlin, avec interruption du trafic de métros et de tramways entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. (…) Il reste à voir si Ulbricht est capable de faire accepter de telles exigences par Moscou, et jusqu'où.}}

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[[File:Mur de Berlin en juillet1980 Photographie Olivier Victor Marius Dumay.tif|thumb|Mur de Berlin en juillet 1980 (Est à gauche).]]

La construction du Mur autour des trois secteurs de l'Ouest consiste tout d'abord en un rideau de fils de fer barbelés. Les pavés des axes de circulation entre les deux moitiés de la ville sont retournés afin d’interrompre immédiatement le trafic<ref name="berlin.de">{{Lien web |url=http://www.berlin.de/mauer/geschichte/index.fr.html |titre=La construction du Mur |site=http://www.berlin.de/ |consulté le=21 août 2001|brisé le = 2023-11-26}}.</ref>. Dans les semaines suivantes, il est complété par un mur de béton et de briques, puis muni de divers dispositifs de sécurité. Ce mur sépare physiquement la cité et entoure complètement la partie ouest de Berlin qui devient une [[enclave et exclave|enclave]] au milieu des pays de l'Est.

=== Les conséquences du mur de Berlin sur ses habitants ===

Lors de sa construction inattendue en 1961, le mur de Berlin a eu nombreuses conséquences sur ses habitants, dont la séparation des familles, des amis et des amants<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Comment vivait-on à Berlin, avec le mur ? |url=https://www.1jour1actu.com/monde/vivre-a-berlin-avec-le-mur |site=1jour1actu.com |date=2019-11-08 |consulté le=2022-04-26}}.</ref>. Puisque le mur est construit en une nuit et de façon inattendue, les Allemands ne peuvent se déplacer afin de retrouver leurs proches. Avant la construction du mur, les Berlinois et Berlinoises pouvaient traverser la frontière pour aller rejoindre leur famille, faire des achats ou même aller travailler. Plus de 12000 Berlinois de l’Ouest allaient travailler à l’Est et plus de 53 000 d'entre eux allaient travailler à l’Ouest<ref>{{Ouvrage|prénom1=Thomas|nom1=Flemming|prénom2=Hagen|nom2=Koch|prénom3=Monique|nom3=Engel-Toureille|titre=Le mur de Berlin une frontière coupe la ville en deux ; [avec carte du tracé du mur]|date=2001|isbn=978-3-930863-95-2|isbn2=3-930863-95-2|oclc=76272351|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/76272351|consulté le=2022-04-26}}</ref>.

[[Fichier:Mur de Berlin-Mars 1967 (3).jpg|vignette|Mur de Berlin, mars 1967]]

Le mur de Berlin a également contribué à la consolidation du régime de la République Démocratique de l'Allemagne. Cela a eu pour effet de durcir la répression politique à en Allemagne de l'Est. Les opposants au régime sont emprisonnés et les services spécialisés de répression tel que la [[Ministère de la Sécurité d'État|STASI]] (Ministère de la Sécurité d'Etat) espionnent sa propre population et les potentiels dissidents.

Malgré la résilience de la population est-allemande qui voit son mode de vie transformé, les conséquences de la construction du mur se vivent au quotidien<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Frederic V Grunfeld|titre=Les Grandes Cités : Berlin|lieu=Amsterdam|éditeur=Édition Time-Life|date=1er décembre 1977|pages totales=200|isbn=978-0705404921|consulté le=10 mai 2022}}</ref>. Il faudra attendre la réunification de l'Allemagne conséquence directe de [[Chute des régimes communistes en Europe|l'effondrement des régimes d'Europe de l'Est]] à partir de 1989 pour que la population soit libérée du mur de la honte et de la répression politique<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Olivier Compagnon |titre=Chute du mur de Berlin |url=https://universalis-saintjerome.proxy.collecto.ca/encyclopedie/chute-du-mur-de-berlin/ |accès url=libre |site=Encyclopédie Universalis |date=2022 |consulté le=26 avril 2022}}.</ref>.

=== Les réactions à l'Ouest ===

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Dans l'ensemble, excepté Willy Brandt, les réactions sont modérées. Plusieurs historiens remarquent que l'Occident ne prendra pas le risque d'une guerre ouverte, et d'une potentielle rupture de l'[[équilibre de la terreur]], pour Berlin<ref name="Rotman">[[Patrick Rotman]], ''Un mur à Berlin''</ref>{{,}}<ref>[[Stéphane Courtois]], ''Communisme et totalitarisme''. Conférence-débat à l'[[Institut d'histoire sociale]] le 22 octobre 2009.</ref>.

[[Fichier:US Army tanks face off against Soviet tanks, Berlin 1961.jpg|vignette|[[M48 Patton]] de la [[Berlin Brigade]] américaine en face à face avec des [[T-55]] du [[Groupement des forces armées soviétiques en Allemagne]] le {{date-|27|octobre|1961}}, durant la [[Crise de Berlin (1958-1963)|crise de Berlin]].]]

Le {{date-|27 octobre 1961-}}, on en vient à une confrontation visible et directe entre troupes américaines et soviétiques à [[Checkpoint Charlie]]. Des gardes-frontières de [[République démocratique allemande|RDA]] exigent de contrôler des membres des forces alliées occidentales voulant se rendre en secteur soviétique. Cette exigence est contraire au droit de libre circulation dont bénéficient tous les membres des forces d’occupation. Pendant trois jours<ref name="berlin.de"/>, dix chars américains et dix chars soviétiques se postent de chaque côté, à proximité immédiate de Checkpoint Charlie. Les blindés se retirent finalement, aucune des deux parties ne voulant déclencher une escalade qui aurait risqué de se terminer en guerre nucléaire. La libre circulation - pour les Occidentaux et pour les étrangers- par le poste-frontière Checkpoint Charlie est rétablie. Paradoxalement, cette situation explosive, aussi bien à Berlin que dans le reste de l'Europe, va déboucher sur la plus longue période de paix qu'ait connue l'Europe occidentale<ref>Pascal Boniface, [http://www.iris-france.org/Tribunes-2001-03-01.php3 La planète en état de guerre].</ref>.

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[[Fichier:Berlin satellite image with Berlin wall.jpg|vignette|Tracé du Mur sur une image satellite (ligne jaune).]]

