« Serpentes » : différence entre les versions — Wikipédia


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{{sous-titre/Taxon| nv1=Serpents|nv2=Ophidiens}}

{{Voir homonymes|serpent (homonymie)}}

{{Taxobox début | animal | Serpentes | Snakes Diversity.jpg | }}

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Les serpents ont comme caractéristiques spécifiques d'avoir une [[langue bifide]], des yeux sans paupière, un [[crâne]] articulé et des [[mâchoire]]s mobiles qui facilitent l'ingestion de proies. Ils partagent la [[Apodie|disparition des pattes]] avec deux autres groupes de [[vertébrés]] [[Tetrapoda|tétrapodes]] : les [[Amphisbaenia|amphisbènes]], qui sont d'autres [[Squamata|squamates]], et les [[Gymnophiona|gymnophiones]], qui appartiennent au groupe des [[Lissamphibia|lissamphibiens]].

Au cours de leur longue [[Évolution (biologie)|évolution]] qui remonte au [[Crétacé]], les serpents ont perfectionné plusieurs modes de [[locomotion]] apode ainsi que leur système de préhension des proies, ce qui leur a permis de conquérir les [[biotope]]s les plus variés et d'occuper presque tous les climats, même les plus extrêmes à l'exception des climats polaires et sub-polairessubpolaires, facteurs expliquant leur [[succès évolutif]].

[[Serpent dans la culture|Centre d'un symbolisme]] important qui renvoie à de nombreux mythes, contes et légendes, le serpent jouit d'un rôle ambivalent, combinant des aspects positifs et négatifs.

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=== Morphologie ===

{{Multiple image|align=left|direction=vertical|width=200|footer=Deux serpents très différents morphologiquement|image1=Imantodes cenchoa (Yasuni).jpg|alt1=Serpent très fin au corps allongé|caption1=''[[Imantodes cenchoa]]''|image2=Python curtus.jpg|alt2=Serpent très épais et au corps court|caption2=''[[Python curtus]]''}}

Les serpents ont un corps divisé en trois parties : [[Tête (anatomie)|tête]] (abritant les organes sensoriels olfactifs — [[Choane|sacs nasaux]], optiques — [[yeux]], stato-acoustiques — [[Oreille interne|oreilles internes]], et les [[Récepteur gustatif|récepteurs gustatifs]] dans la muqueuse buccale et pharyngienne), [[Tronc (anatomie)|tronc]] (renfermant le [[cœlome]] et les [[viscère]]s) et [[Queue (anatomie)|queue]] (cette partie postérieure, essentiellement musculeuse, commençant à partir du [[Cloaque (anatomie)|cloaque]])<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Manuel Areste|auteur2=Rafael Cebrian|titre=Snakes of the World|éditeur=Sterling Publishing Company|année=2003|passage=175|isbn=}}</ref>. Ce sont des [[reptiles]] qui ont perdu leurs pattes en s'adaptant à la vie dans les milieux souterrains, à la suite d'une série de mutations intervenueintervenues il y a 100 millions d’années sur le gène [[Sonic Hedgehog]]<ref>{{article | langue=en | auteur= Francisca Leal, Martin J Cohn | titre = Loss and Re-emergence of Legs in Snakes by Modular Evolution of Sonic hedgehog and HOXD Enhancers| doi = 10.1016/j.cub.2016.09.020| journal = Current Biology| volume = 26 | numéro = 21 | pages = 2966-2973 | année = 2016 | issn=0960-9822}}</ref>. Leur [[apodie]] aurait favorisé la conquête de [[biotope]]s variés (déplacements possibles dans les déserts, les forêts denses, le milieu marin, mode de vie terrestre hypogée, épigée ou arboricole), hypothèse peu convaincante dans la mesure où les [[Amphisbaenia|amphisbènes]] (dont les serpents se distinguent par leur aspect externe non annelé) et certains [[lézard apode|lézards apodes]] comme les [[orvet]]s (reptiles à paupières mobiles dont les serpents se distinguent par la présence de « lunettes » pré-cornéeenescornéennes, écailles immobiles, transparentes et soudées l'une à l'autre) présentant également cette particularité, n'ont pas connu le même [[succès évolutif]]<ref name=CMp10>{{Harvsp|Mattison|2008}}, {{p.|10}}</ref>. Cette apodie est associée à la réduction puis la disparition des [[Ceinture pectorale|ceintures pectorale]] et [[Ceinture scapulaire|scapulaire]] (omoplate, clavicule et surtout absence de [[sternum]] qui rend toutes les [[Côte (os)|côtes flottantes]], ce qui permet notamment l'ingestion de [[proie]]s volumineusevolumineuses) et à la concentration des organes sensoriels au niveau de la tête qui assurent la détection, la capture et la mise à mort de la proie, facteurs contribuant cette réussite évolutive<ref>{{Ouvrage|auteur=|titre=Encyclopaedia universalis|éditeur=Encyclopaedia universalis France|année=1990|passage=938}}</ref>. Leur corps est cylindrique et de forme allongée bien que la silhouette soit très variable selon les espèces. Par exemple, le serpent arboricole ''[[Imantodes cenchoa]]'' a une silhouette gracile et élancée tandis que le python à queue courte ''[[Python curtus]]'' a un aspect plus ramassé<ref name=CMp27>{{Harvsp|Mattison|2008}}, {{p.|27}}</ref>.

{{Multiple image|align=right|direction=vertical|width=200|footer=Deux espèces de serpents de tailles différentes|image1=Leptotyphlops carlae.jpg|alt1=Serpent très petit tenant dans la paume de la main|caption1=[[Tetracheilostoma carlae|Serpent fil de la Barbade]], la plus petite espèce de serpent|image2=COLLECTIE TROPENMUSEUM Python reticulatus TMnr 10006439.jpg|alt2=Groupe de sept personnes portant un très long serpent|caption2=[[Python réticulé]] (''Broghammerus reticulatus''), un des plus longs serpents}}

