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==== Causes de la construction du mur de Berlin ====

{{article connexe|Émigration depuis le bloc de l'Est}}

Depuis sa création en octobre 1949, la [[République démocratique allemande|RDA]] subit un flot d'émigration croissant vers la RFA, particulièrement à Berlin. La frontière urbaine est difficilement contrôlable, contrairement aux zones rurales [[Migration humaine#Restrictions à l'émigration |déjà très surveillées]]. Entre 2,6 et {{unité|3.6|millions}} d'Allemands {{incise|sur une population totale d'environ 16 millions d'habitants}} fuient la RDA par Berlin entre 1949 et 1961<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Sabine DULLIN|titre=L'ironie du destin : une histoire des russes et de leur empire (1853-1991°|lieu=Paris|éditeur=Payot|année=2019|pages totales=299}}</ref>, privant le pays d’une main-d'œuvre indispensable au moment de sa reconstruction et montrant à la face du monde leur faible adhésion au régime communiste<ref name="dumont"/>{{,}}<ref group="alpha" name="andre_fontaine">{{harvsp|Fontaine|p=348|loc=tome II}} fait état de « près de trois millions » ; le site [http://www.berlin.de/mauer/geschichte/index.fr.html Berlin.de] écrit lui qu’« entre 1945 et 1961, près de {{unité|3,6 millions}} d’Allemands quittèrent la zone d’occupation soviétique et Berlin-Est ». Enfin, selon [[Jean-François Soulet]] : « Aussi, de 1950 à 1961, {{unité|2609321 personnes}} avaient quitté la RDA pour se réfugier en RFA » dans [http://www.diploweb.com/forum/soulet1.htm].</ref>. Émigrer ne pose pas de difficulté majeure, car, jusqu’en {{date-|août 1961}}, il suffit de prendre le [[Métro de Berlin|métro]] ou le [[S-Bahn de Berlin|chemin de fer berlinois]] pour passer d'est en ouest<ref>Jean-François Soulet, ''La « question allemande » et la désintégration de l'empire soviétique est-européen'', les Cahiers d'histoire immédiate, {{numéro|15}}, {{p.|259-274}}.</ref>, ce que font quotidiennement des Berlinois pour aller travailler. Les Allemands appellent cette migration de la RDA communiste à la RFA capitaliste : « [[voter avec ses pieds]] ». Pendant les deux premières semaines d'{{date-|août 1961}}, riches en rumeurs, plus de {{unité|47000|citoyens}} est-allemands passent en Allemagne de l'Ouest ''via'' [[Berlin]]. De plus, Berlin-Ouest joue aussi le rôle de porte vers l'Ouest pour de nombreux [[Tchécoslovaquie|Tchécoslovaques]] et [[Pologne|Polonais]]. Comme l'émigration concerne particulièrement les jeunes actifs, elle pose un problème économique majeur pour le gouvernement est-allemand et menace l'existence même de la RDA.

En outre, environ {{unité|50000|Berlinois}} sont des travailleurs frontaliers, travaillant à Berlin-Ouest, mais habitant à Berlin-Est ou dans sa banlieue où le coût de la vie et de l'immobilier est plus favorable. Le {{date-|4|août|1961}}, un décret oblige les travailleurs frontaliers à s'enregistrer comme tels et à payer leurs loyers en [[Deutsche Mark]]s (monnaie de la [[Allemagne de l'Ouest|RFA]]). Avant même la construction du Mur, la police de la RDA surveille intensivement aux points d'accès à Berlin-Ouest ceux qu'elle désigne comme « contrebandiers » ou « [[Republikflucht|déserteurs de la République]] ».

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Le mur de Berlin a également contribué à la consolidation du régime de la République Démocratique de l'Allemagne. Cela a eu pour effet de durcir la répression politique en Allemagne de l'Est. Les opposants au régime sont emprisonnés et les services spécialisés de répression tel que la [[Ministère de la Sécurité d'État|STASI]] (Ministère de la Sécurité d'Etat) espionnent sa propre population et les potentiels dissidents.

Malgré la résilience de la population est-allemande qui voit son mode de vie transformé, les conséquences de la construction du mur se vivent au quotidien<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Frederic V Grunfeld|titre=Les Grandes Cités : Berlin|lieu=Amsterdam|éditeur=Édition Time-Life|date=1er décembre 1977|pages totales=200|isbn=978-0705404921|consulté le=10 mai 2022}}</ref>. Il faudra attendre la réunification de l'Allemagne conséquence directe de l'effondrement [[BlocChute dedes régimes communistes en Europe|l'Est|effondrement des régimes d'Europe de l'Est]] à partir de 1989 pour que la population soit libérée du mur de la honte et de la répression politique<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Olivier Compagnon |titre=Chute du mur de Berlin |url=https://universalis-saintjerome.proxy.collecto.ca/encyclopedie/chute-du-mur-de-berlin/ |accès url=libre |site=Encyclopédie Universalis |date=2022 |consulté le=26 avril 2022}}.</ref>.