Les ressortissants de Berlin-Ouest ne pouvaient déjà plus entrer librement en [[République démocratique allemande|RDA]] depuis le {{date-|1er juin 1952}}. L'encerclement est rendu plus efficace par la diminution des points de passage : {{nobr|69 points}} de passage sur les {{nobr|81 existants}} sont fermés dès le {{date-|13 août 1961-}}. La [[porte de Brandebourg]] est fermée le {{date-|14 août 1961-}} et quatre autres le {{date-|23 août 1961-}}. Fin 1961, il ne reste plus que sept points de passage entre l'Est et l'Ouest de Berlin. La [[Potsdamer Platz]] est coupée en deux. Le centre historique de la ville devient progressivement un grand vide sur la carte, composé du [[No man's land|''no man’s land'']] entre les murs de séparation à l’Est et d’un terrain vague à l’Ouest<ref name="berlin.de2">{{Lien web |url=http://www.berlin.de/mauer/orte/potsdamer_leipziger_platz/index.fr.php |titre=Potsdamer Platz et Leipziger Platz |site=berlin.de|consulté le=21 août 2007 |brisé le = 2023-11-26}}.</ref>. Les conséquences économiques et sociales sont immédiates : {{unité|63000|Berlinois}} de l'Est perdent leur emploi à l'Ouest et {{unité|10000 de l'Ouest}} perdent leur emploi à Berlin-Est<ref name="dumont"/>.

Le mur de Berlin est devenu dès sa construction le symbole de la [[guerre froide]] et de la séparation du monde en deux camps. Le {{date-|26 juin 1963}}, [[John Fitzgerald Kennedy|John Kennedy]] prononce à Berlin un discours historique. Il déclare « ''[[Ich bin ein Berliner]]'' » (« Je suis un Berlinois »), marquant la solidarité du [[monde libre]] pour les Berlinois<ref>[http://www.cvce.eu/obj/discours_de_john_f_kennedy_ich_bin_ein_berliner_berlin_26_juin_1963-fr-5b899b24-ccc3-4022-9309-618a4ede81aa.html Discours de John F. Kennedy sur la Rudolph Wilde Platz].</ref>. De plus, la construction du Mur donne une image très négative des pays communistes et prouve de manière symbolique leur échec économique face au bloc occidental. « Le bloc soviétique s’apparente désormais à une vaste prison dans laquelle les dirigeants sont obligés d’enfermer des citoyens qui n’ont qu’une idée : fuir ! Le Mur est un aveu d’échec et une humiliation pour toute l’Europe orientale »<ref name="soulet">Jean-François Soulet, ''La "question allemande" et la désintégration de l'empire soviétique est-européen'', Cahiers d'histoire immédiate, {{numéro|15}}, 1999, {{p.|259-274}}.</ref>. Le Mur sape l'image du monde communiste<ref name=":0" />.

Le {{date-|17|décembre|1963}}, après de longues négociations, le premier accord sur le règlement des visites de Berlinois de l'Ouest chez leurs parents de l'Est de la ville est signé. Il permet à {{unité|1.2|million}} de Berlinois de rendre visite à leurs parents dans la partie orientale de la ville mais seulement du {{date-|19|décembre|1963}} au {{date-|5|janvier|1964}}. D'autres arrangements suivent en 1964, 1965 et 1966<ref name="berlin.de"/>. De façon officieuse, la RFA procède à partir de 1962 au [[rachat de prisonniers politiques est-allemands]] libérés contre des devises occidentales, pratique confidentielle qui concernera toutefois plus de 30 000 personnes jusqu'en 1989<ref>{{Lien web|lang=de|url=https://www.deutschlandfunk.de/schwerpunktthema-der-hohe-preis-der-freiheit-100.html|titre=Der hohe Preis der Freiheit|auteur=Isabel Fannrich-Lautenschläger|date=20 mars 2014|site=[[Deutschlandfunk]]}}.</ref>. Après l'accord quadripartite de 1971, le nombre des points de passage entre l'Est et l'Ouest est porté à dix. À partir du début des {{nobr|années 1970}}, la politique suivie par [[Willy Brandt]] et [[Erich Honecker]] de rapprochement entre la RDA et la RFA (''[[Ostpolitik]]'') rend la frontière entre les deux pays un peu plus perméable. La RDA simplifie les autorisations de voyage hors de la RDA, en particulier pour les « improductifs » comme les retraités, les malades et autorise les visites de courte durée d'Allemands de l'Ouest dans les régions frontalières. Comme prix d'une plus grande liberté de circulation, la RDA exige la reconnaissance de son statut d'État souverain ainsi que l'extradition de ses citoyens ayant fui vers la RFA. Ces exigences se heurtent à la [[loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne|loi fondamentale de la RFA]] qui les rejette donc catégoriquement. Pour beaucoup d’Allemands, l’édification du Mur est, de fait, un déchirement et une humiliation qui accentuent les ressentiments de la partition. Une conséquence inattendue de la construction du Mur est de faire renaître dans le cœur des Allemands l’idée de la [[Réunification allemande|réunification]]<ref name="soulet"/>.

Les deux parties de la ville connaissent des évolutions différentes. [[Berlin-Est]], capitale de la RDA, se dote de bâtiments prestigieux autour de l'[[Alexanderplatz]] et de la Marx-Engels-Platz. Le centre (''[[Berlin-Mitte|Mitte]]'') de Berlin qui se trouve du côté est perd son animation. En effet, l'entretien des bâtiments laisse à désirer, surtout les magnifiques bâtiments situés sur l'[[Île aux Musées (Berlin)|île des musées]], en particulier l'important [[musée de Pergame]]<ref name="dumont"/>. Poursuivant le développement d'une économie socialiste, le régime inaugure en 1967, dans la zone industrielle d'[[Berlin-Oberschöneweide|Oberschöneweide]], le premier [[combinat]] industriel de la [[République démocratique allemande|RDA]], le ''Kombinat VEB Kabelwerke Oberspree'' (KWO) dans la câblerie. En 1970, débute la construction d'immeubles de onze à vingt-cinq étages dans la [[LeipzigerstrasseLeipziger Straße]] qui défigurent l'espace urbain<ref name="berlin.de"/>. La propagande de la RDA désigne le Mur ainsi que toutes les défenses frontalières avec la RFA comme un « mur de protection antifasciste » protégeant la RDA contre l'« émigration, le noyautage, l'espionnage, le sabotage, la contrebande et l'agression en provenance de l'Ouest ». En réalité, les systèmes de défense de la RDA se dressent principalement contre ses propres citoyens.

[[Berlin-Ouest]] devient vite la vitrine de l’Occident. La reconstruction est bien plus rapide qu’à l’Est. La [[Potsdamer Platz]] reste un lieu de souvenir. Une plate-forme panoramique permet de regarder par-dessus le Mur. Elle attire les visiteurs au cours des {{nobr|années 1970}} et 1980<ref name="berlin.de2"/>. La partition fragilise cependant l'économie du secteur ouest. En effet, les industriels doivent exporter leur production en dehors de la RDA. De plus, pour éviter l'espionnage industriel, les industries de pointe s'implantent rarement à Berlin-Ouest<ref>Henri Ménudier, article ''Berlin'', Encyclopædia Universalis, DVD, 2007.</ref>. La partie ouest se singularise à partir de 1967 par son mouvement étudiant, point de mire de l'opinion publique. En effet, la ville est traditionnellement une ville universitaire. La vie culturelle y est très développée.[[File:Tag sur le mur de Berlin juillet 1980 Photographie Olivier Victor Marius DUMAY.jpg|thumb|Tags sur le mur de Berlin en juillet 1980.]]