La taille des serpents est également très variable selon les espèces. Certains [[serpent aveugle|serpents aveugles]] de la famille des [[Typhlopidae]] peuvent mesurer une dizaine de centimètres à l'âge adulte<ref name=CMp26>{{Harvsp|Mattison|2008}}, {{p.|26}}</ref> tandis que l'[[Anaconda vert]] (''Eunectes murinus'') et le [[Python réticulé]] (''Broghammerus reticulatus'') se disputent le titre de plus grand serpent, le premier étant le plus lourd<ref name=CMp20>{{Harvsp|Mattison|2008}}, {{p.|20}}</ref> (les adultes peuvent atteindre un poids de {{unité|250|kg}}<ref>{{ADW|Eunectes_murinus|''Eunectes murinus''}}</ref>) et le second étant vraisemblablement le plus long (avec une taille maximale de 9 à {{unité|10|m}}<ref name=CMp21>{{Harvsp|Mattison|2008}}, {{p.|21}}</ref>). Ces records sont toutefois à considérer avec circonspection, les observations les plus impressionnantes datant généralement de plusieurs décennies et ayant vraisemblablement été déformées au cours du temps<ref name=CMp23>{{Harvsp|Mattison|2008}}, {{p.|23}}</ref>. Les très grandes espèces de serpents vivent majoritairement dans les zones les plus chaudes du globe, où la température élevée permet de réchauffer efficacement un gros corps et où les proies sont abondantes<ref name=CMp26/>.

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* section aplatie dorsalement, comme chez la [[Vipère du Gabon]] (''Bitis gabonica'')

* section aplatie latéralement, présente chez de nombreuses espèces arboricoles (comme les boas ''[[Corallus]]'' sp.) et chez les [[serpent marin|serpents marins]].

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Loxocemus bicolor.jpg|Le [[Python fouisseur du Mexique]] (''Loxocemus bicolor'') a un mode de vie fouisseur et un corps cylindrique<ref name=CMp85>{{Harvsp|Mattison|2008}}, {{p.|85}}</ref>.

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=== Squelette ===

{{Anatomie des serpents}}

La ceinture scapulaire est toujours absente du squelette des serpents, sinon chez certains ophidiens tels que les [[Boidae|Boïdés]] qui présentent des vestiges de [[ceinture pelvienne]] (qui peut servir d'organe excitateur lors de l'accouplement). La colonne vertébrale est constituée d'un grand nombre de vertèbres (160 à 400) très bien articulées les unes par rapport aux autres ; les ondulations du corps sont donc possibles grâce à cette structure d'une part et d'autre part grâce à l'existence de muscles latéraux qui présentent la particularité d'avoir leurs insertions apophysaires opposées fort éloignées les unes des autres (jusqu'à 30 vertèbres d'écart). La bouche peut se distendre au passage des proies qu'ils capturent. Cette grande ouverture buccale est rendue possible car d'une part l'[[os carré]] est une baguette allongée qui s'articule très en arrière du neurocrâne ; d'autre part la rotation du carré autour de son articulation éloigne très nettement la mandibule (mâchoire inférieure très flexible pouvant aller pratiquement dans tous les sens) de la mâchoire supérieure (liée aux os du crâne de façon lâche). Par ailleurs, un muscle puissant (le « depressor mandibulae ») tendu entre la région temporale et l'extrémité postérieure de la mandibule contribue à abaisser encore plus ventralement cette dernière. De ce fait, les serpents sont capables d'avaler des proies énormes : dans l'estomac d'un [[python (serpent)|python]] de cinq mètres on a trouvé un [[Léopard (félin)|léopard]] (préalablement étouffé). Par ailleurs, les [[Glande salivaire|glandes salivaires]] sécrètent assez de salive pour faciliter l'ingestion des proies en les lubrifiant. L’[[estomac]] produit un suc extrêmement acide capable de dissoudre même les dents. Remarquez qu'en dessous de {{unité|10|°C}}, le processus digestif ne peut fonctionner efficacement et le serpent doit régurgiter sa proie ; la température idéale pour la digestion est de {{unité|30|°C}}. C'est pourquoi le serpent cherche à atteindre cette température, en se chauffant au soleil par exemple lorsqu'il vient de se nourrir.

=== Écailles ===

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14 = Dorsale<br />

15 = Ventrale}}]]

Le corps des serpents est recouvert d'écailles. Comme chez les autres [[squamate]]s et contrairement par exemple aux [[poisson]]s, celles-ci sont des zones épaissies de l'[[épiderme (anatomie)|épiderme]] et non des écailles individualisées<ref name=CMp32>{{Harvsp|Mattison|2008}}, {{p.|32}}</ref>. Les écailles peuvent avoir toutes sortes de tailles, de formes, de textures et de dispositions, y compris au sein d'une même espèce.

La forme, le nombre et la disposition des écailles permettent de différencier les différentes espèces de serpents<ref>{{Herpéto}}, {{p.}}197</ref>. En particulier, les différentes écailles de la tête sont généralement caractéristiques d'une espèce, ainsi que le nombre de rangées d'écailles dorsales (dans le sens de la largeur) et le nombre d'écailles ventrales (dans le sens de la longueur)<ref>{{Herpéto}}, {{p.}}198</ref>.

[[Image:Scales grass snake (top), adder & smooth snake (bottom).png|vignette|gauche|De haut en bas : les écailles [[Écailles des reptiles|carénées]] de la [[Natrix natrix|couleuvre à collier]] (''Natrix natrix'') et de la [[Vipère péliade]] (''Vipera berus'') et écailles lisses de la [[Coronelle lisse]] (''Coronella austriaca'').]]

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Atheris hispida.jpg|''[[Atheris hispida]]'' (ou vipère velue) a des écailles allongées et pointues.

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* les serpents [[protéroglyphe]]s ({{ex}} [[cobra]]s), qui présentent deux petits crochets fixes, reliés à la glande à venin, à l'avant du maxillaire. Ce crochet est toujours dans la même position, que la gueule soit ouverte ou fermée (par opposition aux solénoglyphes) ;

* les serpents [[solénoglyphe]]s ({{ex}} [[Viperinae|vipères]]), qui présentent deux longs crochets mobiles, reliés à la glande à venin, à l'avant du maxillaire. Ces crochets se replient quand la gueule est fermée, épousant la forme du palais (par opposition aux protéroglyphes). Lorsque le serpent ouvre la gueule pour mordre ses crochets se redressent.

Dans les deux derniers cas, le serpent envenime sa proie avant de l'ingérer ; dans tous les cas, le venin est expulsé des glandes (qui sont parfois très volumineuses par rapport à l'animal) par la contraction des muscles mandibulaires adducteurs. C'est également une action musculaire qui entraîne lors de la morsure le redressement des crochets horizontaux au repos.