=== Les réactions à l'Ouest ===

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Les ressortissants de Berlin-Ouest ne pouvaient déjà plus entrer librement en [[République démocratique allemande|RDA]] depuis le {{date-|1er juin 1952}}. L'encerclement est rendu plus efficace par la diminution des points de passage : {{nobr|69 points}} de passage sur les {{nobr|81 existants}} sont fermés dès le {{date-|13 août 1961-}}. La [[porte de Brandebourg]] est fermée le {{date-|14 août 1961-}} et quatre autres le {{date-|23 août 1961-}}. Fin 1961, il ne reste plus que sept points de passage entre l'Est et l'Ouest de Berlin. La [[Potsdamer Platz]] est coupée en deux. Le centre historique de la ville devient progressivement un grand vide sur la carte, composé du [[No man's land|''no man’s land'']] entre les murs de séparation à l’Est et d’un terrain vague à l’Ouest<ref name="berlin.de2">{{Lien web |url=http://www.berlin.de/mauer/orte/potsdamer_leipziger_platz/index.fr.php |titre=Potsdamer Platz et Leipziger Platz |site=berlin.de|consulté le=21 août 2007 |brisé le = 2023-11-26}}.</ref>. Les conséquences économiques et sociales sont immédiates : {{unité|63000|Berlinois}} de l'Est perdent leur emploi à l'Ouest et {{unité|10000 de l'Ouest}} perdent leur emploi à Berlin-Est<ref name="dumont"/>.

Le mur de Berlin est devenu dès sa construction le symbole de la [[guerre froide]] et de la séparation du monde en deux camps. Le {{date-|26 juin 1963}}, [[John Fitzgerald Kennedy|John Kennedy]] prononce à Berlin un discours historique. Il déclare « ''[[Ich bin ein Berliner]]'' » (« Je suis un Berlinois »), marquant la solidarité du [[monde libre]] pour les Berlinois<ref>[http://www.cvce.eu/obj/discours_de_john_f_kennedy_ich_bin_ein_berliner_berlin_26_juin_1963-fr-5b899b24-ccc3-4022-9309-618a4ede81aa.html Discours de John F. Kennedy sur la Rudolph Wilde Platz].</ref>. De plus, la construction du Mur donne une image très négative des pays communistes et prouve de manière symbolique leur échec économique face au bloc occidental. « Le bloc soviétique s’apparente désormais à une vaste prison dans laquelle les dirigeants sont obligés d’enfermer des citoyens qui n’ont qu’une idée : fuir ! Le Mur est un aveu d’échec et une humiliation pour toute l’Europe orientale »<ref name="soulet">Jean-François Soulet, ''La "question allemande" et la désintégration de l'empire soviétique est-européen'', Cahiers d'histoire immédiate, {{numéro|15}}, 1999, {{p.|259-274}}.</ref>. Le Mur sape l'image du monde communiste<ref name=":0" />.

Le {{date-|17|décembre|1963}}, après de longues négociations, le premier accord sur le règlement des visites de Berlinois de l'Ouest chez leurs parents de l'Est de la ville est signé. Il permet à {{unité|1.2|million}} de Berlinois de rendre visite à leurs parents dans la partie orientale de la ville mais seulement du {{date-|19|décembre|1963}} au {{date-|5|janvier|1964}}. D'autres arrangements suivent en 1964, 1965 et 1966<ref name="berlin.de"/>. De façon officieuse, la RFA procède à partir de 1962 au [[rachat de prisonniers politiques est-allemands]] libérés contre des devises occidentales, pratique confidentielle qui concernera toutefois plus de 30 000 personnes jusqu'en 1989<ref>{{Lien web|lang=de|url=https://www.deutschlandfunk.de/schwerpunktthema-der-hohe-preis-der-freiheit-100.html|titre=Der hohe Preis der Freiheit|auteur=Isabel Fannrich-Lautenschläger|date=20 mars 2014|site=[[Deutschlandfunk]]}}.</ref>. Après l'accord quadripartite de 1971, le nombre des points de passage entre l'Est et l'Ouest est porté à dix. À partir du début des {{nobr|années 1970}}, la politique suivie par [[Willy Brandt]] et [[Erich Honecker]] de rapprochement entre la RDA et la RFA (''[[Ostpolitik]]'') rend la frontière entre les deux pays un peu plus perméable. La RDA simplifie les autorisations de voyage hors de la RDA, en particulier pour les « improductifs » comme les retraités, les malades et autorise les visites de courte durée d'Allemands de l'Ouest dans les régions frontalières. Comme prix d'une plus grande liberté de circulation, la RDA exige la reconnaissance de son statut d'État souverain ainsi que l'extradition de ses citoyens ayant fui vers la RFA. Ces exigences se heurtent à la [[loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne|loi fondamentale de la RFA]] qui les rejette donc catégoriquement. Pour beaucoup d’Allemands, l’édification du Mur est, de fait, un déchirement et une humiliation qui accentuent les ressentiments de la partition. Une conséquence inattendue de la construction du Mur est de faire renaître dans le cœur des Allemands l’idée de la [[Réunification allemande|réunification]]<ref name="soulet"/>.