Le {{date-|12 juin 1987}}, à l'occasion des festivités commémorant les {{nobr|750 ans}} de la ville, le président américain [[Ronald Reagan]] prononce devant la [[porte de Brandebourg]] un discours resté dans les mémoires sous le nom de ''[[Tear down this wall!]]''. Il s'agit d'un défi lancé à [[Mikhaïl Gorbatchev|Gorbatchev]], lequel est apostrophé à plusieurs reprises dans le discours<ref>[http://www.reaganfoundation.org/pdf/Remarks_on_East_West_RElations_at_Brandenburg%20Gate_061287.pdf Texte complet du discours] et [http://www.reaganfoundation.org/bw_detail.aspx?p=LMB4YGHF2&h1=0&h2=0&sw=&lm=berlinwall&args_a=cms&args_b=74&argsb=N&tx=1764 Vidéo du discours].</ref>.

{{ancre|La chute du Mur}}<!-- MERCI DE NE PAS MODIFIER LE LIBELLÉ DE CETTE ANCRE, ancre UTILISÉE NOTAMMENT DEPUIS L'ARTICLE DE REDIRECTION [[Chute du mur de Berlin]] -->

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[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-1989-1104-437, Berlin, Demonstration am 4. November.jpg|vignette|Manifestations le {{date-|4 novembre 1989}} à [[Berlin-Est]].]]

[[Fichier:BrandenburgerTorDezember1989.jpg|vignette|Le {{date-|1|décembre|1989}} à la [[porte de Brandebourg]], Berlin.]]

En 1989, la situation géopolitique change. Au printemps, la [[Hongrie]] ouvre son « [[rideau de fer]] ». En {{date-|août 1989-}}, [[Tadeusz Mazowiecki]], membre de [[Solidarność]], devient premier ministre de [[Pologne]]. Certains observateurs pensent qu'une contagion de liberté va gagner aussi les Allemands<ref name="walters">C'est le cas du général [[Vernon Walters]], ambassadeur des [[États-Unis]] en [[Allemagne de l'Ouest|République fédérale d'Allemagne]] de 1989 à 1991. Il raconte [http://www.diploweb.com/p5walt3.htm ses souvenirs sur la période] sur le site ''[http://www.diploweb.com/ Diploweb]''.</ref>. À la fin de l'été, les Allemands de l'Est se mettent à quitter le pays par centaines, puis par milliers, sous prétexte de vacances en [[Hongrie]], où les frontières sont ouvertes. En trois semaines, {{Nombre|25000|citoyens}} de la [[République démocratique allemande|RDA]] rejoignent la RFA par la [[Hongrie]] et l'[[Autriche]]. Des tentes et des sanitaires sont installées dans le parc de l'ambassade de la RFA à [[Prague]] où se pressent des réfugiés est-allemands, mais fin septembre les conditions d'accueil des quelque {{Nobr|4 000}} réfugiés sont précaires. Dans la nuit du 30 septembre, [[Hans-Dietrich Genscher]] vient à Prague leur dire qu'un accord a été conclu avec la RDA pour qu'ils puissent légalement émigrer en RFA. Le {{Date|1|octobre|1989}}, un premier train spécial part pour l'Allemagne de l'Ouest, via le territoire de l'Allemagne de l'Est. L'exode continue tout au long du mois d'octobre<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Il y a 20 ans, l'ambassade de la RFA à Prague envahie par des réfugiés est-allemands|url=https://www.radio.cz/fr/rubrique/histoire/il-y-a-20-ans-lambassade-de-la-rfa-a-prague-envahie-par-des-refugies-est-allemands|site=Radio Prague International|date=30 septembre 2009|consulté le=2019-09-26}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Réfugiés de la RDA devant l'ambassade de RFA à Prague (30 septembre 1989)|url=https://www.cvce.eu/obj/refugies_de_la_rda_devant_l_ambassade_de_rfa_a_prague_30_septembre_1989-fr-31688b66-f36c-4d85-8615-6460d5495aae.html|site=Cvce.eu|date=2019|consulté le=2019-09-26}}.</ref>.

En RDA, la contestation enfle. Les églises protestantes, comme celle de Saint Nikolai à [[Leipzig]], accueillent les prières pour la paix. Elles sont le germe des [[manifestations du lundi]] à partir de {{date-|septembre 1989-}}<ref>{{29e|Conférence}} de la Société internationale de sociologie des religions, {{date-|juillet 2007}} à Leipzig, Allemagne.</ref>. {{Nombre|200000|manifestants}} [[Manifestations du lundi|défilent dans les rues]] de [[Leipzig]] le {{date-|16 octobre 1989}}. [[Mikhaïl Gorbatchev]], venu à Berlin-Est célébrer le quarantième anniversaire de la naissance de la RDA, indique à ses dirigeants que le recours à la répression armée est à exclure<ref>Philippe Moreau Defarges, les relations internationales, T 2 : les questions mondiales, Le Seuil, 2004, {{p.|37}}.</ref>. Malgré une tentative de reprise en main par des rénovateurs du Parti communiste, les manifestations continuent. Sur l'[[Alexanderplatz]] à [[Berlin-Est]], {{formatnum:250000}} à {{nombre|500000|personnes}} manifestent en appelant à la liberté d'expression, à une presse libre et à la liberté de réunion. La police est-allemande (''[[Volkspolizei]]'') n'intervient pas mais des unités de l'armée (''[[Nationale Volksarmee]]'') sont positionnées près de la [[porte de Brandebourg]] pour empêcher toute tentative de franchissement du Mur. D'importantes manifestations ont aussi lieu dans une quarantaine de villes de la RDA<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Chronik der Mauer - November 1989|url=http://www.chronik-der-mauer.de/en/chronicle/#anchoryear1989|site=Chronik der Mauer|date=2019|consulté le=2019-09-26}}.</ref>.