=== Appareil respiratoire ===

Les serpents ont une respiration pulmonaire. L'[[appareil respiratoire]] est constitué d'un poumon gauche atrophié ou absent, excepté chez les boas et les pythons. Le poumon droit est en revanche hypertrophié. Ce poumon droit est tripartite, avec un poumon trachéen (supplément de capacité respiratoire qui peut aider le serpent à respirer tout en avalant une grosse proie), un poumon bronchial vascularisé et un poumon sacculaire non vascularisé (cette partie règle l'équilibre hydrostatique des [[Serpent aquatique|serpents aquatiques]])<ref name="fc">{{Ouvrage|auteur1=Françoise Serre Collet|titre=Dans la peau des serpents de France|éditeur=[[Éditions Quæ|Quae]]|année=2016|passage=12|isbn=}}.</ref>.

== Écologie et comportement ==

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[[Fichier:The Pit Organs of Two Different Snakes.jpg|vignette|[[Python (serpent)|Python]] (en haut) et [[Crotalus|crotale]] (en bas). Flèches rouges : [[Fossette sensorielle|fossettes sensorielles]] qui détectent le rayonnement [[infrarouge]] émis par les proies. Flèches noires: [[narine]]s.]]

[[Fichier:Morelia spilota head.jpg|vignette|Le serpent [[wikt:darder|darde]] continuellement sa [[langue bifide]] lorsqu'il étudie une proie potentielle.]]

Comme tous les vertébrés qui vivent dans un milieu lumineux, la vision est le sens principal utilisé par les serpents<ref>{{Ouvrage|auteur=Peter H Raven, Georges B Johnson, Kenneth A Mason, Jonathan B Losos, Susan R Singer |titre=Biologie|éditeur=De Boeck Supérieur|année=2019|passage=935}}.</ref>. Ils disposent d'un large [[champ visuel]] (125° chez la [[Natrix natrix|Couleuvre à collier]], 135° chez la [[Python molurus|Python molure]]), d'une [[vision binoculaire]] qui permet l'appréciation de la distance et la perception du relief, mais d'un pouvoir d'[[accommodation]] faible en raison de la réduction des muscles assurant l'allongement du cristallin<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=Ian F. Spellerberg|titre=Biology of Reptiles. An Ecological Approach|éditeur=Blackie|année=1982|passage=48}}.</ref>. Certains serpents se dressent sur leur corps quand ils chassent ; ils se repèrent dans leur milieu en sentant les odeurs et les déplacements d'air grâce à leur langue bifide.

Le volume des centres nerveux associé à l'[[olfaction]] est important, ce qui induit que ce sens est très développé. Cependant, les performances olfactives qui permettent la détection des proies mais aussi des prédateurs, sont difficiles à évaluer car elles sont fréquemment associées à d'autres sensibilités sensorielles : vue ; détection des substances volatiles (notamment les [[phéromone]]s), mais aussi des substances non volatiles du substrat ou de la proie (morte, agonisante) captées par la [[langue bifide]] à leur contact, puis transmises à un organe sensoriel pair particulier dans la [[Bouche|cavité buccale]] des Squamates : l'[[Organe voméro-nasal|organe chimio-sensible de Jacobson]]. Les extrémités de la cette langue rétractile pénètrent dans chacune des deux cavités de l'organe de Jacobson, situé dans le palais. Les [[Boidae|boïdés]] et certains [[Viperidae|vipéridés]], les [[Crotalinae|crotales]], ont quant à eux une image thermique de leur proie. Ils sont sensibles aux radiations [[infrarouge]]s grâce à leurs [[Fossette sensorielle|fossettes thermosensibles]] et peuvent percevoir les plus infimes changements de température<ref>{{Ouvrage|auteur1=Roland Bauchot|auteur2=Cassian Bon|auteur3=Patrick David|titre=Serpents|éditeur=Éditions Artemis|année=2005|passage=52-56}}.</ref>.

L'audition est un sens peu développé. Elle est assurée par l'[[oreille interne]] qui capte les vibrations du sol ou du support en contact direct avec la tête. Les serpentserpents perçoivent très bien ces [[infrason]]s transmis par les mâchoires à l'[[os carré]], puis à l'[[Osselet (oreille)|osselet]] et au cerveau. L'absence d'[[oreille externe]] et une [[oreille moyenne]] très réduite suggère que leur perception des vibrations aériennes est réduite<ref>{{Ouvrage|auteur1=Roland Bauchot|auteur2=Cassian Bon|auteur3=Patrick David|titre=Serpents|éditeur=Éditions Artemis|année=2005|passage=51|isbn=}}.</ref>.

=== Reproduction ===

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Les serpents, marins ou terrestres se déplacent par reptation, c'est-à-dire qu'ils utilisent l'ensemble de leur corps pour se mouvoir. Les serpents dont le corps est important (comme chez les serpents à sonnette) peuvent également se déplacer en ligne droite en alternant un mouvement avant de la peau et un ancrage des écailles du ventre qui sont orientées vers l'extrémité postérieure, suivi d'un mouvement vers l'avant de la partie interne du corps.

Dans des lieux plus exigus, certaines espèces utilisent des mouvements d'accordéon ou télescopiques : le serpent ancre son extrémité postérieure par quelques courbes horizontales, étend son corps puis ancre à nouveau son extrémité antérieure et tire la partie arrière vers l'avant. La forme la plus spécialisée de reptation est le roulement ou zigzag latéral qui n'est utilisable que sur des substrats mous et chauds tel que le sable dans le désert. L'animal recourbe son corps en S, pour ne toucher le sable qu'en deux endroits, puis il fait progressivement « glisser » ces deux points de contact le long de son corps, vers l'arrière, en avançant vers l'avant : le déplacement est alors latéral par rapport à l'axe du corps.

La vitesse des serpents se situe en général autour d'un maximum de {{unité|6|km/h}}, les mambas constituant une exception notable (bien que les témoignages divergent, il a été attesté que ces serpents atteignent {{unité|12|km/h}} et prétendu de façon moins vérifiable que certains d'entre eux ont été chronométrés à 20 voire {{unité|30|km/h}}){{référence nécessaire}}.

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=== Alimentation ===

[[Fichier:Death in the Afternoon (7404995190).jpg|vignette|Ingestion d'un amphibien dans la gueule d'une [[Couleuvre rayée]].]]