Les deux parties de la ville connaissent des évolutions différentes. [[Berlin-Est]], capitale de la RDA, se dote de bâtiments prestigieux autour de l'[[Alexanderplatz]] et de la Marx-Engels-Platz. Le centre (''[[Berlin-Mitte|Mitte]]'') de Berlin qui se trouve du côté est perd son animation. En effet, l'entretien des bâtiments laisse à désirer, surtout les magnifiques bâtiments situés sur l'[[Île aux Musées (Berlin)|île des musées]], en particulier l'important [[musée de Pergame]]<ref name="dumont"/>. Poursuivant le développement d'une économie socialiste, le régime inaugure en 1967, dans la zone industrielle d'[[Berlin-Oberschöneweide|Oberschöneweide]], le premier [[combinat]] industriel de la [[République démocratique allemande|RDA]], le ''Kombinat VEB Kabelwerke Oberspree'' (KWO) dans la câblerie. En 1970, débute la construction d'immeubles de onze à vingt-cinq étages dans la [[Leipziger Straße]] qui défigurent l'espace urbain<ref name="berlin.de"/>. La propagande de la RDA désigne le Mur ainsi que toutes les défenses frontalières avec la RFA comme un « mur de protection antifasciste » protégeant la RDA contre l'« émigration, le noyautage, l'espionnage, le sabotage, la contrebande et l'agression en provenance de l'Ouest ». En réalité, les systèmes de défense de la RDA se dressent principalement contre ses propres citoyens.

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[[Berlin-Ouest]] devient vite la vitrine de l’Occident. La reconstruction est bien plus rapide qu’à l’Est. La [[Potsdamer Platz]] reste un lieu de souvenir. Une plate-forme panoramique permet de regarder par-dessus le Mur. Elle attire les visiteurs au cours des {{nobr|années 1970}} et 1980<ref name="berlin.de2"/>. La partition fragilise cependant l'économie du secteur ouest. En effet, les industriels doivent exporter leur production en dehors de la RDA. De plus, pour éviter l'espionnage industriel, les industries de pointe s'implantent rarement à Berlin-Ouest<ref>Henri Ménudier, article ''Berlin'', Encyclopædia Universalis, DVD, 2007.</ref>. La partie ouest se singularise à partir de 1967 par son mouvement étudiant, point de mire de l'opinion publique. En effet, la ville est traditionnellement une ville universitaire. La vie culturelle y est très développée.[[File:Tag sur le mur de Berlin juillet 1980 Photographie Olivier Victor Marius DUMAY.jpg|thumb|Tags sur le mur de Berlin en juillet 1980.]]

Le {{date-|12 juin 1987}}, à l'occasion des festivités commémorant les {{nobr|750 ans}} de la ville, le président américain [[Ronald Reagan]] prononce devant la [[porte de Brandebourg]] un discours resté dans les mémoires sous le nom de ''[[Tear down this wall!]]''. Il s'agit d'un défi lancé à [[Mikhaïl Gorbatchev|Gorbatchev]], lequel est apostrophé à plusieurs reprises dans le discours<ref>[http://www.reaganfoundation.org/pdf/Remarks_on_East_West_RElations_at_Brandenburg%20Gate_061287.pdf Texte complet du discours] et [http://www.reaganfoundation.org/bw_detail.aspx?p=LMB4YGHF2&h1=0&h2=0&sw=&lm=berlinwall&args_a=cms&args_b=74&argsb=N&tx=1764 Vidéo du discours].</ref>.

{{ancre|La chute du Mur}}<!-- MERCI DE NE PAS MODIFIER LE LIBELLÉ DE CETTE ANCRE, ancre UTILISÉE NOTAMMENT DEPUIS L'ARTICLE DE REDIRECTION [[Chute du mur de Berlin]] -->