Le 9 novembre, une conférence de presse est tenue par [[Günter Schabowski]], secrétaire du Comité central chargé des médias en RDA, membre du bureau politique du [[Parti socialiste unifié d'Allemagne|SED]], retransmise en direct par la télévision du centre de presse de Berlin-Est, à une heure de grande écoute. À {{Heure|18|57}}, vers la fin de la conférence, en réponse à la question d'un journaliste italien<ref>[[Riccardo Ehrman]], avec la surenchère de l'Allemand {{Lien|fr=Peter Brinkmann|lang=de|trad=Peter Brinkmann|texte=Peter Brinkmann}}, voir {{lien web |auteur1=Georgi Gotev |titre=Comment les bafouillis d’un fonctionnaire ont fait chuter le mur de Berlin |url=https://www.euractiv.fr/section/politique/news/the-journalist-question-that-fractured-the-berlin-wall/ |site=Euractiv.fr |date=08-11-2019 |consulté le=26-07-2020}}.</ref>, Schabowski lit de manière plutôt détachée une décision du conseil des ministres sur une nouvelle réglementation des voyages, dont il s'avère plus tard qu'elle n'était pas encore définitivement approuvée, ou, selon d'autres sources, ne devait être communiquée à la presse qu'à partir de {{Heure|4}} le lendemain matin, le temps d'informer les organismes concernés :

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[[Fichier:BerlinWall.jpg|vignette|Mur en partie détruit près de la [[porte de Brandebourg]], un soldat surveille ce qu'il en reste, {{date-|novembre 1989}}.]]

Après les annonces des radios et télévisions de la [[Allemagne de l'Ouest|RFA]] et de [[Berlin-Ouest]], intitulées « Le Mur est ouvert ! », plusieurs milliers de Berlinois de l'Est se pressent aux points de passage et exigent de passer<ref>Olivier Compagnon, article ''chute du mur de Berlin (1989)'', Encyclopædia Universalis, DVD, 2007.</ref>. À ce moment, ni les troupes frontalières, ni même les fonctionnaires du ministère chargé de la Sécurité d'État, responsables du contrôle des visas, n'avaient été informés. Sans ordre concret ni consigne, mais sous la pression de la foule, le point de passage de la [[Bornholmer Straße]], sous la responsabilité du [[lieutenant-colonel]] [[Harald Jäger]], est ouvert peu après {{Heure|23}}, suivi par d'autres points de passage, tant à Berlin qu'à la frontière avec la RFA. Beaucoup assistent, en direct à la télévision, à cette nuit du {{date|9 novembre 1989-}} et se mettent en chemin. C'est ainsi que le mur « tombe » dans la nuit du jeudi {{Date-|9|novembre-|1989-}} au vendredi {{Date-|10|novembre|1989}}, après plus de {{nobr|28 ans}} d'existence. Cet événement a été appelé dans l'[[histoire de l'Allemagne]] ''[[die Wende]]'' (« le tournant ») dans l'[[histoire de l'Allemagne]]. Dès l'annonce de la nouvelle de l'ouverture du Mur, le [[Bundestag]] interrompt sa séance à [[Bonn]] et les députés entonnent spontanément l'[[Deutschlandlied|hymne national allemand]]<ref>{{lien web|url=https://www.youtube.com/watch?v=4abhCei1r40 |titre=Bundestag singt die deutsche Nationalhymne – 9-11-1989 |consulté le=2014-11-09}} der Sitzung, aufgerufen am 18. Oktober 2009.</ref>.

Cependant la véritable ruée a lieu le lendemain matin, beaucoup s'étant couchés trop tôt cette nuit-là pour assister à l'ouverture de la frontière. Ce jour-là, d'immenses colonnes de ressortissants est-allemands et de voitures se dirigent vers Berlin-Ouest. Les citoyens de la RDA sont accueillis à bras ouverts par la population de Berlin-Ouest. Un concert de klaxons résonne dans Berlin et des inconnus tombent dans les bras les uns des autres. Dans l'euphorie de cette nuit, de nombreux Berlinois de l'Ouest escaladent le Mur et se massent près de la [[porte de Brandebourg]], devenue accessible à tous, alors que l'on ne pouvait l'atteindre auparavant. Une impressionnante marée humaine sonne ainsi le glas de la [[Guerre froide]].

Présent à [[Berlin]], le [[violoncelliste]] virtuose [[Mstislav Rostropovitch]], qui avait dû s'exiler à l'Ouest pour ses prises de position en [[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]], vient encourager les démolisseurs (surnommés en allemand ''{{langue|de|Mauerspechte}}'', en français les « piverts du mur »), en jouant du violoncelle au pied du Mur le {{date-|11 novembre 1989-}}. Cet événement, largement médiatisé, deviendra célèbre et sera l'un des symboles de la [[Chute des régimes communistes en Europe|chute du bloc de l'Est]].

Le [[9 novembre]] est un temps évoqué pour devenir la nouvelle fête nationale de l'Allemagne, d'autant qu'elle célèbre également la proclamation de la [[République de Weimar]] en [[1918]], dans le cadre de la [[Révolution allemande de 1918-1919|révolution allemande]]. Toutefois, c'est aussi la date anniversaire du [[putsch de la Brasserie]] mené par [[Adolf Hitler|Hitler]] à [[Munich]] en [[1923]], ainsi que celle de la [[nuit de Cristal]], le [[pogrom]] antijuif commis par les nazis en [[1938]]. Le [[3 octobre|{{nobr|3 octobre}}]], [[Jour de l'Unité allemande|jour de la réunification des deux Allemagne]], lui est donc finalement préféré.

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[[Fichier:Structure of Berlin Wall-fr.svg|vignette|Structure du mur de Berlin.]]

Le Mur, long de {{nobr|155 kilomètres}} (dont {{unité|43.1|km}} sur sa longueur intraberlinoisedu Nord au Sud de la ville), venait en complément des {{unité|1393|kilomètres}} de la longue frontière RFA-RDA et, dans une moindre mesure, des frontières ouest des pays du [[Pacte de Varsovie]], le tout donnant un visage palpable au [[rideau de fer]].

Le tracé du mur ne correspondait d'ailleurs pas toujours à celui de la frontière politique entre les deux secteurs et, en de nombreux endroits, les autorités est-allemandes durent abandonner du terrain afin d'effectuer un « repli stratégique » vers des zones plus faciles à surveiller. Il coupait {{nobr|193 rues}} principales et adjacentes<ref>{{Lien web |url=http://www.allemand.ac-versailles.fr/spip.php?article14 |titre=Ouverture et chute du mur de Berlin |auteur=Delphine Bour |site=allemand.ac-versailles.fr|éditeur=Académie de Versailles |consulté le=21 août 2007 }}.</ref>.