Les serpents sont tous carnivores. Les serpents utilisent, de façon générale, deux types de chasse : soit ils pratiquent l'embuscade, soit ils maraudent. Le serpent s'approche lentement de sa proie une fois qu'il l'a repérée, puis il s’arrête à une certaine distance. La [[Tête (anatomie)|tête]] du serpent joue un rôle important lors de l’attaque : il la projette en avant au moment de saisir la proie tout en ouvrant les [[mâchoire]]s et frappe ainsi sa proie très violemment. Les espèces arboricoles (comme certains boas) ont une approche différente : ils se laissent pendre à une branche et se laissent choir sur leurs proies. Comme chez la plupart des [[Squamata|Squamates]], l'ingestion de proies de très forte taille relativement au prédateur est l'aboutissement de l'évolution de la mâchoire : la rupture de l'[[Os quadratojugal|arc jugalo-quadrato-jugal]] a rendu possible la « libération » de l'[[os carré]], devenu mobile relativement au crâne. Le cinétisme intra-crânien se manifeste {{Citation|par l'intermédiaire de deux processus différents : d'une part, la mobilité propre du carré (streptostylie) par rapport à la boîte crânienne, dorsalement, et à la mâchoire inférieure, ventralement ; d'autre part, la mobilité de la portion antérieure du dermocrâne par rapport à la portion postorbitaire}}<ref>{{Ouvrage|titre=Encyclopædia universalis|sous-titre=Regulation|éditeur=Encyclopædia universalis France|année=1972|passage=107|isbn=}}.</ref>.

Les serpents peuvent avaler une grande quantité de nourriture en une seule fois et sont capables de jeûner pendant de nombreux jours à la suite de cela. Un [[Python réticulé]] a survécu pendant 2 ans ½ sans s’alimenter. Il arrive très fréquemment que le serpent jeûne en captivité. On a constaté que les serpents ne s’alimentent pas pendant la période qui précède la mue. Les jeunes serpents ont besoin de se nourrir plus souvent.

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=== Thermorégulation ===

Qualifiés à tort d'animaux « à sang froid », les serpents sont des animaux [[ectotherme]]s, [[poïkilotherme]]s et [[bradymétabolique]]s. La [[thermorégulation]] des serpents terrestres étant assurée par [[héliothermie]], exposition au soleil qui permet le réchauffement du sang ou par [[thigmothermie]], capacité à capter de la chaleur sous abri par [[conduction thermique]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Françoise Serre Collet|titre=Dans la peau des serpents de France|éditeur=[[Éditions Quæ|Quae]]|année=2016|passage=14|isbn=}}.</ref>.

=== Mue ===

{{Article détaillé|Mue (squamate) {{!}} mue des serpents}}

[[Image:Natternhemd.jpg|vignette|[[Exuvie]] d'une [[Natrix natrix|couleuvre à collier]].]]

Les serpents [[Mue (squamate)|muent]] régulièrement, les jeunes serpents au moins une fois par mois, les adultes entre 3 et 4 fois par an. Certaines mues sont aussi caractéristiques de périodes bien définies, la naissance (une semaine environ), après la période d’hibernation ou avant la fécondation. Lors de la [[Mue (squamate)|mue]] appelée aussi [[exuviation]], les serpents cherchent un endroit adapté (lieu humide pour favoriser le renouvellement<ref>Un taux d'humidité trop faible entraîne des défauts de la mue, qui peuvent se traduire par des restes d'[[exuvie]]s persistant sur le corps.</ref> de la « peau » et supports rugueux pour la détacher). Ils abandonnent en quelques minutes leur [[exuvie]] (la « peau » morte) en s'en échappant par une fente qui débute au bout du museau : l'écaille rostrale frottée sur un support rugueux se détache en premier, puis l'animal contracte progressivement ses muscles latéraux et se contorsionne afin de sortir de son fourreau corné et faciliter son retournement le long de son corps, centimètre par centimètre, à la manière d'une chaussette que l'on retire<ref>{{Ouvrage|auteur1=Françoise Serre Collet|titre=Dans la peau des serpents de France|éditeur=[[Éditions Quæ|Quae]]|année=2016|passage=49|isbn=}}.</ref>. Un serpent en bonne santé [[Mue (squamate)|mue]] d'un seul tenant (la [[couche cornée]] des écailles se [[Desquamation|desquament]] en une seule fois) et abandonne sur place son exuvie qui reproduit fidèlement tous les détails du tégument (écailles, dessins, cicatrices)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Françoise Serre Collet|titre=Dans la peau des serpents de France|éditeur=[[Éditions Quæ|Quae]]|année=2016|passage=50|isbn=}}.</ref>.

=== Prédateurs ===

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Au cours de leur évolution, {{Citation|les serpents ont pu occuper presque tous les climats, même les plus extrêmes à l'exception des climats polaires et sub-polaires, et tous les biotopes, depuis les déserts sableux jusqu'aux forêts inondées et aux torrents de montagne}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Roland Bauchot|auteur2=Cassian Bon|auteur3=Patrick David|titre=Serpents|éditeur=Éditions Artemis|année=2005|passage=10|isbn=}}.</ref>.

Les serpents retrouvés en [[Tasmanie]] sont tous venimeux. Cet État [[australie]]n n'abrite que trois espèces de serpents<ref>{{Lien web|nom1auteur1=interdite.|prénom1=© Serge Jodra, 2009. - Reproduction|titre=Tasmanie.|url=http://www.cosmovisions.com/Tasmanie.htm|site=www.cosmovisions.com|consulté le=2018-03-15}}</ref>.

== Systématique et phylogénie ==

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** [[Xenotyphlopidae]] <small>Vidal ''et al.'', 2010</small>}}

<small>Note: les anciennes familles [[Dipsadidae]], [[Natricidae]] et [[Pseudoxenodontidae]] sont aujourd'hui des sous-familles de [[Colubridae]].</small>

<gallery style="text-align:center;" mode="packed">

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Fichier:Rhinotyphlops schinzi00.jpg|''[[Rhinotyphlops schinzi]]'', un [[Typhlopidae]]

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Selon [[Système d'information taxonomique intégré|ITIS]] : (24 familles)

Ligne 276 ⟶ 281 :

** [[Calabariidae]] <small>Gray, 1858</small>

** [[Candoiidae]] <small>Pyron, Reynolds and Burbrink, 2014</small>

** [[Charinidae]]Charinaidae <small>Gray, 1849</small>

** [[Colubridae]] <small>Oppel, 1811</small>

** [[Cylindrophiidae]] <small>Fitzinger, 1843</small>

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=== Phylogénie ===

;==== Place au sein des squamates: ====

{{Cladogramme Squamata}}

;==== Phylogénie interne: ====

{{Cladogramme Serpentes}}

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Les [[fossile]]s de serpents sont rares car leurs squelettes sont généralement petits et fragiles. Cependant, des spécimens de 150 millions d'années, facilement identifiables comme des serpents, mais avec des structures squelettiques de lézards, ont été découverts en Amérique du Sud (''[[Tetrapodophis]]'', fossile avec quatre pattes) et en Afrique. L'[[anatomie comparée]] et une récente étude au [[synchrotron]] sur l’[[holotype]] d’[[Eupodophis descouensi]], confirme que les serpents descendent des lézards terrestres<ref>Loïc Mangin, [http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-quand-les-serpents-avaient-des-pattes-26541.php Quand les serpents avaient des pattes], ''Pour la science'', 11 février 2011</ref>.