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* une alarme à détection de contact au sol ;

* une barrière de contact en tôle métallique, plus haute qu'un homme, tendue de fil de fer barbelé et de fils de détection par contact ;

* jusqu'à l'ouverture de la frontière en 1989, il y avait en outre, sur certaines parties, des pistes pour chiens (redoutables [[Berger du Caucase|bergers du Caucase]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Histoire de la race|url=http://desrivieresdethalos.chiens-de-france.com/berger-du-caucase,des-rivieres-de-thalos,rubrique_25660_33601_1_0.html|site=desrivieresdethalos.chiens-de-france.com|consulté le=2018-06-02}}.</ref>, libres de courir attachés à un filin), des fossés de défense contre les véhicules, et des défenses anti-char ([[Cheval de frise (barrière)|chevaux de frise]]) en rails soudés en croix, qui coûtèrent à l'Allemagne des milliards de marks pour leur démolition{{référence nécessaire}} ;

* un chemin de ronde (éclairé de nuit) pour l'accès aux postes de garde et la circulation des patrouilles ;

* des miradors (en tout 302 en 1989), équipés de projecteurs de recherche, en vue des postes-frontières le jour, et avec un renfort de soldats la nuit ;

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* par devant le mur, encore quelques mètres (ou au moins un mètre) du territoire, toujours sous l'autorité de la RDA.

La largeur totale de ces installations dépendait de la densité des maisons près de la frontière et allait d'environ trente jusqu'à cinq cents mètres sur la ''Potsdamer Platz''. Il ne fut pas installé de [[Mine terrestre|champs de mines]] ni d'installations de tir automatique au voisinage du Mur, contrairement à la frontière allemande intérieure (mais ces informations ne furent pas connueconnues en général en RDA).

Le détail de ces installations – désignées en interne par les troupes frontalières comme « zone d'action » – était placé sous secret militaire et donc mal connu des citoyens de la RDA. Les soldats des troupes chargées de la surveillance du mur et de la frontière devaient garder le silence, sur toutes leurs activités et les installations qu'ils surveillaient. Comme nul ne savait exactement quel espion de la [[Ministère de la Sécurité d'État|Stasi]] pouvait faire un rapport sur un bavardage inconséquent, tous s'astreignaient fermement au silence. Quiconque s'intéressait de trop près aux installations frontalières risquait pour le moins d'être arrêté et mené au poste de police, pour contrôle d'identité. Cela pouvait déboucher sur une condamnation à la prison pour planification de tentative d'évasion. La zone à proximité immédiate de la frontière avec Berlin-Ouest était interdite sauf sur autorisation spéciale.

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[[Fichier:Memorial Mur Berlin.JPG|vignette|gauche|Pan du mur de Berlin, conservé au [[Mémorial de Caen]].]]

La frontière extérieure de la ville de Berlin-Ouest croisait à de nombreux endroits des voies navigables. Le tracé de la frontière avait été matérialisé par le [[Sénat de Berlin|Sénat de Berlin-Ouest]] (gouvernement berlinois) par des lignes de bouées blanches portant l'inscription ''Sektorengrenze'' (« limite de secteur »). Les bateaux de tourisme ou de sport naviguant dans Berlin-Ouest devaient respecter les limites du secteur ainsi marquées par les bouées. Du côté de la RDA, des bateaux des troupes frontalières patrouillaient à l'occasion.

Les bâtiments frontalièrsfrontaliers de la RDA se trouvaient toujours sur leurs rives, ce qui imposait des détours parfois importants et « emmurait » les rivages de plusieurs lacs de la [[Havel]]. Cette aberration était telle qu'en certains endroits du cours de la Spree, seules les rives étaient inaccessibles : ce fut le cas des {{nobr|150 mètres}} situés en aval du ''Marschallbrücke''<ref>{{coord|52|31|9.277|N|13|22|48.9119|E|type:city_region:FR_scale:10000|format=dec|display=inline}}.</ref>, non loin du [[palais du Reichstag]]<ref>{{Lien web |url=http://www.berlin.de/mauer/verlauf/index/index.fr.php |titre=Le mur vu du ciel en 1989 |site=berlin.de|consulté le=8 juin 2011 |brisé le = 2023-11-26}}.</ref>. Le plus grand détour était situé sur le lac Jungfern, où le Mur se trouvait jusqu'à deux kilomètres du tracé réel de la frontière. En plusieurs endroits, la bandezone frontalière passait à travers d'anciennes pièces d'eau et les rendait inutilisables pour les habitants, comme sur la rive ouest du {{Lien|langue=en|trad=Groß Glienicke|fr=lac de Groß-Glienicke}} et sur la rive sud du [[Griebnitzsee|lac Griebnitz]].

Sur les cours d'eau de la frontière intérieure, celle-ci passait partout le long de la rive ouest ou est, de sorte qu'aucun marquage de son tracé ne se trouvait dans l'eau. Le véritable mur y était toujours sur la rive est. Cependant, les cours d'eau appartenant à Berlin-Est étaient toujours surveillés.

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[[Fichier:Wachturm schlesischer busch.jpg|vignette|gauche|Ancien [[Mirador (surveillance)|mirador]] sur la frontière Schlesischer Busch, 2005.]]

Les soldats à la frontière est-allemande avaient l'« ordre de tirer », c'est-à-dire l'obligation d'empêcher les tentatives d'évasion par tous les moyens, mêmeet au risqueainsi de lafaire mourir s'il le mortfallait dules fugitiffugitifs. Ramenés à la longueur de la frontière, on peut même dire qu'il y eut beaucoup plus de morts à Berlin qu'en moyenne sur le reste du Mur. Lors des grands jours fériés ou de visites d'État, l'ordre de tirer était parfois suspendu, pour éviter les répercussions négatives dans la presse de l'Ouest. Des découvertes récentes ont mis en lumière la responsabilité de l'État est-allemand dans les exécutions de fugitifs. En {{date-|octobre 1973}}, un ordre est adressé aux agents de la [[Ministère de la Sécurité d'État|Stasi]] infiltrés dans les unités de gardes-frontières. Ceux-ci doivent empêcher que des soldats ne passent à l'Ouest. L'ordre est très clair : « N'hésitez pas à faire usage de votre arme, même si la violation de la frontière concerne des femmes et des enfants, ce qui est une stratégie souvent utilisée par les traîtres »<ref name="lemonde"/>{{,}}<ref name="fertey">Vincent Fertey, Les permis de tuer de la Stasi mis au grand jour, dans ''[[Le Figaro]]'' du 12-08-2007, {{lire en ligne|lien=http://www.lefigaro.fr/international/20070812.WWW000000096_les_permis_de_tuer_de_la_stasi_mis_au_grand_jour.html}}.</ref>.

Selon les indications du [[ministère de la Sécurité d'État]], au {{nobr|printemps 1989}}, les troupes de gardes-frontières de Berlin comprenaient {{unité|11500|soldats}} et {{nobr|500 civils}}.

Outre les unités affectées au commandement du GK-centre - environ {{unité|1000|agents}} au siège de Berlin-Karlshorst - la sécurité frontalière était assurée par sept régiments de gardes-frontières (GR), à Treptow, [[Berlin-Pankow|Pankow]], Rummelsburg, [[Hennigsdorf]], Groß-Glienicke, [[Potsdam]]-Babelsberg et Kleinmachnow, ainsi queet par deux régiments frontaliers à Wilhelmshagen et à [[Oranienbourg]].

Chaque régiment comprenait cinq compagnies avec le support de section du Génie, des transmissions, du train, une batterie de mortiers et une d'artillerie, un groupe de reconnaissance et un de lance-flammes ainsi que un groupe de maîtres-chiens avec leurs chiens de garde et, en cas de besoin, une compagnie de bateaux et des compagnies de sécurité pour les points de passage.

Au total, àau la frontièrecommandement « centre », il y avait {{nobr|567 véhicules}} blindés de tir, {{nobr|48 mortiers}}, {{nobr|48 canons}} antichars, {{nobr|114 lance-flammes}}. En outre, il y avait {{nobr|156 chars}} ou appareils lourds du génie et {{unité|2295|véhicules}} à moteur (motos, voitures et camions). Dans la dotation figuraient également {{nobr|992 chiens}}.

Dans un jour calendaire normal, environ {{unité|2300|agents}} étaient engagés dans la zone d'action et l'espace voisin.

La sécurité renforcée découlait de circonstances particulières comme des sommets politiques ou une météo difficile (brouillard, neige). Dans certains cas, l'effectif engagé était encore augmenté de 200 à {{nobr|300 agents}} supplémentaires.

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Dans le ''Mauer Park'', ensemble commémoratif, un panneau recense {{nobr|136 morts}} : {{nobr|98 « fugitifs »}}, {{nobr|huit autres}} Allemands de l'Est, {{nobr|22 Allemands}} de l'Ouest et {{nobr|huit soldats}}. Quarante-deux sont des enfants ou adolescents.

Les premières balles mortelles sont tirées par la police de la route le {{date-|24|août|1961}} sur [[Günter Litfin]]<ref name="figuière">Céline Figuière, ''À Berlin, le « permis de tuer » de la Stasi plombe la commémoration du Mur'', Le Temps, {{date-|14 août 2007}}.</ref> ({{nobr|24 ans}}) près de la gare de ''Friedrichstraße'', onze jours après la fermeture de la frontière, au cours d'une tentative d'évasion. Le {{date-|17|août|1962}}, [[Peter Fechter]] ({{nobr|18 ans}}) perd tout son sang, après avoir été blésséblessé par balle, dans le secteur dit {{" |piste de la mort "}} et meurt, adossé au mur, le longtout du mur, dans le secteur américain. En 1966, [[Jörg Hartmann|deux enfants de 10 et {{nobr|13 ans}}]] sont abattus, atteints par quarante balles.

[[Chris Gueffroy]], le {{date-|5|février|1989}}<ref name="figuière"/>, et [[Winfried Freudenberg]], le {{date-|8 mars 1989}}, sont les dernières victimes du Mur.

Des estimations parlent decomptabilisent {{unité|75000|hommes}} et femmes condamnés à des peines de prison allant jusqu'à deux ans en tant que {{citation|déserteurs de la république}} entre 1950 et 1989. La peine dépassait en général cinq ans si le fugitif dégradait les installations frontalières ou s'il était armé ou s'il estétait soldat ou détenteur de secrets.

Parmi les victimes du Mur figurent aussi quelques soldats est-allemands, dont le premier est [[Jörgen Schmidtchen]] en 1962, tué par un camarade transfuge. Le cas le plus connu est sans doute celui du soldat [[Reinhold Huhn]], abattu par un passeur<ref>Au cours de {{nobr|l’été 1962}}, un tunnel est creusé par un fugitif vivant à Berlin-Ouest et souhaitant y faire venir sa famille. L’évasion réussit mais son passeur abattit le jeune sous-officier garde-frontière de {{nobr|20 ans}}, Reinhold Huhn, qui tentait de s’interposer. [http://www.berlin.de/mauer/gedenkstaetten/peter_fechter/index.fr.php?objekt=1 Source : Berlin.de].</ref>.

=== Le procès des soldats-tireursresponsables ===

Une série de procès a duré jusqu'au printemps 2004 pour savoir qui portait la responsabilité juridique d'avoir donné l'ordre de tirer sur les fugitifs. Parmi les accusés figuraient entre autres le président du Conseil d'État [[Erich Honecker]], son successeur [[Egon Krenz]], les membres du Conseil national de défense [[Erich Mielke]], [[Liste des chefs du gouvernement allemand#République démocratique allemande|Willi Stoph]], Heinz Keßler, Fritz Streletz et Hans Albrecht, le chef du [[Parti socialiste unifié d'Allemagne|SED]] pour le district de [[Suhl]] et quelques généraux comme Klaus-Dieter Baumgarten, général de corps d'armée commandant les troupes frontalières de 1979 à 1990. Ce procès a suscité une vive controverse en Allemagne, bon nombre d'accusés faisant valoir que leurs actes, à l'époque, ne constituaient pas des crimes au regard du droit est-allemand. Ils accusent les tribunaux actuels de pratiquer la « justice des vainqueurs »<ref name="lemonde">LeMonde.fr, ''Découverte d'un document polémique sur le mur de Berlin'', 12.08.07.</ref>.

Les tireursauteurs exécutantsdes étaienttirs recrutésappartenaient en grande partie dansà la [[Nationale Volksarmee|NVA]] (Armée nationale populaire) ou dans lesaux troupes frontalières. Parmi les accusés, trente-cinq furent acquittés, quarante-quatre condamnés avec sursis et mise à l'épreuve et onze à une peine ferme : entre autres Albrecht, Streletz, Keßler et Baumgarten (de quatre ans et demi à six ans et demi de prison). Le dernier dirigeant communiste de la RDA, [[Egon Krenz]], a été condamné en 1997 à une peine de six ans et demi de prison pour la mort de quatre personnes le long du mur de Berlin dans les {{nobr|années 1980}}<ref name="lemonde"/>. [[Günter Schabowski]] sera lui définitivement condamné en 1999, et après avoir commencé à exécuter sa peine, sera gracié un an plus tard<ref>[https://www.lapresse.ca/international/europe/201511/01/01-4916135-lhomme-qui-a-precipite-la-chute-du-mur-de-berlin-est-mort.php L'homme qui a précipité la chute du mur de Berlin est mort], Lapresse.ca avec [[AFP]], {{1er}} novembre 2015, par Coralie Febvre</ref>. En {{date-|août 2004}}, le tribunal de Berlin condamne deux ex-membres du [[Bureau politique|Politburo]] à des peines avec sursis et mise à l'épreuve. Le dernier procès des tireurs du Mur se termine par une condamnation le {{date-|9 novembre 2004}}, quinze ans jour pour jour après la chute du mur de Berlin.

== Le Mur aujourd'hui ==

[[Fichier:Tracé du Mur de Berlin près de Potsdamer Platz, 2015.JPG|vignette|Tracé du mur de Berlin à proximité de [[Potsdamer Platz]], en 2015.]]