Les serpents ne présentant aucune trace osseuse de membres antérieurs ou postérieurs existent depuis au moins {{nobr|85 millions}} d'années (''[[Dinilysia patagonica]]''). Pour autant, les [[Python (genre)|pythons]] et les [[Boa (genre)|boas]] - groupes primitifs parmi les serpents modernes - ont des membres postérieurs [[vestigial|vestigiaux]] : sur leur extérieur subsistent des minuscules éperons pelviens qui leur permettent de se saisir lors de l'accouplement. Les [[Leptotyphlopidae]] et les [[Typhlopidae]] possèdent également des vestiges de la ceinture pelvienne ayant une fonction d'excitation tactile avant l'accouplement<ref>{{en}} JM Mehrtens, {{lang|en|Living Snakes of the World in Color}}, Ed. Sterling Publishers, 1987, 480 p.</ref>.

Les membres antérieurs sont inexistants chez tous les serpents. Ceci est causé par l'évolution des [[gènes HOX]] qui régulent la [[morphogenèse]] des membres. Le squelette axial de l'ancêtre commun des serpents avait, comme la plupart des [[tétrapode]]s, des spécialisations régionales au niveau des vertèbres cervicales, thoraciques, de la région lombaire et caudale. Tôt dans l'évolution des serpents, l'expression des gènes Hox agissant sur le squelette axial responsable du développement du thorax est devenu prédominant. Les côtes se trouvent exclusivement sur les vertèbres thoraciques. Le cou, les vertèbres lombaires et pelviennes sont très réduites en nombre (seulement 2 à 10 vertèbres lombaires et pelviennes sont présentes), tandis que les vertèbres caudales forment une queue bien moins développée que le thorax. Cette queue est encore assez importante chez de nombreuses espèces et est modifiée chez certaines espèces arboricoles et aquatiques.

Les serpents modernes se sont largement diversifiés au cours du [[paléocène]]. Cela s'est produit lors de la [[radiation évolutive]] des mammifères, à la suite de l'extinction des dinosaures. Les [[colubridés]], l'un des groupes les plus communs de serpent, s'est particulièrement diversifié grâce à la prédation de rongeurs, un groupe de mammifères particulièrement prospère. Il y a plus de 35003 500<ref>{{Lien web|titre=Species Statistics February 2012|url=http://www.reptile-database.org/db-info/SpeciesStat.html|site=www.reptile-database.org|consulté le=2016-08-02}}</ref> espèces de serpents, s'étendant depuis le cercle polaire arctique en Scandinavie et jusqu'au sud en Australie et Tasmanie. On les retrouve sur tous les continents (à l'exception de l'Antarctique), dans la mer, et jusqu'à une altitude de {{unité|4900|m}} dans les montagnes de l'Himalaya. Ils sont absents dans de nombreuses îles (comme l'Irlande, l'Islande ou la Nouvelle-Zélande)<ref>{{en}} R.Conant et JT Collins, {{lang|en|A Field Guide to Reptiles and Amphibians: Eastern and Central North America}}, Ed. Houghton Mifflin, 1991, 450 p.</ref>.

== Animaux ressemblants, confusions et convergences évolutives ==

En- dehors du groupe des serpents, de nombreux animaux ont évolué vers une forme allongée et dépourvue de pattes, qui est idéale pour se faufiler dans des espaces exigus et aller chasser des animaux abrités dans des terriers. Ainsi, de nombreuses espèces animales ressemblent superficiellement à des serpents sans en faire partie : cela s'appelle une [[convergence évolutive]]. L'exemple le plus classique concerne les [[orvet]]s, groupe de lézardlézards qui ont également perdu leurs pattes, et sont souvent massacrés car injustement pris pour des serpents. Les [[Amphisbaenia|amphisbènes]] sont un autre groupe de reptiles apodes. Au total, la perte des pattes semble être apparue indépendamment au moins 25 fois rien que chez les [[Squamates]]<ref name="">{{article|langue=en|auteur1=Marco Camaiti|et al.=oui|titre=A database of the morphology, ecology and literature of the world's limb-reduced skinks|périodique=Journal of Biogeography|année=2022|pages=|doi=10.1111/jbi.14392}}.</ref>.

En voici quelques autres exemples :

En voici quelques autres exemples :

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=== Menaces ===

De nombreux serpents sont tués par les [[insecticide]]s, sont écrasés sur les routes (phénomène dit de [[Mortalité animale due aux véhicules|roadkill]]<ref>Campbell, H. 1953. Observations of snakes DOR in New Mexico. Herpetologica 9(4): 157-160.</ref>{{,}}<ref>Campbell, H. 1956. Snakes found dead on roads of New Mexico. Copeia 1956(2): 124-125.</ref>) ou dans les champs par les engins ou encore directement par l'homme en raison de la crainte qu'ils suscitent. Leurs populations en déclin s'expliquent également par la destruction des zones naturelles, la [[Fragmentation (écologie)|fragmentation des habitats]] et l'abandon progressif des [[Agropastoralisme|activités agropastorales]] (pâturage, coupe du bois) qui entraîne la fermeture de leur milieu de vie<ref>{{Ouvrage|auteur1=Françoise Serre Collet|titre=Dans la peau des serpents de France|éditeur=[[Éditions Quæ|Quae]]|année=2016|passage=102-106|isbn=}}.</ref>.