[[Fichier:Graffitis sur le mur de Berlin.jpg|vignette|Graffiti sur les vestiges du mur en 2009.]]

En souvenir des victimes du mur de Berlin, divers mémoriaux de types très différents ont été construits. Outre les petites [[croix monumentale|croix]] ou autres signes, avant tout érigés en mémoire de fugitifs abattus, souvent d'initiative privée, et que l'on trouve en divers endroits de l'ex-frontière, un ensemble de lieux de souvenir plus importants a été créé.

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Il y a toujours eu des controverses sur le style des monuments, comme à la fin des {{nobr|années 1990}} à propos du mémorial de la Bernauerstraße. Pour l'instant, le paroxysme des débats publics a été atteint à propos du « monument de la Liberté », construit à proximité du Checkpoint Charlie, puis démoli. Le sénat de Berlin, pour contrer le reproche qui lui était fait de ne pas avoir de politique précise, proposa une politique au {{nobr|printemps 2005}}.

Le tracé historique du mur de Berlin est marqué au sol par une double rangée de pavés et des plaques en fonte portant l’inscription ''Berliner Mauer 1961-1989''. Il existe un parcours historique du Mur en {{nobr|29 étapes}}, avec des illustrations et des explications en quatre langues sur les événements qui s’y sont déroulés<ref name="berlin.de3">{{Lien web |url=http://www.berlin.de/mauer/verlauf/index/index.fr.php |titre=Le tracé du Mur dans Berlin |site=berlin.de|consulté le=21 août 2001|brisé le = 2023-11-26}}.</ref>.

=== Le musée du Mur au Checkpoint Charlie ===

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Le Mémorial issu d'un concours fédéral d'architecture a été inauguré, après de longues et vigoureuses discussions, le {{date-|13|août|1998}}. Il présente un fragment de soixante-quatre mètres de mur et de ''no man's land'', délimités à leurs extrémités par deux immenses parois en acier, hautes de six mètres et implantées à angle droit. Leurs côtés extérieurs sont rouillés et font référence au rideau de fer. Leurs faces intérieures, qui forment un angle droit avec le mur, sont en acier inoxydable poli, ce qui en fait d'immenses miroirs, dans lesquels le mur se projette à l'infini.

Le centre de documentation est ouvert le {{date-|9|novembre|1999}}. Il a été complété en 2003 par une tour d'observation qui permet de bien voir une portion intacte du dispositif frontalier, conservé dans son intégralité, avec le mur d'arrière-plan, le ''no man's land'', le chemin de ronde, les pylônes d'éclairage, la clôture de signalisation, puis le mur extérieur… Outre une exposition (ouverte depuis 2001 sous le titre ''Berlin, {{date-|13 août 1961}}''), on peut y trouver diverses possibilités d'information sur l'histoire du Mur.

La chapelle de la Réconciliation a été conçue par les architectes berlinois Peter Sassenroth et Rudolf Reitermann et inaugurée le {{date-|9|novembre|2000}}. Elle a été construite sur les fondations du chœur de l'église de la Réconciliation, située sur la « piste de la mort » et démolie en 1985. Cette église, bâtie en [[1894]], devint inaccessible dès la construction du mur de Berlin, car elle se trouvait dans le ''no man's land''. En 1985, le gouvernement est-allemand décida la destruction de l'édifice puis, en 1995, après la chute du mur, l'emplacement fut rendu à la paroisse, avec l'obligation d'y bâtir un nouveau lieu de culte. C'est ainsi que ce lieu de culte a connu la résurrection de son nom et d'une partie de son architecture : en effet, la paroi intérieure de la nouvelle chapelle est en glaise pilonnée et intègre des pierres concassées de l'ancienne église. Le noyau ovale de l'édifice est enveloppé d'une façade translucide en lamelles de bois.

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''La Fenêtre de Souvenir'', achevée en 2010, est un élément central de ce secteur commémoratif pour les victimes du mur de Berlin.

Les fenêtres archéologiques sur Bergstrasse, une rue qui a été en grande partie préservée au-dessous de la zone frontière, montrent les couches plus anciennes des fortifications de frontière qui ont été retranchéesétablies dans la rue et lesleurs détails du système de fortification de frontière.

Enfin, le « Mille (ou kilomètre) historique du mur de Berlin » est une exposition permanente en quatre langues, consistant en vingt et un panneaux d'information. Ceux-ci sont répartis le long du tracé de la frontière intérieure et présentent des photographies et des textes se référant à des événements, comme des fuitesévasions, qui se sont produits à l'endroit même où sont placés les panneaux.

=== Destruction et restes du Mur ===

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=== Réutilisation de certains fragments ===

Pour les {{nobr|25 ans}} de la chute du Mur, trente fragments vierges d'environ un mètre sur {{unité|1.20|m}}, appartenant à un collectionneur privé, sont décorés d'œuvres uniques réalisées pour l'occasion par trente artistes internationaux d'[[art urbain]]<ref>[http://culturebox.francetvinfo.fr/tendances/street-art/25-ans-apres-sa-chute-le-mur-de-berlin-sexpose-a-la-gare-de-lest-216499 Vingt-cinq ans après sa chute, le mur de Berlin s'expose à la gare de l'Est], Laurence Houot, francetvinfo, {{date-|10 avril 2015}}.</ref> ([[1UP (graffiti)|1Up]], Borondo, [[C215 (artiste)|C215]], {{Lien|langue=de|fr=Christophe-Emmanuel Bouchet}}, [[Clet Abraham]], [[DALeast]], Dscreet, [[Faith47]], Fire, Frank Pelegino, Gilbert Mazout, Heinz J. Kuzdas, Indiano, Jack Fox, [[Jean Faucheur]], [[Jef Aérosol]], [[Jérôme Mesnager]], [[Jim Avignon]], [[John Matos|John Crash Matos]], {{lien|trad=John Dolan (artist)|fr=John Dolan}}, {{Lien|langue=de|fr=Kiddy Citny}}, King Sone, [[Kriki]], L7m, Mesa, Pablo Delgado, Peter Unsicker, Pha, Run, [[Thierry Noir]])<ref>{{Lien web|titre = 30 artistes internationaux |url = http://www.street-heart.com/PM-P10-2110%20Paris%20Berlin.htm |site =www.street-heart.com |date =}}.</ref> et exposés d'{{date-|avril 2015-}} à {{date-|juillet 2015}} sur le parvis de la [[Gare de Paris-Est|gare de l'Est]] à [[Paris]]<ref>[http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2015/04/10/03015-20150410ARTFIG00142-des-fragments-du-mur-de-berlin-s-exposent-a-paris.php Des fragments du mur de Berlin s'exposent à Paris], Mathilde Doiezie, lefigaro.fr, {{date-|10 avril 2015}}.</ref> en compagnie de trois [[VEB Sachsenring Automobilwerk Zwickau|Trabants]] peintes par [[Thierry Noir]], {{Lien|langue=de|fr=Christophe-Emmanuel Bouchet}} et {{Lien|langue=de|fr=Kiddy Citny}}.

Un pan du mur de Berlin, appelé « [[John Fitzgerald Kennedy|Kennedy]] », est installé sur l'esplanade en face du bâtiment du [[Bâtiment Berlaymont|Berlaymont]] (Bruxelles) le {{date-|9 novembre 2015}}<ref>Commission européenne, Services audiovisuels, [http://ec.europa.eu/avservices/photo/photoByReportage.cfm?sitelang=fr Cérémonie de dévoilement du pan du mur de Berlin 'Kennedy' sur l'esplanade en face du bâtiment du Berlaymont], publié le {{date-|9 novembre 2015}}.</ref>.

Le [[Parlement des arbres (Berlin)|Parlement des arbres]] est un lieu commémoratif composé, entre autres, de fragments du mur<ref>{{Lien web|titre=Parlement des arbres|url=https://www.visitberlin.de/fr/parlement-des-arbres|site=visitberlin.de|date=|consulté le=5/2/2018}}.</ref>.

Un fragment du mur se trouve également dans le [[Sanctuaire de Notre-Dame de Fatima|sanctuaire de Fatima]] au Portugal <ref>{{Lien web|titre=sanctuaire de Fatima|url=https://www.fatima.pt/fr/news/le-mur-berlin-abattu-il-y-20-ans|site=fatima.pt|date=|consulté le=13/08/2023}}.</ref>.

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* ''[[Le Rideau déchiré]]'' d'[[Alfred Hitchcock]] sorti en 1966, est un film d'espionnage à suspense dans lequel un scientifique américain décide de passer à l'Est pour révéler des secrets nucléaires stratégiques qui mettraient le bloc de l'Est à l'abri d'un risque d'affrontement nucléaire avec le bloc de l'Ouest.

* ''[[Mes funérailles à Berlin]]'' (''{{langue|en|Funeral in Berlin}}'') est un [[cinéma britannique|film britannique]] réalisé par [[Guy Hamilton]], sorti en 1966. Le colonel Stok, un agent des services soviétiques responsable de la sécurité du Mur de Berlin, semble vouloir passer à l'Ouest, mais les preuves sont contradictoires. Il s'agit du deuxième d'une série de trois films d'espionnage : ''[[Ipcress - Danger immédiat]]'' (1965), ''Mes funérailles à Berlin'' (1966) et ''[[Un cerveau d'un milliard de dollars]]'' (1967).

* ''[[Possession (film, 1981)|Possession]]'' de [[Andrzej Żuławski]], sorti en [[1981 au cinéma|1981]]. Possession est considéré{{Par qui}} comme une allégorie sur le double : intime, amoureux, sexuel, spirituel et politique (les travellings répétés sur le Mur de Berlin en sont un exemple). On peut y voir une critique virulente du [[communisme]] et du [[totalitarisme]] qui installent un climat de paranoïa, poussent à l'action irraisonnée ou irrationnelle, contrôlent la vie privée et détruisent les individus dans lesquels ils s'immiscent de manière démoniaque. Sur le site du ''[[Le Nouvel Observateur|Nouvel Observateur]]'', [[Jean-Baptiste Thoret]] affirme que ''Possession'' est sûrement le chef-d'œuvre de son auteur et y voit une fable à plusieurs niveaux de lecture, dont une critique déguisée et violente des États de l'ex-[[bloc de l'Est]] dans leur capacité à engendrer des monstres<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Jean-Baptiste Thoret|titre=Wikiwix's cache : Le communisme est un monstre visqueux|description=page d'archive du Nouvel Observateur|url=http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://jbthoret.blogs.nouvelobs.com/tag/zulawski|site=archive.wikiwix.com|date=2009-06-14|consulté le=2018-12-14}}.</ref>.

* ''[[Les Ailes du désir]]'' de [[Wim Wenders]] ([[1987 au cinéma|1987]]). Dans ce film, des anges vivent au-dessus de Berlin et peuvent entendre tout ce que dit le commun des mortels même les plus intimes pensées. Le Mur apparaît à plusieurs reprises pendant le film et devient un personnage à part entière.

* ''[[Les Années du mur]]'' sorti en [[1995 au cinéma|1995]] et réalisé par [[Margarethe von Trotta]] raconte l'histoire d'un couple séparé en 1961 lors de sa fuite vers Berlin-Ouest. Le {{date-|9 novembre 1989}}, vingt-sept ans après leur séparation, ils se croisent au milieu de Berlinois en liesse<ref>{{Lien web |url=http://www.cinefiches.com/film.php?id_film=21296 |titre=Référence du film |site=cinefiches.com |consulté le=21 août 2007 }}.</ref>.

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* En 1981, le groupe [[Fischer-Z]], sur l’album ''Red Skies over Paradise'', sort le titre ''Berlin'', évoquant le mur et « une île en Allemagne ».

* En 1982, le groupe de [[Punk rock|punk]] suédois Ebba Grön enregistre ''Die Mauer'' (« le mur » en allemand) et y fait allusion à un couple séparé par le Mur.

* En 1982, le groupe de rock français Téléphone fait allusion au mur dans sa chanson ''Dure Limite''.

* En 1985, [[Elton John]] enregistre la chanson ''[[Nikita (chanson)|Nikita]]'', dont le vidéoclip met en scène le chanteur cherchant à passer le mur.

* En 1987, le groupe [[Les Porte Mentaux]] évoque la séparation idéologique associée au mur avec la chanson ''Elsa Fraulein''.

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* Dans ''[[Mario Kart Tour]]'' et ''[[Mario Kart 8 Deluxe]]'', dans le circuit de la Ballade Berlinoise qui justement est la ville de Berlin, le mur est présent avec des Whomps qui sont des murs vivant qui tombent comme obstacles. {{ISBN|978-2-35962-095-5}}.

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* Dans ''[[Call of Duty: Black Ops Cold War]]'', dans la mission "Le Mur" le joueur doit accomplir une mission d'infiltration dans ''[[Berlin-Est]]'' et traverser le Mur de Berlin. [https://www.supersoluce.com/soluce/call-duty-black-ops-cold-war/le-mur]

== Notes et références ==

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{{Palette|Guerre froide|Communisme|Histoire de l'Allemagne|Frontières de l'Allemagne}}

{{Portail|Berlin|guerre froide|communisme|République démocratique allemande|Allemagne|architecture|frontière|années 1960|années 1970|années 1980}}

{{Article de qualité|oldid=20625034|date=12 septembre 2007}}