Dans de nombreux pays, les populations de serpents semblent rapidement et fortement régresser (de nombreuses espèces ont disparu sur une grande partie de leur aire naturelle de répartition). Une étude internationale<ref>C. J. Reading, M. Luiselli, C. Akani, X. Bonnet, G. Amori, J. M. Ballouard, E. Filippi, G. Naulleau, D. Pearson L. Rugiero ; [http://rsbl.royalsocietypublishing.org/content/early/2010/06/03/rsbl.2010.0373.short?rss=1 ''Are snake populations in widespread decline?''] ; The Royal Society ; Online {{ISSN|1744-957X}}</ref> publiée en juin 2010, ayant porté sur cinq pays, suggère un déclin préoccupant ; sur 17 populations étudiées représentant huit espèces, en Australie, France, Italie, Nigeria et Royaume-Uni, onze ont été décimées (jusqu’à 90 % de régression), ces dernières décennies. Parmi les autres, seules cinq sont restées stables et une a légèrement et localement augmenté. Plusieurs populations semblent avoir connu un effondrement accéléré en 1998 (année la plus chaude depuis la révolution industrielle, ce qui laisse penser aux auteurs que le dérèglement climatique pourrait être l'une des causes du problème).

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=== Terrariophilie ===

[[Fichier:Terrarium2.jpg|vignette|Serpent dans un [[terrarium]].]]

Les [[terrariophile]]s qualifiés de « généralistes » possèdent différents types de reptiles, parfois aussi des amphibiens, des insectes. Mais souvent, le terrariophile se spécialise dans un certain type d'animaux, par exemple les terrariophiles herpétologues spécialisés dans les serpents. La mode des [[Nouveaux animaux de compagnie|NAC]] a créé une terrariophilie de masse basée sur le commerce d'espèces exotiques maintenues en captivité par des néophytes qui manquent de connaissances sur la biologie des espèces<ref>{{Ouvrage|auteur1=Françoise Serre Collet|titre=Dans la peau des serpents de France|éditeur=[[Éditions Quæ|Quae]]|année=2016|passage=7|isbn=}}.</ref>.

=== Symbolique et légendes ===

{{Article détaillé|Serpent dans la culture}}

<!-- (cette partie mérite un traitement plus fouillé, plus ciblé et surtout plus français...avis aux amateurs) -->

==== Généralités ====

[[Fichier:Medusa head by Gianlorenzo Bernini in Musei capitolini.jpg|thumb|left|Buste de [[Méduse (mythologie)|Méduse]] par [[le Bernin]], [[1630]], [[musées du Capitole]]]]

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Selon le texte biblique au commencement, le serpent ne rampait pas, il parlait avec Adam et Ève mais c’est la malédiction de Dieu qui lui enleva ses pieds (Gen.3:14).

Puisque [[Divinités grecques chtoniennes|chthonien]] et rival de la lumière primale, il est associé au monde des morts et de la nuit{{Référence nécessaire}} ; certainement aussi parce que son corps étrangement froid semble se passer de la chaleur de la vie. Puisqu'il connaît les secrets de l'après-vie et qu'il est une figure de patience, il devient symbole de toute sagesse et de gnose {{Référence nécessaire}}; il est souvent le [[hiérophante]] du héros perdu (comme Sigurd encore ainsi que [[Marduk]]). Il possède un savoir inquiétant et mystérieux, essentiel et vital, capable de révéler l'avenir et le passé{{Référence nécessaire}}. Il est aussi associé à l'Eau parce que ses écailles le rapprochent du poisson (sinon que comme tous les reptiles, elles sont soudées contrairement aux poissons) et par sa reptation qui le fait se mouvoir comme une vague mouvante{{Référence nécessaire}}. Il est l'être qui se joue des catégories topiques, semblable de corps et de régime qu'il habite dans l'eau ou sur terre {{Référence nécessaire}} ; rien d'étonnant alors que plusieurs mythes l'aient doté d'ailes. Le Grand Serpent porteur de connaissance, évoque un autre porteur de lumière, Lucifer.

Dans le [[Gnosticisme]] le symbole du Serpent ramène à la symbolique de la peau et de cette mue que l'homme subit et qu’il quitte afin de devenir éveillé, il est de plus dans toutes les cultures, le symbole de la Connaissance Divine. La mue du Serpent symbolise également le [[dualisme (philosophie de l'esprit)|dualisme]] de la matière et de l'esprit donc plus particulièrement de l'âme et du corps.

Le serpent est aussi l'animal qui se régénère puisque la saison venue, il mue, il change de peau : il fait peau neuve. Il représente l'une des plus vieilles aspirations chimériques à la jeunesse éternelle, rajeuni ou plutôt jamais mort. Les [[Alchimie|Alchimistes]] pensent que la [[pierre philosophale]] est logée dans sa tête oblongue.

Il semble souvent s'opposer à un dieu, au Dieu, à l'aigle, symbole de [[Zeus]] olympien qui affronte [[Typhon (mythologie)|Typhon]], le [[Satan]] qui s'oppose au Dieu biblique, [[Marduk]] et [[Tiamat]], [[Thor]] pêchant [[Jörmungand]], [[Thraetona]] et [[Azi Dahaka]] en [[Iran]], [[Apollon]] et [[Python (mythologie)|Python]], [[Héraclès]] et l'[[Hydre de Lerne]], [[Georges de Lydda|Saint Georges]] et le [[Dragon (mythologie)|Dragon]].

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==== Légendes ====

Cette symbolique souvent maléfique est en partie à l'origine de beaucoup de croyances populaires et fausses qui entourent les serpents : légendes des serpents qui têtent les vaches<ref>Cette légende a donné son nom commun au [[Lampropeltis triangulum|serpent laitier]]. Elle s'explique par le fait que des serpents sont attirés par la chaleur des étables pour y pondre leurs œufs dans le fumier. L'agriculteur qui les écrase avec une pelle voit la texture blanchâtre de l'urine (ce reptile n'ayant pas de vessie) et des œufs qui se répandent sur le sol, d'où la confusion avec la couleur blanche du lait.</ref> ou qui s'approchent des bébés pour boire le lait dans leur gorge, allant même jusqu'à mettre leur queue dans la bouche du nouveau-né pour l'empêcher de pleurer afin de téter la nourrice endormie<ref>{{Ouvrage|auteur1=Françoise Serre Collet|titre=Dans la peau des serpents de France|éditeur=[[Éditions Quæ|Quae]]|année=2016|passage=122|isbn=}}.</ref> ; mythe des serpents qui hypnotisent<ref>Les serpents n'ont pas de paupières mais une écaille transparente qui protège leurs yeux. Cette absence explique qu'ils dorment les yeux ouverts, ce qui leur confère un regard fixe, d'où l'imagerie du serpent hypnotiseur.</ref> leurs proies<ref>{{Ouvrage|auteur1=Françoise Serre Collet|titre=Dans la peau des serpents de France|éditeur=[[Éditions Quæ|Quae]]|année=2016|passage=24|isbn=}}.</ref>.

Symbole [[chtonien]], une croyance populaire tenace veut en faire des animaux froids, gluants et visqueux. En réalité, ce sont des animaux [[poïkilotherme]]s, au corps sec (leur [[Système tégumentaire|tégument]] est dépourvu de [[glandes sudoripares]] et muqueuses) et doux (écailles en continuité les unes avec les autres)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Françoise Serre Collet|titre=Sur la piste des reptiles et des amphibiens|éditeur=[[Éditions Dunod|Dunod]]|année=2013|passage=23|isbn=}}.</ref>.

=== Iconographie ===

[[Fichier:Jan van Eyck 044.jpg|thumb|Saint Jean l'Évangéliste, [[Jan van Eyck]]]]

[[Fichier:Giardino dell'Orticultura 13.JPG|vignette|La fontaine du serpent, dans le [[Jardin de l'horticulture de Florence]] (Italie).]]

Dans l'iconographie antique, le [[caducée]], attribut de Mercure porte deux serpents, tandis que le bâton d'[[Esculape]] n'en porte qu'un seul. On trouve aussi le serpent dans les représentations d'Apollon terrassant [[Python (mythologie)|Python]] ou d'[[Héraclès|Hercule]] enfant en train d'étrangler un serpent ou adulte combattant [[Achéloos (mythologie)|Achéloüs]] métamorphosé en serpent. Une des plus célèbres représentations du serpent dans l'art est le groupe sculpté dit du [[Laocoon]]<ref>[[Musées du Vatican]]</ref>, illustration d'un épisode de l'''[[Iliade]]'' qui inspira le titre d'un ouvrage de [[Gotthold Ephraim Lessing|Lessing]]. La chevelure de [[Méduse (mythologie)|Méduse]] est formée d'un nœud grouillant de vipères, que l'on retrouve sur le [[Bouclier (arme)|bouclier]] de [[Persée]] son vainqueur. Les figures allégoriques de l'envie<ref>Voir par exemple Giotto: ''Les Sept Péchés capitaux'', l'Envie, 1306, Chapelle des Scrovegni ([[Padoue]])</ref> sont également représentées avec une chevelure de serpents.

Les textes ont fourni aux peintres historiques matière à des épisodes où le serpent figure de façon prééminente, notamment la mort d'[[Eurydice]], piquée par un serpent et celle de [[Cléopâtre VII|Cléopâtre]], qui se suicide en se laissant mordre par un [[Naja haje|aspic]].

Dans l'iconographie chrétienne, le serpent est un symbole ambigu. Il apparaît dans les illustrations du récit de la tentation d'Adam et Ève ([[Nahash]]) où il symbolise le tentateur, le mal, le péché ainsi que l'avènement de la mort. Par extension, il devient un attribut de [[Lilith]]<ref>John Maler Collier, ''Lilith'', 1892</ref>. Il figure également dans les représentations de [[Moïse]] changeant en serpent la verge d'[[Aaron (Bible)|Aaron]], ou l'épisode du serpent d'airain<ref>Voir [[Antoine van Dyck]], ''[[Moïse et le Serpentserpent d’airaind'airain]]'', 1621. [[Musée du Prado]], Madrid ou les illustrations de [[Gustave Doré]] pour la Bible.</ref>.

Saint Jean l'évangéliste est parfois représenté tenant la coupe de poison qui se transforme en serpents lorsqu'il la bénit<ref>Van Eyck, ''Le Polyptyque de l'Agneau mystique'' (1432), cathédrale Saint-Bavon, [[Gand]]</ref>.

Lorsque le serpent apparaît foulé aux pieds (par exemple, les représentations de la Vierge de l'''[[Immaculée Conception]]'', il représente le mal écrasé par la foi, de même que dans le bestiaire sculpté des cathédrales où il est associé aux crapauds, mais il est aussi, avec le miroir, un des attributs de la Prudence.

Dieu du panthéon hindou, [[Shiva]] porte une guirlande de serpents autour du cou.

Le serpent apparaît également dans les représentations de [[Bouddha]] protégé par le Naga.

En matière de mode, le serpent a été utilisé en bijou, comme la reine Cléopâtre qui le portait en diadème, en ceinturon ou autour du cou ; cette iconographie est reprise dans le [[Cléopâtre (film, 1963)|film homonyme]] de 1963 avec l'actrice [[Elizabeth Taylor]]. La chroniqueuse de mode [[Diana Vreeland]] le portait en bijou, avec des yeux en rubis. Dans les années 2010, il est autant utilisé dans des bijouteries de luxe (la créatrice [[Aurélie Bidermann]] ou la marque [[Bulgari]]) que de prêt-à-porter ([[H&M]])<ref>« Le bijou serpent », ''[[M, le magazine du Monde]]'', septembre 2013, pagep. 86.</ref>.

==== Exemples ====

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:Le [[Léviathan (monstre)|Léviathan]] est présent dans les poèmes mythologiques phéniciens de Ras-Shamra (1300 avant notre ère). le [[Lucifer]] préchrétien lui aussi était représenté par un serpent ailé. Dans l'ancienne Égypte, on le retrouve peint sur les [[sarcophage]]s, gravé sur des [[monolithe]]s et dans les pierres des [[pyramide]]s et des [[temple]]s.

:Quand il se mord la queue, comme dans certaines de ses représentations, par exemple l'« [[Ouroboros]] », il est le symbole du cycle infini de la vie et de la mort. Il se retrouve non seulement en Grèce antique, mais aussi dans de nombreuses civilisations sous un autre nom ; ainsi, le serpent qui enserre, en quelque sorte, l'entière création entre ses anneaux, entoure et comprend tout ce qui est, emblème de toute perfection.

:Chez les Grecs anciens, le serpent Python est l'hôte du temple de [[Delphes]] d'où [[Socrate]] tirera sa devise, « connais-toi toi-même », celle-ci étant écrite au fronton de ce temple. Il représente ici le symbole même de la sagesse philosophique, le pouvoir de la connaissance et du savoir. Le serpent est aussi un des attributs du dieu des médecins [[Esculape]] et d'[[Hermès]] qui le portent sur leurs [[caducée]]s.

* Bestiaire nordique

:C'est aussi Midgardsormr, le Grand Serpent de la [[mythologie Nordique]] qui vit dans la « Grande Mer » primordiale qui entoure le monde du milieu ([[Midgard]], d'où son nom), la terre des hommes au centre de laquelle se trouve la terre des dieux, [[Ásgard|Asgard]]. Au-delà de la Mer et des anneaux protecteurs de Midgardsormr, se trouve [[Utgard]] où sont les puissances mauvaises et destructrices, les Géants et les Forces du Chaos ; en mordant sa queue, il assure au monde humain sa cohésion et sa solidité. Au centre de ce monde, conçu comme un gigantesque fuseau, se retrouve l'axe du monde, [[Yggdrasil]], le grand Arbre Sacré qui peut-être le Grand Serpent lui-même parce qu'il est parfois appelé Jörmungandr (Baguette magique/géante) comme Midgardsormr dont la fonction est la même : assurer la cohésion de l'Univers, sans lui, c'est le [[Ragnarök]]. Le mythe nordique a donc besoin d'un héros pour contrer cette peur de l'anéantissement total : [[Thor]], qui tente une fois de pêcher Midgardsormr sans y parvenir puisque empêché par un géant témoin du combat ; le duel entre le Grand Serpent et le dieu du tonnerre se terminera avec la mort des deux lors du [[Ragnarök]]<ref>On remarquera qu'il n'est pas innocent que Midgardsormr soit le frère du loup [[Fenrir]], autre fauteur direct du [[Ragnarök]], et de [[Hel (déesse)|Hel]], maîtresse de l'Empire des morts ! Encore une fois le grand Serpent transcende toutes les catégories.</ref>. Parce qu'il est l'ennemi au moins potentiel du farouche fils d'[[Odin]], le Serpent a fini par être associé aux créatures du Mal, il est devenu le fils de [[Loki]], dieu du désordre et de la ruse.

* Bestiaire hindou

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:Chez les [[Hindouisme|Hindous]], le serpent [[Kundalinî]] est le canal d'énergie central qui relie ensemble les 7 [[chakra]]s dans une double hélice qui n'est pas sans évoquer à nouveau la chaîne de l'[[Acide désoxyribonucléique|ADN]].

* Bestiaire judéo-chrétien

:Dans la symbolique judéo-chrétienne, le serpent représente le Mal et la tentation. Dans la [[Genèse]], [[Satan]] prend la forme d'un serpent pour inciter [[Ève]] à manger le fruit défendu. Dans son [[Apocalypse]], Saint Jean représente Satan, le [[Diable]], comme le Serpent ancien, le séducteur des nations. On le retrouve aussi comme dragon marin, Rahab (« Job », 16 - 12) ou le légendaire serpent [[Léviathan (monstre)|Léviathan]] (« Isaïe », 27 - 1). C'est contre lui que YHWH engage un combat mémorable (« Exode », 34 - 22) et inaugure ainsi le début des temps. Paradoxalement, il représente aussi la guérison, sous la forme du Serpent d'Airain construit par Moïse, qu'il suffisait de regarder pour neutraliser le venin des « serpents ardents » ; c'est « semblable au Serpent de Moïse » que Jésus se représente lui-même face à Nicodème, assumant la même fonction symbolique.

* Bestiaire amérindien

:On retrouve aussi le serpent ailé dans la figure amérindienne bien connue de [[Quetzalcoatl]] (pour les anciens mexicains, [[Kukulcan]] pour les [[Mayas]], [[Gucumatz]] pour les [[Quichés]]), le dieu pacifique et dieu éducateur. La tradition amérindienne attribue à Quetzalcoatl l'invention du tissage, de la céramique et du zéro, c'est-à-dire des [[mathématiques]], associé avec la précision que l'on sait, à l'[[astronomie]].

Ligne 430 ⟶ 436 :

* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Chris|nom1=Mattison|titre=Tous les serpents du monde|lieu=Paris, France|éditeur=[[Delachaux et Niestlé]]|année=2008|pages totales=272|isbn=978-2-603-01536-0}}

* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Philippe|nom1=Chippaux|titre=Venins de serpents et envenimations|lieu=Paris, France|éditeur=IRD Éditions|collection=Didactiques|année=2002|pages totales=288|isbn=2-7099-1507-3|lire en ligne=http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers09-03/010029665.pdf}}

* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Sylvie|nom1=Baussier|lien auteur=Sylvie Baussier|titre=Anthologie des serpents|lieu=Paris|éditeur=[[Delachaux et Niestlé|Delachaux & Niestlé]]|année=2006|pages totales=283|isbn=2-603-01370-X}}

* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Balaji Mundkur|titre=The Cult of the Serpent|sous-titre=an interdisciplinary survey of its manifestations and origins|lieu=Albany|éditeur=SUNY Press|année=1983|pages totales=363|isbn=0-87395-631-1|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=PDkuiPhZJr0C&printsec=frontcover}}

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* [[Herensugue]]

* [[Serpent (cryptographie)]]

* [[Reptile en héraldique]]

* [[Ophiophobie]]

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=== Liens externes ===

{{Liens}}

* {{Faunaeur|15563|''Serpentes''}}

* {{Faunaeur2 | 4cf824f4-dda8-401a-8742-389c38ecce14 | ''Serpentes'' | consulté le=16 mars 2023 }}

* {{TPDB|38069|''Serpentes'' Linnaeus 1758}}

* {{ITIS|174118|''Serpentes'' Linnaeus, 1758}}

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* {{NCBI|8570|''Serpentes''}}

* {{Wildherps ordre|Serpentes}}

* {{uBIO|215870|''Serpentes'' Linnaeus, 1758}}

* {{ARKive search|Serpentes}}

* [http://www.reptile-database.org/db-info/taxa.html#Ser le sous-ordre des serpents sur reptile-database.org]

* [http://www.infovisual.info/02/018_fr.html Voir un schéma détaillé de la morphologie d'un serpent venimeux]

* [https://snakesworld.info/list-of-most-popular-non-venomous-snakes/ 100 serpents non venimeux les plus populaires au monde]

{{Palette|Les familles de Reptilia}}